Le Projet Gestion Intégrée des Catastrophes et des Terres (PGICT) est né de la nécessité pour le Togo de réduire significativement sa vulnérabilité face aux catastrophes.
Le Togo fait également face aux effets de variations climatiques qui touchent tous les Etats. Ainsi, ces changements associés à la mauvaise gestion des forêts (déboisement anarchique, feux de brousse, agriculture extensive sur brûlis etc…) accélèrent la dégradation des terres cultivables avec pour conséquences, la diminution des rendements agricoles et l’accentuation de la pauvreté en milieu rural.
Ce phénomène de dégradation des terres affecte au moins 85% (d’espace) cultivables et se manifeste avec acuité dans la région des Savanes, dans les zones montagneuses (région des Plateaux) et dans le sud-est de la région Maritime, souvent secouée par des inondations liées au débordement des cours d’eau ou à la saturation des nappes phréatiques à plusieurs endroits en saisons pluvieuses.
Et plus particulièrement en 2007 et 2010, ces inondations étaient devenues de plus en plus dévastatrices et ont affecté de façon récurrente, plusieurs zones du pays.
Par exemple en septembre 2007, vingt-trois personnes ont trouvé la mort dans la préfecture de Kpendjal (environ 650 km au nord de Lomé), suite à des pluies diluviennes. Outre des cultures dévastées, 83.400 sinistrés avaient été enregistrés.
Trois années plus tard (octobre 2010), des pluies diluviennes ont entraîné des inondations, faisant une dizaine de morts et près de 3.000 sinistrés dans trois localités du pays : Tokpli, Afagnan et Aklakou.
« A la suite de ces inondations de 2010, le gouvernement a entrepris avec l’appui des partenaires financiers, deux opérations d’évaluation des dommages, pertes et besoins. La première évaluation sommaire et conjointe (gouvernement/partenaires), a été réalisée du 21 au 23 octobre 2010.
La deuxième évaluation (plus approfondie) a été entièrement conduite par les experts nationaux entre novembre 2010 et février 2011. Cette dernière a estimé à plus de 20 milliards de F.CFA, les pertes, les dommages, ainsi que les besoins de construction », a expliqué Amidou Morou (coordonnateur du PGICT).
Pendre le taureau par les cornes
« Les différentes recommandations issues des deux rapports d’évaluation se sont alors accordées sur la nécessité de franchir une nouvelle étape dans la gestion des catastrophes en élaborant un projet de grande envergure pouvant permettre de résoudre durablement, l’épineuse question des inondations en tenant compte de certains facteurs sous-jacents : la déforestation, la dégradation des terres, la destruction des forêts galeries et l’envasement des cours d’eau », a souligné Morou.
D’où le PGICT, élaboré et mis en œuvre par le ministère par le ministre de l’environnement et des ressources forestières, avec l’appui des partenaires techniques et financiers.
Officiellement lancé en février 2013, ce projet est financé par la Banque mondiale pour un montant de 16,947 millions de dollars US. Le PGICT a pour objectif principal de renforcer les capacités des institutions à gérer les risques d’inondation et de dégradation des terres dans des zones rurales et urbaines qui sont les plus vulnérables à ces deux phénomènes au Togo.
Les activités communautaires mises en œuvre sont de trois types : (i) les activités communautaires de réduction des risques de catastrophes et de dégradation des terres dans les bassins fluviaux et les zones inondables, (ii) les activités communautaires sur les terres de cultures et de pâturages qui visent à accroître la résilience de l’agriculture aux changements climatiques, la productivité des terres ainsi que l’efficience de l’utilisation de l’eau et les meilleures pratiques de la GDT (Gestion Durable des Terres) et (iii), les activités communautaires de gestion durable des forêts et des zones humides.
Les composantes du projet
Le PGICT, qui vise à renforcer la capacité institutionnelle de certaines institutions ciblées pour gérer le risque d’inondations et de dégradation des terres dans les zones urbaines et rurales ciblées, comporte quatre composantes dont trois opérationnelles. La quatrième composante est consacrée à la gestion du projet.
La première composante du projet porte sur le renforcement institutionnel et la sensibilisation. Cette composante apporte un appui au renforcement institutionnel.
La deuxième composante concerne les activités communautaires visant l’adaptation et la gestion durable des terres. Elle soutient les activités communautaires dans les zones sensibles aux inondations et les bassins hydrographiques.
La troisième composante traite des systèmes d’alerte précoce, de suivi et de connaissances. Cette composante finance notamment le système d’alerte rapide.
La quatrième composante est la gestion du projet. Pour une mise en œuvre efficace du projet, des fonctions de gestion de projet comprenant la gestion fiduciaire, le suivi et l’évaluation, la supervision technique, la préparation de rapports et les audits seront prises en charge dans le cadre de cette composante.
Prévu pour être clôturé en 2016, le gouvernement a demandé une extension d’une année et la Banque l’a acceptée. Ainsi donc, le PGICT prendra fin le 30 juin prochain.
Seule à travers sa composante 2 (activités communautaires d’adaptation aux changements climatiques et de gestion durable des terres), le PGICT exécute plus de cent sous-projets sur l’ensemble du pays.
Satisfecit de tous les acteurs dont la Banque mondiale
Les différentes parties prenantes du Projet, les bénéficiaires ainsi que la Banque mondiale, ont affiché leur satisfaction en février dernier, lors d’un atelier d’évaluation des résultats enregistrés.
« C’est quasiment la dernière évaluation avant la fin du projet. Nous sommes surtout satisfaits que l’évaluation vienne des populations bénéficiaires car, ayant elles-mêmes formulé les projets qui répondaient à leurs besoins, des projets dont la réalisation leur a permis d’atteindre leur résilience », avait déclaré Mme Dahlia Lotayef (spécialiste environnementaliste en chef à la Banque mondiale).
« Environ 80 % de ces projets sont réalisés, contribuant à réduire la vulnérabilité des populations qui sont dans les zones à risques, mais aussi, à contribuer à la réduction de la pauvreté », avait appuyé Dr. Koffi Hounkpè (Chef de projet à la Banque Mondiale).
Beaucoup de réalisations sont à l’actif du PGICT, mais des défis reste encore à relever, d’où le souhait pour bon nombre d’acteurs que les résultats soient capitalisés et portés à grande échelle.
« Le PGICT a fait du chemin et en cinq ans d’exécution, je puis affirmer qu’il a amélioré les conditions de vie des populations », a affirmé à l’Agence Savoir News André Johnson (ministre de l’environnement et des ressources forestières).
« Le succès de la réalisation des travaux s’explique par la forte implication des populations qui se sont vraiment appropriées le projet. Le gouvernement réitère une fois encore sa demande pour une seconde phase du PGICT qui pourra permettre de mettre à l’échelle, les bonnes pratiques significatives identifiées dans la lutte commune contre la pauvreté », a-t-il plaidé. FIN
Junior AUREL
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