Le candidat d’opposition Nana Akufo-Addo a proclamé sa victoire jeudi soir au Ghana, dans l’attente des résultats officiels de la présidentielle qui faisait monter la tension dans un pays réputé être l’un des plus démocratiques d’Afrique de l’Ouest.
Les résultats de 25 des 275 circonscriptions du pays ont été jusqu’à présent annoncés par la Commission électorale et l’avance, très courte, oscille à chaque nouveau résultat local entre le président Mahama, qui dispute un second mandat à 58 ans, et M. Akufo-Addo, qui se présente pour la troisième fois à 72 ans.
L’opposant Akufo-Addo a prononcé un discours de victoire et s’est dit « confiant d’avoir remporté une victoire historique ». Deux radios ont donné ce dernier gagnant avec respectivement 53,96% et 52,70% des voix.
« La présidente de la Commission électorale a fait savoir qu’elle avait besoin de plus de temps pour finir son travail », a lancé le principal candidat de l’opposition, en lice pour la troisième fois pour la présidence, devant sa résidence d’Accra où étaient réunis des milliers de ses partisans.
« Nous, le Nouveau parti patriotique (NPP), sommes sereinement confiants d’avoir remporté une victoire importante et historique ».
Pour sa part, la commission chargée d’assurer le bon déroulement du scrutin veut qu’il « soit aussi transparent que possible », grâce notamment à un système de vote perfectionné et que les résultats soient officiellement publiés circonscription par circonscription. « La commission assure aux Ghanéens que les résultats définitifs seront prêts dans les 72 prochaines heures », a déclaré son porte-parole, Eric Dzakpasu.
C’est ce qui avait été prévu en amont du vote – les résultats devaient être publiés entrejeudi et samedi soir -, mais l’attente semble particulièrement longue, notamment pour les partisans du Nouveau parti patriotique (NPP) de M. Akufo-Addo qui célébraient déjà leur victoire devant la résidence de leur leader. Certains d’entre eux, armés de clubs de golf en début d’après-midi, avaient semblé prêts à en découdre avec leurs adversaires.
Des violences sporadiques ont d’ailleurs entaché la campagne et l’élection, même si, dans l’ensemble, le vote s’est déroulé dans le calme. Le vote a notamment été retardé dans la circonscription de Jaman Nord en raison « de problèmes de sécurité », selon la Commission électorale.
Selon la même source, des partisans de M. Akufo Addo ont agressé des agents électoraux et des hackers ont semé la pagaille dans les applications téléphoniques et les sites internet de surveillance du scrutin.
– ‘Nous avons gagné ‘ –
« Nous avons gagné les élections », a déclaré Bismark Agyei, supporter du NPP de 33 ans. « Ils doivent l’annoncer. »
Au siège de campagne du NPP, la publication parallèle de résultats non officiels calculés d’après les données locales, donne leur candidat vainqueur avec plus de 53,5% de voix (contre 44,7% pour John Mahama).
Le porte-parole du parti, Oboshie Sai Cofie, est sûr que son camp a remporté le scrutin : « Au fur et à mesure que les résultats tombent, nous atteignons un point de non-retour. »
Si personne n’atteint les 50%, les deux adversaires se retrouveront pour un second tour en décembre.
Ces estimations ainsi que des déclarations de M. Akufo-Addo, disant avoir été « félicité » déjà par les autres candidats, attisent les tensions, et font courir les rumeurs.
Certains partisans du NPP affirment que la commission tarde à annoncer les résultats car elle n’est pas indépendante du pouvoir en place.
Pour assurer la stabilité du pays, la Commission électorale doit écarter tout doute sur d’éventuelles fraudes, explique Kwesi Koomson, un analyste ghanéen de Africa Practice.
« Ca ne sent pas bon », selon lui. « Si la Commission ne s’exprime pas de manière claire, il y a de sérieux risques de violences ».
Pour les partisans du NDP, ces doutes ne constituent « que de la propagande du NPP », a déclaré le secrétaire général du parti, Koku Anyidohu.
M. Akufo-Addo avait appelé ses partisans à être « vigilants » lors du vote, pour empêcher le même scenario qu’en 2012, où il avait perdu de peu contre le même adversaire et avait contesté les résultats en vain devant la justice.
L’opposant a récemment déclaré à l’AFP qu’il n’excluait pas de revenir devant la justice s’il perdait ce scrutin.
SOURCE : AFP