Djibrill Bassolé, l’ancien chef de la diplomatie de Blaise Compaoré, incarcéré depuis deux ans pour son implication présumée dans le putsch manqué de septembre 2015, a été assigné à résidence surveillée, a-t-on appris de source judiciaire.
« Le parquet militaire a décidé d’assigner à résidence surveillée le général Bassolé « , a déclare à l’AFP une source judiciaire, à l’issue d’une audience à huis clos.
Mardi, le parquet militaire avait octroyé la liberté provisoire à Bassolé, mais le procureur militaire avait interjeté appel sur les conditions de cette liberté.
« Concrètement, il y aura des gardes postés à son domicile pour surveiller ses visites et éviter qu’il ne soustraie à la justice », a expliqué cette source.
A l’annonce de la probable libération de Djibrill Bassolé, des jeunes ont manifesté spontanément devant la justice militaire, contre cette liberté provisoire.
« Lorsqu’on permet à quelqu’un accusé de déstabilisation d’un pays, de sortir et éventuellement de s’enfuir, c’est immoral » s’est insurgé Serges Bambara, alias Smockey, un des leaders du Balai Citoyen, un mouvement très en pointé dans la chute de Blaise Compaoré.
« Si nous avions la certitude que M. Bassolé sortait se faire soigner et regagnait sa cellule, nous ne serions pas là à manifester », a-t-il indiqué.
M. Bassolé a été inculpé de « trahison », atteinte à la sûreté de l’Etat, « complicité d’assassinat, de blessures volontaires », sur la base d’enregistrement d’une supposée conversation téléphonique qu’il aurait eue avec le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, dans laquelle celui-ci semble affirmer son soutien au putsch de septembre 2015, dirigé par le général burkinabè Gilbert Diendéré.
L’authenticité de cet enregistrement fait débat.
En juillet, le Groupe de travail sur la détention arbitraire du Haut-commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU avait jugé « arbitraire » la détention de Djibrill Bassolé, appelant à le « libérer immédiatement ».
Le Burkina Faso avait aussitôt demandé un réexamen de cet avis, estimant que ses « arguments » n’avaient pas « été pris en compte » par l’ONU.
Selon des sources judiciaires, le procès du putsch manqué pourrait s’ouvrir fin 2017, alors que le tribunal militaire a renvoyé à début octobre l’audience de mise en accusation de toutes les personnes poursuivies.
Le 16 septembre 2015, des soldats du régiment de sécurité présidentielle, l’ancienne garde prétorienne de l’ex-président Blaise Compaoré, avaient tenté en vain de renverser le gouvernement de transition mis en place après la chute de M. Compaoré, chassé le 31 octobre 2014 par la rue après 27 ans au pouvoir.
Le putsch avait échoué grâce à une mobilisation populaire soutenue par une partie de l’armée.
SOURCE : AFP