Le tribunal militaire de Ouagadougou a condamné jeudi quinze militaires burkinabè à des peines de 10 à 17 ans de prison ferme pour l’attaque d’un dépôt d’armes en janvier 2016.
Le sergent-chef Ali Sanou, qui a assumé la « paternité » de l’attaque du dépôt d’armes de Yimdi (20 km à l’ouest de Ouagadougou), et le sergent Ollo Stanislas Silvère Poda ont écopé chacun de 17 ans de prison ferme pour « complot militaire ».
Treize autres soldats, également reconnus coupables de « complot militaire », ont été condamnés à 10 ans de prison ferme chacun.
Le Parquet militaire de Ouagadougou avait requis des peines de dix à vingt ans de prison à l’encontre des accusés, parmi lesquels une dizaine de membres de l’ex-régiment de sécurité présidentielle (RSP), ancienne garde prétorienne du président Blaise Compaoré, chassé du pouvoir par la rue en octobre 2014.
Selon l’accusation, les accusés, arrêtés en mars 2016, comptaient utiliser les armes volées lors de l’attaque du dépôt pour libérer de prison les généraux Gilbert Diendéré, l’ex-chef du RSP, et Djibrill Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères (et général de gendarmerie), ainsi que les autres militaires du régiment incarcérés pour leur implication présumée dans le putsch manqué de septembre 2015.
Trois autres éléments de l’ex-RSP, poursuivis pour « désertion à l’étranger en temps de paix » ont été condamnés à « 3 mois de prison ferme chacun ». Ils devraient sortir de prison dès vendredi après avoir purgé près de six mois de détention préventive.
Le caporal Issaka Ouédraogo, accusé de « détention illégale d’armes et de munitions », a lui écopé de « 6 mois de prison assortis de sursis ».
Un civil, Sabkou Yago, un cultivateur poursuivi pour « recel de malfaiteurs » et le soldat Salfo Kosporé, accusé de « complicité de vol aggravé » ont été acquittés par le tribunal militaire pour « infractions non constituées ».
Ce verdict « nous a surpris », a réagi Me Fako Bruno Ouattara, avocat du sergent-chef Sanou, « le complot suppose que vous voulez prendre le commandement ou le pouvoir alors qu’il ne voulait pas cela, mais prendre des armes pour sauver la vie des gens ». Il a promis de se pourvoir en cassation.
Fort de quelque 1.300 hommes, le RSP, unité d’élite de l’armée burkinabè, a été dissous après avoir tenté le 17 septembre 2015, sous la direction du général Gilbert Diendéré, un coup d’État contre le gouvernement de transition mis en place après la chute de M. Compaoré, resté 27 ans au pouvoir.
A la mi-janvier, dix-neuf membres de ce corps d’élite, qui avaient eux aussi projeté de libérer certains de leurs camarades emprisonnés après le putsch raté de septembre 2015, ont été condamnés à des peines allant jusqu’à 15 ans de prison ferme.
SOURCE : AFP