Élève en classe de première, Edem Toussa (17 ans) se souvient encore des fortes pluies qui ont tout ravagé dans leur maison en 2015 : « Tout le quartier était complètement inondé, après deux jours de fortes pluies. Dans notre maison, les eaux avaient tout emporté. Mes cahiers, mes livres… tout était mouillé ».
Pour cette élève de Tsiapé, un quartier de la ville de Tsévié (environ 35 km au nord de Lomé), ces malheureux événements appartiennent désormais au passé.
Grâce au Projet de Gestion Intégrée des Catastrophes et des Terres (PGICT), les habitants de Tsiapé, ainsi que deux autres quartiers de Tsévié (Wémé et Wétsiavi), ont complètement tourné dos aux inondations.
« Nous sommes tranquilles chez nous, après les dernières pluies qui se sont abattues sur la ville. Aucune maison n’est inondée ces dernières semaines, après les travaux réalisés. C’est une véritable délivrance pour tout le quartier », se réjouit dame Fonsi Wadagniglo (36 ans), revendeuse de pain à Wétsiavi.
Officiellement lancé en Février 2013, le PGICT, vise à renforcer la capacité institutionnelle de certaines institutions ciblées pour gérer le risque d’inondations et de dégradation des terres dans les zones urbaines et rurales ciblées.
Mis en œuvre par le ministère de l’environnement et des ressources forestières, ce projet qui prendra fin en juin, est financé par la Banque mondiale.
Plusieurs activités communautaires ont été mises en œuvre dont celles relatives à la réduction des risques de catastrophes et de dégradation des terres dans les bassins fluviaux et les zones inondables.
A Tsiapé, Wémé et Wétsiavi — trois quartiers fortement secoués par des inondations en période de pluies, faute d’infrastructures adéquates — des caniveaux et des dalots ont été réalisés avec à l’appui, l’aménagement et le rechargement de la voie qui les traverse.
Ces populations doivent leur salut dans un premier temps à la mairie de la ville de Tsévié qui a élaboré et introduit le dossier auprès du PGICT.
« La ville de Tsévié est sur un plan incliné. Donc la zone-Est est complètement inondée, notamment ces trois quartiers. Ainsi, suite à une étude, nous avons constaté qu’il faut une action d’urgence pour soulager les populations de ces inondations. Donc, nous avons saisi l’opportunité du PGICT », explique Isidore Ahiawonanyi (chargé de suivi Agaib-Maritime).
« La réalisation des travaux a considérablement changé la vie des populations de ces trois quartiers. Car après les dernières pluies, nous avons sillonné tous les coins. Les gens vivaient calmement chez eux, plus d’eaux dans les maisons », ajoute-t-il.
‘Nous sommes sauvés’
« Nous sommes sauvés, car la situation était devenue invivable. A chaque saison des pluies, nous vivions le calvaire. Dans notre maison, l’eau venait parfois jusqu’à la hauteur de 1 mètre. Nous quittions parfois les lieux pour nous abriter auprès des parents des villages voisins », raconte Vinou Gaglodji, (âgé de 64 ans).
« J’avais tellement pitié des enfants, surtout les élèves dont les cahiers et livres sont souvent mouillés, d’autres emportés par les eaux. L’eau stagnait dans des maisons pendant des semaines, occasionnant des maladies notamment le paludisme », ajoute ce sexagénaire, assis sur un tabouret au milieu d’une concession.
Ces inondations causaient également les maladies hydriques qui sont désormais parties grâce aux ouvrages du PGICT.
Les travaux ont consisté à la construction de caniveaux et des dalots sur un tronçon long de 2,400 m (1200 m linéaire de chaque côté). Coût global des travaux : 186 millions de FCFA. Démarrés en juillet 2016, les travaux ont pris fin et les populations se frottent les mains.
La voie étant complètement dégradée, si bien qu’en période de pluies, toutes les maisons étaient complètement inondées, car l’eau n’était pas drainée (pas de caniveaux). Le travail a été réalisé grâce à la forte mobilisation des populations et des comités de développement de ces quartiers.
« Nous avons mobilisé la population pour servir de main d’œuvre locale notamment les manœuvres et les ouvriers qualifiés. Nous sommes passés de maison en maison pour sensibiliser les habitants, afin qu’ils réservent de bons accueils aux ouvriers », confie Moni Kodzo Lègba (président du comité de développement de la ville de Tsévié).
Ce dernier plaide déjà pour d’autres quartiers : « nous souhaiterions que le projet soit réalisé dans d’autres localités de la ville, qui éprouvent les mêmes difficultés que ces trois quartiers ».
Le succès de la réalisation des travaux dans le cadre du PGICT, s’explique par la forte implication des populations qui se sont vraiment, appropriées le projet.
Récemment, le gouvernement a réitéré une fois encore sa demande pour une seconde phase de ce projet qui pourra permettre de mettre à l’échelle, les bonnes pratiques significatives identifiées dans la lutte commune contre la pauvreté.
En février dernier, la Banque mondiale (lors de sa septième mission) et toutes les parties prenantes du Projet, ainsi que les bénéficiaires avaient affiché leur satisfaction, lors d’un atelier d’évaluation des résultats enregistrés.
Une dernière mission de la Banque qui séjourne à Lomé depuis lundi, passe en revue (avec les différents acteurs), l’état de mise en œuvre de toutes les composantes du Projet.
Cette 8ème mission et les différents acteurs font le point sur l’état de réalisation de toutes les composantes et activités depuis le début du projet.
Ils mettront en exergue les activités qui ont bien réussi, celles qui ont moins réussi et enfin, celles qui n’ont pas réussi. Ils doivent aussi relever les succès enregistrés, les difficultés rencontrées et défis dans l’exécution des activités à tous les niveaux. FIN
Junior AUREL
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