Le chef de l’Etat sud-africain Jacob Zuma, empêtré dans des scandales à répétition, a survécu mardi à une nouvelle motion de défiance dans un vote au Parlement perçu comme un test sur l’unité du parti présidentiel.
La motion de défiance a recueilli 198 contre, 177 pour et 9 abstentions.Pour être adoptée, elle devait obtenir la majorité absolue des voix (201), dans une assemblée largement dominée par le parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC, 249 sièges).
L’enjeu était de taille mardi : si la défiance avait été votée, Jacob Zuma aurait dû démissionner de la présidence sud-africaine, poste qu’il occupe depuis 2009, et son gouvernement serait tombé.
« Nous avons prouvé une nouvelle fois que l’ANC est le parti du peuple », a déclaré le président Zuma devant le parlement, peu après l’annonce des résultats du vote.
« Nous représentons la majorité, l’opposition inonde les médias de propagande selon laquelle l’ANC n’aurait plus le soutien du peuple », a-t-il lancé sous les acclamations de ses partisans.
« Le Parlement a rejeté la tentative de faire tomber le gouvernement », s’est aussi réjoui le groupe parlementaire de l’ANC. »Nous avions toute confiance en nos députés pour faire échouer cette motion et c’est ce que nous avons fait », a-t-il ajouté.
Le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), a fait part de sa déception.
« La majorité de l’ANC a choisi la corruption et le vol plutôt que les intérêts du pays. Les Sud-Africains n’oublieront jamais ce jour ».
L’opposition, qui avait déposé la motion, avait un temps pensé rallier suffisamment de députés de l’ANC pour faire chuter le chef de l’Etat, critiqué dans ses propres rangs.
La décision surprise de la présidente du parlement d’organiser le vote à bulletin secret, comme le réclamait l’opposition, avait suscité beaucoup d’espoir côté opposition.
Mais seules quelques dizaines de députés de l’ANC ont finalement franchi le pas de voter la défiance, insuffisant pour pousser le président vers la sortie.
– « Petit succès » –
Ce vote constituait un test important sur l’unité de l’ANC, en proie à une guerre de clans.
Depuis des mois, des voix s’élèvent publiquement au sein du parti contre Jacob Zuma qui accumule les déboires et multiplie les scandales : récession, chômage record (27,7%), abus de biens sociaux, remaniement gouvernemental controversé, suspicion de favoritisme envers une richissime famille d’hommes d’affaires, revers historique de l’ANC aux municipales de 2016…
Avant le vote, des vétérans du parti, dont des camarades de lutte de Nelson Mandela, avaient dénoncé « le comportement rapace de ceux au pouvoir », appelant à mots couverts à voter en faveur de la motion de défiance.
L’échec de cette motion « représente un petit succès pour Jacob Zuma », a commenté l’analyste Daniel Silke à l’AFP.
Jacob Zuma, 75 ans, n’a jamais autant mérité son surnom de « président aux neuf vies ».Depuis 2015, il a survécu à quatre motions de défiance, trois organisées à main levée et la dernière à bulletin secret.
Mais « la question de l’avenir de Zuma va continuer de miner le parti jusqu’à ce qu’il s’en aille à la fin de son mandat (en 2019) ou avant », a ajouté Daniel Silke.
La « relative mutinerie » dans les rangs de l’ANC, avec la défection mardi de plusieurs députés de la majorité qui ont voté la défiance, « va se répercuter au sein de l’ANC dans les prochains mois », a-t-il prédit.
En décembre, l’ANC doit élire son nouveau leader, qui remplacera Jacob Zuma à la tête du parti.
La bataille pour sa succession a déjà commencé entre les pro-Zuma et les réformistes pourfendeurs de la corruption.
Deux noms figurent parmi les favoris pour succéder à Jacob Zuma à la tête de l’ANC : l’actuel vice-président Cyril Ramaphosa, chef des frondeurs anti-Zuma, et Nkosazana Dlamini-Zuma, l’ancienne patronne de l’Union africaine (UA) qui a le soutien du chef de l’Etat, son ex-mari.
Le vainqueur est assuré de devenir président en 2019, si l’ANC remporte les élections générales.
SOURCE : AFP