« Aucun État ne peut à lui seul venir à bout de ce danger » que constitue l’insécurité maritime, a affirmé le ministre togolais des affaires étrangères, dans une interview publiée par le site internet de l’hebdomadaire français Le Point.
« Nous sommes tous persuadés qu’aucun État ne peut à lui seul venir à bout de ce danger. C’est pourquoi protéger nos mers et nos océans à travers la Charte de Lomé est une impérieuse nécessité qui engage le présent et surtout l’avenir des 54 États africains », a-t-il souligné.
L’adoption de cette charte est le principal enjeu du sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA) sur la sécurité et la sûreté maritime et le développement en Afrique, qui se tiendra samedi prochain à Lomé. Ce texte contraignant viendra aider les pays africains à bien mener la lutte contre l’insécurité maritime.
Selon le chef de la diplomatie togolaise, « la Commission de l’UA comme les 54 États membres, sont conscients de l’impérieuse nécessité d’aller à l’adoption et à la signature de cette Charte ».
« C’est vrai que d’une région à une autre les dangers ne sont pas les mêmes. En revanche, tous nos océans et mers, voies par excellence de plus de 90 % des importations et exportations en Afrique, subissent les mêmes dégâts. Par ailleurs, tous nos États en sont victimes », a précisé M.Dussey.
« Conscients de la gravité des fléaux qui menacent le facteur important de développement économique que représentent les mers et océans, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine ont opté pour un texte à valeur juridique qui viendrait justement combler un vide juridique en la matière, et à l’échelle du continent. Évidemment, cela va de la responsabilité de tous les États membres de l’UA », a-t-il ajouté.
Ces dernières années, les attaques de navires commises par des pirates, en particulier dans le golfe d’Aden, au large des côtes somaliennes et dans l’océan Indien, n’ont cessé d’augmenter. De vastes étendues maritimes sont ainsi concernées, ce qui rend la prévention de telles attaques extrêmement difficile.
La piraterie maritime touche les principales voies de navigation et met en danger la vie des marins et des professionnels de la marine marchande du monde entier, plusieurs centaines d’entre eux étant pris en otages chaque année. Des millions de dollars sont versés aux pirates pour payer les rançons.
Les détournements de navires en Somalie et le long de la côte Est de l’Afrique sont en baisse mais les attaques en Afrique de l’ouest augmentent peu à peu, faisant des eaux du Golfe de Guinée un des centres de la piraterie mondiale. Les attaques dans le Golfe de Guinée sont réputées pour être particulièrement violentes.
Au moins 205 attaques de navires ont été enregistrées dans le Golfe de Guinée de 2005 à mai 2015.
« Globalement, la Charte de Lomé prévoit des objectifs qui vont de la lutte contre la piraterie et les trafics illicites sur les mers et océans à l’intensification de la mise en œuvre de la Stratégie AIM 2050, en passant par la promotion de l’économie bleue. Ces objectifs induisent un ensemble d’actions concrètes dans plusieurs compartiments de la maîtrise des espaces maritimes en Afrique », a indiqué M.Dussey.
« La Charte de Lomé, perçue comme le cadre d’harmonisation d’un ensemble d’actions cohérentes, a pour mérite essentiel de fédérer des mécanismes existants et régissant la matière ».
Cette charte établit les fondements des principales obligations des États parties tout en réaffirmant l’effet des traités et des accords bilatéraux, régionaux et internationaux régissant la matière.
Le texte qui s’appuie sur la Stratégie Africaine Intégrée des Mers et des Océans à l’horizon 2050, adoptée par la conférence de l’Union Africaine en janvier 2014, traitera des mesures de prévention et de lutte contre la criminalité maritime, ainsi que des engagements et des devoirs des États Parties en termes de mesures socio-économiques à prendre.
Le document traite également de l’économie bleue qui à travers la pêche, l’aquaculture, le tourisme maritime, le développement des installations portuaires, entre autres, permettra de créer des emplois, mais aussi d’assurer une exploitation raisonnée, judicieuse et pérenne des ressources disponibles.
Il prévoit également la création d’un fonds de sécurité et de sûreté maritimes, afin de rendre les États autonomes dans la prévention et la lutte. FIN
Ambroisine MEMEDE
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