Piraterie maritime : Le sommet de Lomé et ses principaux thèmes (PRÉSENTATION)

Le sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA) sur la sécurité et la sûreté maritime et le développement en Afrique, se tiendra samedi prochain à Lomé, rencontre dont le principal enjeu est l’adoption d’une charte, texte contraignant qui viendra aider les pays africains à bien mener la lutte contre l’insécurité maritime.

C’est la première fois que les chefs d’État et de gouvernement des 54 pays de l’Union africaine se réuniront sur une thématique si importante : la sécurité et la sûreté maritime.

Ainsi, plus de 3.000 invités dont 25 à 30 chefs d’Etat et de gouvernement fouleront le sol togolais pour ce sommet qui a pour objectif de définir une stratégie commune de lutte contre l’insécurité maritime en Afrique et promouvoir l’économie bleue marine.

Les « Side Events » ou activités parallèles à cette grande rencontre ont démarré lundi. De mardi à vendredi, 10 panels seront animés, soit en moyenne 2 panels par jour.

Sont également prévues, des expositions. Au total cinq principaux thèmes seront abordés durant ce grand rendez-vous continental.

La piraterie maritime

Ces dernières années, les attaques de navires commises par des pirates, en particulier dans le golfe d’Aden, au large des côtes somaliennes et dans l’océan Indien, n’ont cessé d’augmenter. De vastes étendues maritimes sont ainsi concernées, ce qui rend la prévention de telles attaques extrêmement difficile.

La piraterie maritime touche les principales voies de navigation et met en danger la vie des marins et des professionnels de la marine marchande du monde entier, plusieurs centaines d’entre eux étant pris en otages chaque année.

Des millions de dollars sont versés aux pirates pour payer les rançons.

Ces sommes seraient divisées entre les pirates, leurs chefs et ceux qui les financent. Les renseignements recueillis montrent qu’une partie de ces fonds est réinvestie à l’étranger par l’intermédiaire d’émigrants somaliens.

La piraterie maritime moderne ne prête pas d’attention particulière à la nationalité du navire attaqué. Ces actions violentes se produisent en pleine mer, comme dans les ports, aux points de mouillage et le long des côtes.

Les détournements de navires en Somalie et le long de la côte Est de l’Afrique sont en baisse mais les attaques en Afrique de l’ouest augmentent peu à peu, faisant des eaux du Golfe de Guinée un des centres de la piraterie mondiale. Les attaques dans le Golfe de Guinée sont réputées pour être particulièrement violentes.

Au moins 205 attaques de navires ont été enregistrées dans le Golfe de Guinée de 2005 à mai 2015.

La sous-région ouest-africaine est depuis longtemps un lieu de transit intercontinental, la porte d’entrée de la cocaïne en provenance de l’Amérique latine à destination de l’Europe.

Les enjeux économiques, sécuritaires et stratégiques de la piraterie et du trafic de drogue sont incontestables.

« Ce phénomène requiert une réponse globale comprenant un cadre juridique particulier, des moyens de surveillance et d’intervention ainsi que des organismes de coordination sous-régionaux », a indiqué lundi, le Premier ministre togolais Sélom Komi Klassou.

« Quelle que soit la volonté manifeste individuelle de nos Etats, nul ne parviendra tout seul à bout des nombreux défis auxquels nous sommes confrontés. Le besoin de collecte et de partage d’informations en temps réel, est plus impérieux et il incombe à tous les acteurs du monde marin, les gouvernants en premier lieu, de jouer leur partition, afin d’affermir l’opérationnalisation et la coordination internationale », a souligné M.Klassou.

La piraterie accroît le coût des transports internationaux mais elle a également des répercussions considérables sur le développement en Afrique.

Selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, ce phénomène est né surtout des troubles liés à l’industrie pétrolière dans la région. Les attaques ont souvent ciblé des navires transportant des hydrocarbures, dont les cales sont vidées et le contenu revendu au marché noir. L’industrie pétrolière qui constitue le premier secteur d’activité de la région est menacée depuis vingt ans par la criminalité transnationale organisée.

La pêche illicite

La pêche illicite fait perdre chaque année à l’Afrique de l’ouest, plus 170 milliards de F.CFA. La pêche illicite appauvrit les stocks de poissons, détruit les habitats marins, entraîne une distorsion de concurrence pour les pêcheurs honnêtes et affaiblit les communautés côtières, notamment en Afrique.

L’Afrique doit donc investir davantage pour l’acquisition de matériels performants de surveillance et de contrôle afin de lutter contre la pêche illicite.

La pêche illégale dans le golfe de Guinée est un problème de sécurité de longue date auquel il est de plus en plus difficile de s’attaquer, étant donné que bon nombre d’États côtiers n’ont pas les capacités voulues pour mener des patrouilles dans leurs eaux.

Qui plus est, l’absence de partage d’informations entre les services et entre les pays fait qu’il est difficile d’identifier les navires suspects.

Le Groupe de la Banque Mondiale a financé plusieurs projets liés aux pêches dont les programmes sur la pêche au Bénin et au Cameroun, qui ont constitué la plus grande source de financement pour le secteur de la pêche de ces pays et qui ont permis d’améliorer la gouvernance des pêches, autant d’éléments indispensables pour une exploitation durable des pêches. Lors de son Assemblée annuelle tenue en mai 2014, la BAD a insisté sur le fait qu’il était important de s’engager davantage à protéger les eaux côtières de l’Afrique de l’Ouest contre la pêche illégale.

