Des membres de la société civile nigériane se sont unis mardi pour appeler le président Muhammadu Buhari, 74 ans, à se mettre en congé du pouvoir, assurant que ses problèmes de santé ne lui permettaient plus de diriger le pays.
Dans une lettre ouverte signée par 13 figures importantes du Nigeria, dont Femi Falana, avocat pour les droits de l’homme et Jibrin Ibrahim, politologue respecté, ils se disent « contraints à lui conseiller de suivre les indications de ses médecins, et de reposer sans plus attendre ».
Ses absences répétées au sommet de l’Etat « ont nourri les spéculations et les rumeurs » sur son état de santé, ajoute la lettre signée du 1er mai reçue mardi à l’AFP.
Le chef de l’Etat est rentré début mars d’un séjour de huit semaines à Londres, où il a suivi des traitements pour une maladie non précisée. Son vice-président Yemi Osinbajo a assuré l’intérim pendant son absence, conformément à la Constitution.
Depuis, M. Buhari a été absent des deux derniers conseils des ministres. Il ne s’est pas non plus rendu à la mosquée pour la prière hebdomadaire vendredi dernier, ni au mariage de l’un de ses petits-fils samedi.
A son retour de Londres, il avait déclaré ne pas avoir « le souvenir d’avoir été aussi malade »: « Je ne me souviens pas de la dernière fois où j’ai eu des transfusions de sang », avait-t-il seulement expliqué, sans révéler la nature de sa maladie.
« Pourquoi le président nous cache-t-il son état de santé? », a demandé la semaine dernière Wole Soyinka, prix Nobel de littérature et encore très actif dans la société civile. « Il devrait comprendre qu’il appartient au domaine public. »
De nombreux hommes politiques, d’abord de l’opposition puis peu à peu du parti du président, le All Progressive Congress(APC), se sont également inquiétés de la situation de blocage que pourrait causer son absence des affaires, s’il ne délègue pas son pouvoir au vice-président comme le prévoit la Constitution, en pleine période de récession.
La question de la santé du chef de l’Etat est sensible au Nigeria depuis qu’en 2010, le président Umaru Yar’Adua est décédé de problèmes rénaux, longtemps cachés au grand public.
Son hospitalisation à l’étranger avait déclenché des mois d’incertitude politique, jusqu’à sa mort qui a finalement porté au pouvoir le deuxième personnage de l’Etat, le vice-président Goodluck Jonathan pour le reste de son mandat. M. Jonathan a ensuite remporté la présidentielle de 2011.
Si le président Buhari devait ne plus exercer le pouvoir, il serait normalement remplacé par le vice-président Osinbajo jusqu’à la prochaine élection prévue en février 2019.
SOURCE : AFP