Au moins 11 pistes rurales visitées, pour plus de 240 km en trois jours. La mission de supervision des pistes rurales exécutées dans le cadre du Programme d’Urgence de Développement Communautaire (PUDC), a bouclé vendredi, sa tournée des régions de la Savanes, Kara et Centrale.
Conduite par Ninsao Gnofam (ministre des Infrastructures et des transports) et Mme Khardiata Lo Ndiaye (Représentante Résidente du Programme des Nations Unies pour le développement au Togo), cette mission a touché du doigt l’évolution des travaux. Elle a également échangé avec les autorités locales, les populations, les entreprises ainsi que les bureaux de contrôle.
Le périple a démarré mardi en milieu de matinée dans la région des Savanes à Tadjouaré avec la visite de la piste Tandjouaré-Bogou-Yembour-Fré Ghana (tronçon long de 21 km). Au total cinq pistes rurales ont été visitées dans cette région. A cette première étape, les résultats enregistrés n’étaient à la hauteur des attentes de la mission de supervision, les travaux n’ayant vraiment avancé sur plusieurs chantiers.
Et le ministre des Infrastructures et des transports ne l’a pas caché : « les résultats ne sont pas vraiment à la hauteur de ce qu’on attendait ».
« Nous avons été satisfaits sur une ou deux pistes. Bien vrai, les entreprises ont évoqué beaucoup de problèmes, mais par rapport au travail de préparation qui a été fait, on ne devrait pas avoir de retard dans l’exécution de ces travaux », a-t-il souligné.
Et face aux responsables d’entreprises, chargées d’exécuter les travaux, le langage a été direct : « Chacun doit se mettre sérieusement au travail. Car le PUDC, c’est autre chose. Ce n’est pas ce que nous faisons habituellement ».
« Avec le PNUD, les choses ont été bien définies depuis la préparation de ce programme. Il n’y aura pas de sentiment », a martelé Gnofam, devant ces chefs d’entreprises.
« Le PNUD n’hésitera pas à appliquer les pénalités de retard, conformément aux contrats », a de son côté averti Mme Khardiata Lo Ndiaye.
Au Total 12 entreprises ont signé en octobre dernier, un contrat avec le PNUD (chargé d’exécuté le PUDC) dans le cadre de la première phase des travaux de construction de 406 kilomètres de pistes rurales dans les cinq régions du Togo. Montant de l’ensemble des travaux : 11, 4 milliards FCFA. Les durées d’exécution des travaux varient entre 6 et 9 mois. La réception technique est normalement prévue pour le 10 août prochain.
Cap sur la région de la Kara
Trois pistes rurales sillonnées sur environ 80 kilomètres : Alloun-Broukou-Guérin Kouka (45 km), Guérin Kouka-Kidjaboum (20 km) et Kidjaboum-Katchamba (15 km). La mission a également échangé avec les populations de Broukou, Kidjaboum et de Namon.
A Namon (préfecture de Dankpen), la séance s’est déroulée dans une grande liesse. Place aménagée pour recevoir la mission de supervision : la grande cour de l’Ecole primaire publique.
« L’ancienne piste rurale a été construite en 1982. C’était un sentier totalement dégradé au fil des années », a confié Diabaré Litchoutombé, secrétaire du chef canton de Namon.
« Les femmes éprouvaient d’énormes difficultés pour transporter leurs marchandises dans le marché de Broukou. Les habitants des villages voisins ne pouvaient pas aussi fréquenter notre marché. En plus, évacuer un malade, était un parcours de combattant. Mais grâce au PUDC, nous avons une jolie piste et nous attendons sa réception officielle, car les travaux n’ont pas encore fini », s’est réjouit Litchoutombé (57 ans).
Après les trois pistes visitées dans cette région de la Kara, la mission a affiché une satisfaction, contrairement aux cinq chantiers sillonnés mardi dans la région des Savanes où les travaux piétinent à plusieurs endroits.
« Nous sommes satisfaits. Il y a de retard à certains endroits, mais par rapport aux délais consommés, c’est acceptable », a affirmé le ministre des infrastructures et des transports.
