15 octobre 1987 : jour inoubliable pour le peuple burkinabè et pour tous les africains : l’assassinat de Thomas Sankara, chantre de l’anti-impérialisme et grande figure tutélaire du « printemps burkinabè ». Pour ce 30è anniversaire, l’Agence Savoir News a approché Pasteur Edoh Komi, président du Mouvement Martin Luther King (MMLK), l’une des associations de défense des droits de l’homme, très active au Togo.
« Thomas Sankara mérite d’être immortalisé », a affirmé l’homme de Dieu.
Savoir News : Aujourd’hui, 30 ans (jour pour jour) qu’a été « assassiné » Thomas Sankara. Que représente pour vous L’HOMME ?
Pasteur Edoh Komi : D’abord avant toute chose, permettez que je m’apitoie sur le sort tragique qui a été réservé à Thomas SANKARA le 15 octobre 1987.
30 ans après la disparition dramatique, nous lui rendons aujourd’hui un hommage mérité. Revenant à l’homme que continue par pleurer tout le continent africain aujourd’hui, il représente pour moi une icône de résistance anti-impérialiste, un prototype de Martin Luther King, un modèle de lutte contre l’injustice et la pauvreté.
Comment expliquez-vous les événements du 15 octobre 1987 ? Y avait-il des mains noires cachées derrière cet acte « odieux » ?
Le 15 octobre 1987 fut la fin subite d’une renaissance africaine avec l’idéologie panafricaniste Sankariste. Alors que tout le monde voyait en lui une figure emblématique pour équilibrer désormais les cartes de gestion du monde entre le Nord et le Sud surtout pour dire non aux puissances dominatrices à la tête desquelles se trouve l’obscurantiste métropole la France. Puisque c’est d’elle qu’il s’agit, la France a déjà prouvé que les africains de type révolutionnaire s’opposant à ses intérêt sur le continent, ne doivent pas survivre.
Il faut les éliminer et l’histoire des coups d’État et des assassinats de quelques dirigeants au lendemain des indépendances africaines, en est une triste illustration.
Les cas sont légions. Donc le sulfureux et l’opaque réseau Françafrique piloté subtilement par des compradoriens africains (des intellectuels africains à la solde de la France) avait savamment orchestré l’élimination de Thomas Sankara.
Car, il devenait très embarrassant et risquait de contaminer les gens de sa génération et ouvrir la voie à l’éclosion et à la multiplication des sentiments et d’antipathie contre la France. Cela devrait être un précédent fâcheux. Les commanditaires et les auteurs du drame « Thomas Sankara » sont connus : la France et quelques africains.
Pas toujours de justice, malgré les derniers rebondissements du dossier, après le départ Blaise Compaoré. Y-a-t-il vraiment espoir ? Qu’est-ce qui bloque le dossier ?
S’il est vrai que les commanditaires et les auteurs de ce crime odieux sont sans doute identifiés, le dossier serait classé dans le secret d’État entre la France et le Burkina comme beaucoup d’autres faits crapuleux sur le continent.
Le successeur de Thomas Sankara, nommé Blaise Compaoré, le cerveau du crime, a été longtemps l’homme de main de la France et le pilier de la Françafrique.
Je me rappelle que le mouvement Martin Luther King avait demandé dans un communiqué en 2014 du « droit et de justice pour Thomas Sankara « avant la chute de Blaise Compaoré.
Après son départ du pouvoir, il faut reconnaître que le dossier a considérablement évolué avec les langues qui commencent par se délier.
Ce rebondissement est à saluer avec le conseil de la défense et la mobilisation, des défenseurs des droits de l’homme et le peuple Burkinabé qui ne cessent de réclamer la justice pour le père de sa révolution. Tout porte à croire que la France continue par faire main mise sur le dossier, mais le secret de défense finira par être levé pour permettre à la lumière d’être définitivement faite.
Pour y parvenir, Il faut que les peuples d’Afrique continuent par faire pression pour que désormais le cas Thomas Sankara puisse frayer le chemin à d’autres assassinats des dirigeants africains dont les occidentaux ont été complices mais restés toujours l ’obscurité (Sylvanus Olympio, Lumumba,etc ).
L’espoir est toutefois permis. C est dans cette optique que le Mouvement Martin Luther King à l’occasion de ce triste 30ème anniversaire de son assassinat, exige que la lumière soit faite et les responsabilités soient situées en vue de soulager la famille, le peuple Burkinabé et le continent africain.
Quel est aujourd’hui, l’héritage le plus important que Sankara a laissé à la génération actuelle ?
Thomas Sankara est pour la génération actuelle un modèle à suivre. Son héritage est immense avec son idéologie qui consiste à valoriser l’Afrique et ses fils.
Son combat pour l’épanouissement du continent reste et demeure celui de nous tous. Ses paroles continuent de résonner dans les cœurs de tout africain soucieux de la valorisation authentique du continent.
Comme pour dire « Thomas Sankara, tu n’es pas mort, car toute l’Afrique te porte dans son cœur et dans sa pensée ».
Il est un monument et une icône de liberté et de respect de dignité humaine. Pour avoir transformé la Haute Volta en Burkina Faso, Thomas Sankara est un visionnaire qui continue d’inspirer plus d’un. Son intégrité hors paire est une leçon pour nous et son éloquence, une administration et une passion pour la génération actuelle. Pour preuve, ses fans et ses admirateurs se multiplient davantage sur le continent.
Toujours droit dans ses bottes avec son franc parler, Thomas Sankara est une légende pour le continent. En clair, L ’Afrique a besoin aujourd’hui encore de nouveau Sankara pour se relancer.
Voyez-vous Sankara comme une source d’inspiration ?
Sankara est une véritable source d’inspiration de par ses actes et ses paroles qu’il a légués à l’humanité. Il a impacté et sa vie continue d’influencer tous ceux qui militent pour la cause des opprimés et des marginalisés.
Son héroïsme, son courage et sa bravoure, sa ténacité et sa témérité devant les grands défis sont à plus d’un titre, révélateurs. Thomas Sankara mérite d’être immortalisé. FIN
Propos recueillis par Junior AUREL
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