Un jeune chef pâtissier ivoirien a lancé lundi le premier bloc de chocolat fabriqué en Côte d’Ivoire à partir de fèves de cacao certifiées commerce équitable et torréfiées par des femmes dans une coopérative pilote.
La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de cacao, avec 40% du marché mondial, mais seule une petite partie des fèves sont transformées dans le pays. La valeur ajoutée échappe donc en grande partie à ce pays agricole d’Afrique de l’Ouest.
C’est le constat fait par Axel Emmanuel, 34 ans, ancien banquier reconverti dans le chocolat. « Il faut que des Ivoiriens se lèvent pour changer les choses », a-t-il expliqué à l’AFP.
Sa chocolaterie, Instant Chocolat, s’est lancée dans la production de « chocolat de couverture », un chocolat de qualité professionnelle utilisé en pâtisserie, conditionné en lingots de 2 kg, avec une concentration de 75% de cacao.
Revendiquant un prix moitié moins cher que les grands chocolatiers internationaux, il vise les marchés local et international et assure avoir déjà reçu de nombreuses commandes.
Les fèves de cacao sont triées à la main et torréfiées par des femmes, épouses de planteurs, ce qui permet de leur fournir un emploi et un revenu, complémentaire de celui de leur mari, tout en obtenant un produit de haute qualité.
Ce cacao de variété forastero est cultivé dans une coopérative pilote, Ecoya, dans le village de Kossou, près de Yamoussoukro (centre), la capitale politique de la Côte d’Ivoire.
Le produit est certifié équitable, c’est-à-dire qu’il respecte des normes environnementales, que les agriculteurs sont mieux rémunérés, et que le travail des enfants – un problème dans de nombreuses plantations ivoiriennes – est banni.
La production des lingots de chocolat se fait à Abidjan, dans une petite unité artisanale de dix personnes.
Instant Chocolat envisage d’étendre d’ici à trois ans la torréfaction des fèves aux 2.500 coopératives ivoiriennes productrices de cacao, pour fournir du travail à 250.000 femmes.
A Ecoya, elles sont payées 1.500 francs CFA par jour (2,3 euros) pendant les six mois de la production cacaoyère, un complément de revenu significatif.
Les autorités ivoiriennes ambitionnent depuis longtemps d’exporter davantage de cacao transformé, plus rémunérateur que le produit brut soumis aux aléas des variations des cours du marché mondial, qui ont chuté d’un tiers depuis 2016.
Le groupe français Cemoi avait lancé en 2015 la première usine de tablettes de chocolats de Côte d’Ivoire, à destination du marché local principalement.
Le cacao représente 15% du produit intérieur brut de la Côte d’Ivoire, plus de 50% de ses recettes d’exportation et les deux tiers des emplois directs et indirects, selon la Banque mondiale.
SOURCE : AFP