Même son de cloche du côté de la Représentante du PNUD au Togo : « Nous avons écouté des témoignages très poignants des populations qui nous ont décris les conditions difficiles (situation d’enclavement et mauvais état des pistes) dans lesquelles elles vivaient. Ce que nous avons vu, traduit très bien le slogan qui nous est venu hier : la route du développement, passe par les pistes qui relient les routes ».
Grande « satisfaction » dans la Centrale
« Nous sommes satisfaits de ce que nous avons vu en terme d’avancement et de qualité. Mais, nous maintenons quand même la pression sur les entreprises », a déclaré Mme Khardiata Lo Ndiaye, après avoir sillonné 65 kilomètres de pistes rurales en chantier.
« Nous allons exhorter les responsables des autres entreprises dans les Savanes et dans la Kara où il y a quelques manquements, à suivre l’exemple de leurs collègues de la Centrale », a renchéri Ninsao Gnofam, avant d’ajouter : « Nous veillons au grain et nous espérons que tout le monde restera dans les délais ».
Au total trois lots de pistes rurales ont été visités dans la région centrale : Tchamba-Krikri-Kazakalé-Fré Bénin (19 km), Kouloumi-Balanka (18 km) et Fre Bénin-Balanka-Kousountou (28 km). Et dans l’ensemble, une seule piste a accusé un retard.
La visite s’est achevée sur la piste Fre Bénin-Balanka-Kousountou, un ouvrage apprécié par la mission.
Les responsables de l’entreprise Ecoba-K (en charge des travaux) ont été félicités sur place par la mission de supervision.
« Je n’ai pas hésité à féliciter les responsables de cette entreprise qui ont fait du bon travail », a apprécié le ministre Gnofam.
Même son de cloche du côté de certains transporteurs rencontrés sur place.
« Avant, la piste n’était pas du tout praticable. De Balanka à Kousountou, on éprouvait d’énormes difficultés. Maintenant, nous nous déplaçons facilement », témoigne Abalo Gafarou, conducteur de tracteur.
« Aucune voiture ne pouvait passer sur cette voie. Elle était impraticable. Nous avons mis le paquet pour satisfaire les populations », a déclaré Laptio François, directeur de l’entreprise Ecoba-K.
Un petit tour dans le marché de Kousountou a permis aux journalistes de toucher du doigt l’importance de la piste Fre Bénin-Balanka-Kousountou pour les commerçants et commerçantes.
« La réhabilitation de cette piste est un ouf de soulagement pour nous. Il était très difficile de passer par là. En plus, des braqueurs se cachaient fréquemment dans la brousse et dépouillaient les commerçantes. Maintenant, nous prenons la piste sans problème », a confié Mme Djémila Ibrahim.
Cette revendeuse de maïs et de Soja venue de Tchamba, s’approvisionne tous les jeudi sur le marché de Kousountou.
Ces infrastructures en chantier ont pour objectifs, le désenclavement des zones rurales du pays, et la dynamisation des économies locales.
La réalisation de ces pistes rurales fait partie de la +composante 1+ (développement d’infrastructures et d’équipements socio-économiques de base) du PUDC.
En rappel, le PUDC — créé par décret présidentiel en janvier 2016 — est l’un des volets phares de la Stratégie pour la Croissance Accélérée et l’Emploi (SCAPE).
Doté d’une enveloppe de 155 milliards F.CFA (environ 258 millions de dollars) pour une période de 3 ans, le protocole d’accord portant sur son lancement a été signé à New York en février 2016 par le Président Faure Gnassingbé et Mme Helen Clark (Administrateur du PNUD).
Ce programme a pour objectifs de contribuer à l’amélioration significative des conditions de vie des populations vivant dans les zones peu ou mal desservies par les infrastructures et services sociaux et économiques de base.
Le PUDC entend réduire les inégalités sociales, renforcer la productivité des populations, et valoriser la production agricole. FIN
De retour à Lomé, Junior AUREL
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