De situtu à Ekpan tsontson à Aného, en passant par les cérémonies de la prise de la pierre Sacrée (Ekpé sosso) à Glidji Kpodji (environ 50 km à l’est de Lomé), toutes les étapes d’ablution liées à « Epé Ekpé » en pays Gê de cette année se dérouleront dans l’intimité des lieux sacrés. Telle est la décision des dignitaires Gê notamment les hounon, adeptes et fidèles. Principale raison évoquée, les violences enregistrées ces dernières années, durant les cérémonies de la sortie de la pierre sacrée.
La même règle sera observée en 2017, car cette période d’accalmie s’impose pour que la communauté Gê retrouve sa sécurité et sa quiétude avant de donner de nouveau l’éclat habituel aux cérémonies, soulignent ces dignitaires Gê, dans un communiqué rendu public.
« C’est une décision sage et salutaire. Ces hounon et adeptes vaudou ont vu juste, car le spectacle auquel nous avons assisté ces dernières années n’honore pas le peuple Gê. Cela jette un discrédit sur nos cultures », a commenté Didier Gouga, professeur d’histoire.
« Pour moi, les deux années d’accalmie ne suffisent pas pour calmer les esprits, au regard de la situation qui prévaut dans ce milieu. Il faut au minimum quatre ans pour nettoyer les plaies et ramener la paix dans la maison. Mais, c’est déjà un pas franchi », a-t-il souligné.
Le 10 septembre dernier, Glidji-Kpodji avait frôlé la catastrophe lors des cérémonies de la 353e édition de la prise de la pierre sacrée, malgré les dispositions prises par le gouvernement et son communiqué publié la veille, invitant les prêtres vaudou à faire preuve de « responsabilité et de retenue ».
Malgré le fort quadrillage de la zone par des forces de l’ordre, la situation avait dégénéré à la fin de la cérémonie. Juste après le départ des officiels, certains se sont affrontés pendant quelques minutes sur la place de la cérémonie.
La couleur de la pierre (bleu turquin), ainsi que le message qui l’accompagne, ont été contestés par certains prêtres pour qui, la cérémonie a été « tronquée » dans son ensemble.
D’aucuns ont accusé Nimantchè (le grand prêtre de la forêt sacré) de « corrompu » et d’être proche du parti au pouvoir.
Ces dernières années, les cérémonies de la sortie de la pierre sacrées, ont toujours divisé les dignitaires Gê.
En 2012, les manifestations ont été émaillées de violences, avec plusieurs blessés dont des cas graves. Les années qui ont suivi, la cérémonie de la pierre sacrée s’est toujours déroulée sous haute surveillance policière, en raison de la tension au sein des grands prêtres vaudou.
« Il faut une réconciliation profonde, afin qu’on puisse aller, la paix au cœur à l’apothéose de cette fête +Epé Ekpé+ cette année », a souligné Henriette Kuevi Amedjogbé, ancienne ministre et cadre de la préfecture des Lacs.
Les cérémonies de « situtu » qui annonce les festivités de la prise de la pierre sacrée, ont démarré depuis quelques jours. Et tous les yeux maintenant sont tournés vers Glidji Kpodji pour la 354è édition d’Epé Ekpé, prévue le 1er septembre.
La cérémonie va-t-elle se dérouler dans « l’intimité des lieux sacrés », comme l’ont préconisé les dignitaires Gê ?
« Les hounon, houngla, tassinon, kpaga …, ont intérêt à respecter scrupuleusement les nouvelles dispositions », a averti un cadre d’Aného. FIN
Edem Etonam EKUE
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