Depuis quelques années, le Groupe de travail INTERPOL sur la pêche illégale aide à évaluer les besoins des pays membres d’INTERPOL et à faciliter le partage d’informations. Le Groupe de travail poursuit quatre objectifs stratégiques :

 renforcer et développer la capacité des pays membres à poursuivre effectivement les personnes qui se livrent à la pêche illégale et commettent des infractions qui y sont liées, et la coopération en la matière

 encourager et aider les pays membres à échanger des informations et des renseignements sur la pêche illégale

 apporter aux pays membres un appui analytique et opérationnel en vue de l’application de la législation et de la réglementation relatives à la pêche

 encourager et faciliter le travail en réseau, l’utilisation des canaux de communication et l’échange d’expertise technique entre les pays membres aux fins de l’application de la législation relative à la pêche.

Selon la législation togolaise, les navires de pêche de plus de 25 tonneaux de jauge brute doivent disposer d’un permis de pêche délivré chaque année par le ministre en charge des pêches.

Pour les navires de 25 tonneaux de jauge brute ou moins, c’est le directeur des pêches qui est compétent. Si un propriétaire de navires souhaite immatriculer un navire de pêche au Togo, il doit d’abord demander une licence de pêche pour ce navire.

Au niveau national, la Direction des affaires maritimes peut immatriculer un navire de pêche uniquement lorsque le propriétaire de celui-ci est en mesure d’obtenir un certificat de capture délivré par le ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et des Pêches.

Les trafics illicites en tout genre

Les trafics illicites portent sur les fonds, les marchandises ou les gains provenant d’activités illégales ou autrement contraires à l’éthique.

Ils couvrent diverses activités commerciales illégales y compris le trafic d’êtres humains, la délinquance environnementale, le commerce illégal des ressources naturelles, les atteintes portées à la propriété intellectuelle, le commerce de certaines substances qui soulèvent des risques en matière de santé ou de sécurité, la contrebande de marchandises passible de droits d’accise, le commerce de drogues illégales et différents flux illicites.

Ces activités entraînent divers dommages de nature économique, sociale, environnementale ou politique.

Les trafics illicites menacent l’élément moteur de l’activité économique d’un pays et nuisent à sa capacité d’échanger avec le reste du monde.

C’est à partir du port que les produits fièrement créés par les millions d’ouvriers, fermiers et entrepreneurs d’un pays quittent pour un marché lointain. C’est à partir de ce même port qu’entrent les biens qu’utiliseront les habitants de ce pays. Mais quand les trafics illicites mettent en péril les parcours de ces biens, ce sont les emplois légitimes qui sont affectés.

Il est donc important de mettre en place une infrastructure physique, sécuritaire et sociale pour combattre les trafics illicites, et pour répondre directement à ce besoin de création d’emploi qui concerne tous les pays du monde.

La mer comme facteur de développement

Sur les 54 États africains, 38 sont des pays côtiers et que plus de 90 % des exportations et importations africaines passent par la mer et 95 % des communications mondiales s’opèrent par des réseaux sous-marins.

D’entrée l’économie bleue regroupe toutes les activités économiques menées dans les fleuves, les lacs, les berges, les rivages, les cours d’eau, les nappes souterraines, les eaux douces, les fonds marins, les mers, les océans etc. Elle implique une série d’activités économiques telles que la pêche, l’aquaculture, le tourisme, les transports, la construction navale, l’énergie, la bio prospection…

L’Afrique s’attend à une forte hausse des échanges commerciaux avec le reste du monde liée directement à une croissance de sa classe moyenne. Cette augmentation d’activité commerciale exige des ports modernes qui peuvent assurer l’échange efficace de cargaison.

Comment est-ce que le continent prépare ses infrastructures portuaires pour cette augmentation d’activité commerciale ? Quelles sont les innovations prévues et les méthodes de gestion qui doivent être mises en œuvre ? Quel rôle peut jouer le numérique pour permettre aux quais modernes de mieux gérer le flux des conteneurs ?

La préservation de l’environnement marin

Les océans couvrent près de 70 % de notre planète. Ils hébergent une biodiversité d’une extraordinaire richesse, dont beaucoup reste à découvrir. Les écosystèmes marins fournissent des biens et des services écologiques essentiels et diversifiés : nourriture, médicaments, protection contre les houles de tempête, filtre des pollutions, régulation du climat, …

Les aires marines protégées (AMP) sont considérées comme les outils les plus efficaces pour la protection et la restauration de la biodiversité marine. L’établissement des premières réserves naturelles marines date des années 60.

Aujourd’hui, les AMP sont aussi reconnues comme des instruments de développement local, notamment pour des activités comme la pêche et le tourisme, qu’elles s’attachent à gérer pour une exploitation durable.

La pêche contribue de façon vitale à la sécurité alimentaire et nutritionnelle de plus de 200 millions d’Africains et apporte des revenus à plus de 10 millions de pêcheurs. La manipulation de fret émet souvent des effets qui peuvent être extrêmement néfastes pour l’environnement.

Il est donc important de développer l’éco-conception maritime en anticipant les effets des infrastructures et en les intégrant aux écosystèmes. Quelles sont les bonnes pratiques internationales pour assurer la conservation de la biodiversité dans le cadre d’un programme d’aménagement à long terme ? Quelles mesures pouvons-nous mettre en place afin de mesurer la qualité écologique des espaces portuaires ?… FIN

Edem Etonam EKUE

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