« La mission qu’entamera le HCRRUN vendredi est très délicate. Elle doit être menée avec tact et beaucoup de souplesse », avertit un responsable de l’opposition sous le couvert de l’anonymat.
Le Haut Commissariat à la Réconciliation et l’Unité Nationale (HCRRUN) se prépare activement pour se lancer vendredi dans sa tournée d’information et d’échanges avec les populations, démarche qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du programme de réparation.
Plusieurs acteurs sont alors mis à contribution: chefs traditionnels, responsables de partis politiques, société civile, médias etc…
Trois délégations composées des membres du HCRRUN et de personnes ressources vont sillonner pendant deux semaines, les huit régions créées par la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR).
Principale mission assignée au HCRRUN : expliquer aux populations, le caractère symbolique des réparations et tenter d’apaiser les cœurs.
Les séances d’information et de sensibilisation se déroulement dans des salles publiques. Par exemple dans la région de la Kara, les populations sont conviées au Palais des congrès et à Dapaong, les débats se dérouleront dans la grande salle de la préfecture. Ces différentes seront ponctuées de questions et débats.
Pour beaucoup d’observateurs, les discussions seront vives et houleuses. Elles seront parfois tendues, car plusieurs victimes attendent depuis des années, ce grand moment.
Le programme de réparations concerne toutes les personnes (quelle que soit leur nationalité) ayant subi un préjudice du fait de violences à caractère politique, de violations graves des droits de l’Homme, durant la période allant de 1958 à 2005.
Ce programme comporte plusieurs phases. La première prend en compte les événements de 2005 subdivisés en deux sous-événements : les troubles socio-politiques suite au décès du président Gnassingbé Eyadéma le 05 février 2005 et les troubles socio-politiques suite à l’élection présidentielle du 24 avril 2005.
Pour ces deux événements de 2005, environ 7.057 victimes ont été recensées. La somme de 2 milliards de F.CFA reçue du gouvernement par le Haut Commissariat à la Réconciliation et l’Unité Nationale (HCRRUN) servira à indemniser 2.475 victimes. Le reste des victimes, soit 4.582, sera indemnisé lors de la prochaine tranche.
Au total 22.415 victimes ont été identifiées par la CVJR sur la période de 1958 à 2005.
Phase « cruciale » pour la réussite du programme de réparation
« Il faut aller vers ces victimes qui sont entourées des membres de leurs familles pour leur expliquer notre mission, celle de conduire ce processus de réparation et aboutir à la réconciliation. Donc, il faut préparer tout ce monde. D’où la nécessité de cette tournée pour échanger avec les populations, les amener à comprendre le caractère symbolique de ces réparations », explique Mme Awa Nana-Daboya (présidente du HCRRUN).
« Nous allons nous appuyer sur des membres des comités de paix installés, grâce à l’appui du PNUD dans toutes les préfectures », ajoute-t-elle.
Le programme de « réparation » est l’une des principales recommandations de la CVJR.
« C’est d’ailleurs l’élément fondamental » de ce processus de réconciliation déclenchée ces dernières années par les autorités togolaises », affirme à l’Agence Savoir News, un diplomate en poste à Lomé.
« Et la tournée annoncée par le HCRRUN est la phase cruciale de ce programme de réparation », précise-t-il.
Une fois cette mission réussie par Mme Awa Nana-Daboya et son « équipe », les opérations d’indemnisation seront menées sans difficulté, les populations ayant bien cerné le message.
Dans son discours au lancement de ce programme de réparation le 25 mars dernier, le Premier ministre Selom Komi Klassou a invité le HCRRUN à garantir aux victimes, « la non-répétition des actes préjudiciables à la cohésion nationale ».
Selon le chef du gouvernement, « la République doit consolider notre vivre-ensemble qui est le ciment de toute société réconciliée et de progrès ».
« Il ne nous faut donc plus des regrets, mais un serment, un élan éternellement réconciliateur et une vigilance de tous les instants pour la République d’aujourd’hui et de demain apte à toujours faire le bonheur des Togolais », avait ajouté le Premier ministre.
Au total trois villes sont retenues pour l’indemnisation des victimes: Lomé (pour les victimes de la région maritime et plateaux est), Atakpamé (les victimes de plateaux ouest) et Kara (les victimes de la région des savanes, de la Kara et centrale).
Les réparations des victimes sont aussi bien individuelles que collectives, directes que indirectes, matérielles que d’ordre pécuniaire, scolaire mais surtout de nature « symbolique ». FIN
Edem Etonam EKUE
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