Le calme est revenu dimanche à Bouaké et ailleurs en Côte d’Ivoire après l’annonce d’un accord avec les soldats dont la mutinerie pour des revendications matérielles a paralysé pendant deux jours la deuxième ville du pays et s’était étendu à Abidjan, selon des correspondants de l’AFP et des habitants.
« Il n’y a plus eu de tirs depuis samedi nuit. On en voit plus de militaires en ville. Ce matin la circulation a repris, les commerces ont rouvert », a rapporté un correspondant à Bouaké.
Mais les habitants ne cachent pas leur colère suite aux manifestations des militaires qui avaient semé la panique avec des tirs à l’arme lourde et des rafales de kalachnikov.
« On ne veut plus de cette situation à Bouaké. On est fatigués des agissements des militaires. Vivement que le président Ouattara trouve une solution définitive à leurs problèmes », a lancé Adama Coulibaly, un enseignant.
A Abidjan, la métropole économique et politique où des tirs avaient été entendus samedi dans une caserne, le calme était également revenu dans la journée.
Dimanche, dans le quartier administratif et des affaires du Plateau – siège de la présidence, du gouvernement et du Parlement de ce pays d’Afrique de l’Ouest – « la vie suit son cours normal », a raconté un habitant à l’AFP.
A Man (ouest) et Korhogo (Nord), où les soldats étaient également sortis de leurs casernes, « la vie a repris », ont témoigné des habitants joints au téléphone.
« On ne voit plus les militaires, ils sont rentrés dans les casernes », a affirmé Jean, un habitant de Man.
Le président Alassane Ouattara avait annoncé samedi soir à Abidjan la conclusion d’un « accord » avec les soldats mutins dont les manifestations avaient paralysé depuis vendredi Bouaké, capitale de l’ex rébellion du Nord (2001-2011). Il leur avait aussi demandé de regagner leurs casernes.
Cet accord a été scellé dans la journée à Bouaké à l’issue d’une rencontre entre le ministre de la Défense Alain-Richard Donwahi et des mutins qui réclamaient le paiement de primes, des augmentations de solde, une promotion plus rapide entre les grades et des logements.
Des militaires en colère avaient cependant empêché le ministre et sa délégation de quitter la résidence du sous-préfet en tirant des rafales de kalachnikov et à l’arme lourde.
M. Donwahi et sa délégation ont finalement été retenus un peu plus de deux heures, avant de pouvoir partir. Ni le ministre ni les représentants des mutins n’ont fait de déclaration.
Après la libération du ministre, les militaires ont levé les barrages interdisant l’entrée dans Bouaké.
En novembre 2014 déjà, une vague de protestation de soldats était partie de Bouaké pour s’étendre à d’autres villes pour des raisons liées au non-paiement d’arriérés de solde.
Bouaké, 1,5 million d’habitants, fut la capitale de la rébellion qui contrôlait le nord de la Côte d’Ivoire lorsqu’elle était coupée en deux entre 2002 et 2011. Cette rébellion était favorable au président Ouattara, alors que le sud du pays était tenu par les forces loyales à l’ex-président Laurent Gbagbo.
SOURCE : AFP