Côte d’Ivoire: Marche de l’opposition contre la nouvelle Constitution

Un peu plus de mille personnes, selon un journaliste de l’AFP, ont manifesté vendredi à l’appel de l’opposition contre le référendum de dimanche sur la nouvelle Constitution voulue par le président Alassane Ouattara. La police a dispersé des groupes de manifestants qui étaient sortis du parcours autorisé.

« Nous allons battre le pavé jusqu’à ce que (le président Alassane) Ouattara retire son projet de Constitution illicite, illégal et malhonnête », a déclaré à l’AFP Hyacinthe Nogbou, président du Congrès panafricain des jeunes patriotes, le parti de Charles Blé Goudé, ex-chef des « Jeunes patriotes, qui est actuellement dans un centre de détention de la Cour pénale internationale (CPI).

Tôt le matin, des partisans du Front du refus, une coalition d’opposition composée en partie des frondeurs du Front populaire ivoirien (fondé par l’ex-président Laurent Gbagbo), et d’autres partis, dont celui de l’ex-président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, se sont rassemblés pour rallier le Plateau, quartier des affaires d’Abidjan.

« Non à la IIIe république » (l’adoption du texte ferait passer le pays de la IIe à la IIIe république), « Deux mandats ça suffit », pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants qui scandaient « Le pouvoir au peuple ».
Un important dispositif policier avait été déployé autour du lieu de rassemblement.

Les manifestants ont rallié le stade Houphouet-Boigny, au Plateau, mais des groupes ont ensuite tenté de se rendre place de la république, proche de la présidence.

La police a tiré des gaz lacrymogènes pour les disperser, ont affirmé plusieurs témoins à l’AFP. Un porte-parole du ministère de l’Intérieur a confirmé l’action policière : « Nous avons encadré les manifestants sans problème jusqu’au stade. Ensuite, certains avec des mauvaises intentions ont voulu se rendre place de la République. Cela aurait perturbé l’activité économique et nous avons empêché ces gens d’accéder à ces zones ».

L’opposition ivoirienne a appelé au boycottage du référendum, dénonçant un projet « rétrograde, démagogique et monarchique ».

Selon le président Ouattara, qui avait promis un nouvelle Constitution lors de sa réélection en 2015 pour un deuxième mandat courant jusqu’en 2020, le texte va permettre de « tourner définitivement la page des crises successives » qui ont secoué le pays pendant une décennie.

Selon le pouvoir, la nouvelle Constitution élimine le concept d' »ivoirité » en clarifiant les conditions d’éligibilité du président. Ses détracteurs avaient reproché à Ouattara son « origine burkinabè » et contesté son éligibilité. Le pays n’avait été loin de sombrer dans la guerre civile.

Le texte prévoit la création d’un poste de vice-président, qui alimente tous les phantasmes. Si la Constitution est acceptée, le président doit en effet nommer un vice-président jusqu’en 2020, et celui-ci aura toutes les chances d’être considéré comme son successeur.

En outre, la Constitution créé un Sénat, institutionnalise la chambre des rois et chefs traditionnels et étend le domaine de compétence du Conseil économique et social à l’environnement.

SOURCE : AFP