L’ex-président burkinabè Blaise Compaoré, qui vit en exil en Côte d’Ivoire depuis l’insurrection populaire qui a mis fin à ses 27 ans au pouvoir en 2014, ne sera pas poursuivi pour « haute trahison » ou « attentat à la Constitution » en raison d’un vide juridique, a annoncé vendredi le procureur de la Haute cour de justice.
L’ex-homme fort du Burkina reste toutefois poursuivi en tant que ministre de la Défense pour la répression des journées d’insurrection d’octobre, ainsi que dans le cadre du dossier de la mort de l’ancien président burkinabè Thomas Sankara, tué en 1987 lors d’un coup d’Etat qui porta Blaise Compaoré au pouvoir.
« Blaise Compaoré a été mis en accusation pour +haute trahison+ et +attentat à la Constitution+; or ces deux infractions ne sont pas prévues dans le droit positif burkinabè (…) Aucune loi ne dit en quoi consiste la +haute trahison+ et +l’attentat à la Constitution+ », a expliqué le procureur général Armand Ouedraogo lors d’une conférence de presse.
« Ce dossier ne peut être exécuté parce qu’il n’y a pas de loi (…) Il y a un problème d’achèvement des lois. Les lois ont été faites à moitié ».
Après quatre mandats successifs, Blaise Compaoré a tenté de se maintenir au pouvoir et de modifier la Constitution en 2013. Cette tentative avait marqué le début du soulèvement populaire.
« On peut toujours poursuivre Blaise Compaoré. Si demain l’Assemblée nationale vote une loi mettant en accusation Blaise Compaoré pour détournements de deniers publics, (une des trois infractions pour lesquelles le chef de l’Etat peut être poursuivi, NDLR) nous sommes compétents et nous serons à même de le juger parce que cette infraction est prévue et punie par la loi », a-t-il dit.
Le procureur a rappelé que 24 ministres dont l’ancien Premier ministre Luc Adolphe Tiao, actuellement emprisonné, ont été inculpés dans le cadre de la répression de l’insurrection. Quatre autres ministres doivent être inculpés « dès la semaine prochaine » et la Haute cour de justice n’a « aucune nouvelle » de cinq autres ministres dont le président Blaise Compaoré, qui était aussi ministre de la Défense.
Les autres sont les anciens ministres de l’Economie et des Finances Lucien Marie Noël Bembamba, de l’Education Koumba Boli, de l’Energie et des Mines Salif Kaboré, des Affaires présidentielles Assimi Kouanda.
« La semaine prochaine, on commence les auditions au fond. Nous prévoyons de terminer toutes les auditions d’ici à fin octobre. Nous pensons que dans un délai de trois mois, c’est-à-dire d’ici à décembre, nous pourrons juger ce dossier (concernant) les ministres », selon Armand Ouedraogo.
SOURCE : AFP