Le procès à venir de l’ex-président burkinabé Blaise Compaoré, exilé en Côte d’Ivoire, et de ses derniers ministres pour leur implication présumée dans la répression de l’insurrection populaire d’octobre 2014 qui a entraîné la chute du régime, est un « règlement de comptes politiques », a dénoncé mercredi son parti.
Les membres du gouvernement du Premier ministre Luc Adolphe Tiao sont poursuivis pour « complicité d’homicide volontaire » et « coups et blessures volontaires ». Le procès doit s’ouvrir à Ouagadougou le 27 avril prochain.
Dans un communiqué, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a dénoncé ces poursuites, y voyant « une violation manifeste de l’Etat de droit, au triple plan de leur recevabilité, de la nature des faits reprochés aux personnes inculpées et de l’instrumentalisation de nos institutions à des fins de règlement de comptes politiques ».
« Nous ne nous faisons pas d’illusions. Les dés sont jetés », a estimé le parti, accusant le pouvoir de livrer une « chasse aux sorcières » contre les « anciens ministres pourchassés par la vindicte du régime » actuel.
La justice reproche aux ministres « leur participation au Conseil extraordinaire des ministres du 29 octobre 2014 au cours duquel ils ont décidé de (faire appel à) l’armée pour réprimer les manifestants » contre la modification de la constitution.
« Au cours de ce Conseil des ministres, il a été décidé de prendre une réquisition complémentaire spéciale faisant appel à l’armée pour maintenir l’ordre avec usage d’armes à feu », a expliqué le parquet en février.
Parmi les 34 membres du dernier gouvernement de Compaoré, deux anciens ministres — Clothilde Ky (déléguée au Budget) et Yacouba Ouédraogo (Sport) –, qui n’avaient pas participé à ce Conseil des ministres, ont bénéficié de non-lieu.
Les autres ministres ont été inculpés mais bénéficient de liberté provisoire avec interdiction de quitter le pays. Tous risquent la peine de mort.
Au total, 33 personnes ont été tuées pendant ces manifestations, selon des sources officielles.
Après 27 ans au pouvoir, Blaise Compaoré avait tenté de modifier la Constitution en 2013 pour briguer un cinquième mandat. Cette tentative avait marqué le début du soulèvement populaire, fatal à son régime.
SOURCE : AFP