Débats par-ci, déclarations tapageuses par-là : l’affaire relative à l’évasion fiscale à la société Wacem implantée à Tabligbo (localité située à environ 85 km au nord de Lomé), fait grand bruit depuis quelques jours dans la capitale togolaise où politiques et responsables d’organisations de la société civile donnent de la voix.
Publié dans un premier temps par le journal français Le Monde, le dossier a été relayé par des journaux locaux. Wacem a démarré ses activités à Tabligbo en 1996, après avoir racheté les installations de +Ciment de l’Afrique de l’Ouest+ (CIMAO), fermé en 1984, après cinq années d’activités. CIMAO avait été créé par les gouvernements du Togo, du Ghana et de la Côte d’Ivoire.
Selon le journal Le Monde dans son article titré: + »Panama Papers »: comment la fortune de magnats indiens du Togo finit dans les paradis fiscaux+, le géant du ciment ne respecte pas non plus les dispositions légales qui l’obligent à exporter au bas mot 70 %, sinon la totalité de sa production. Elle a plutôt déversé l’essentiel de son clinker à ses deux cimenteries situées au Togo que sont Fortia (Tabligbo) et Diamond Cement (Dalavé).
Plus fort, ses comptes bancaires au Togo n’abritent que des broutilles, comparé à l’ampleur de son activité, affirme le journal, citant plusieurs actionnaires togolais de cette société dont l’actuel Premier ministre Sélom Komi Klassou.
Ce dernier n’a pas réagi. Silence radio également du côté du gouvernement : d’où le tollé dans le rang des politiques et de la société civile.
« Il faut une enquête sérieuse dans ce dossier pour situer les responsabilités. Cette situation arrangera surtout l’Office Togolais des Recettes (OTR) qui va récupérer ses fonds auprès de Wacem. Ensuite, cette société doit quitter le régime de la zone franche », a martelé Jean Kissi, secrétaire national du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR, opposition), qualifiant le dossier d’une « lourde affaire politique ».
Selon lui, le chef de l’Etat Faure Gnassingbé « doit exiger que tous les ministres, tous les hauts fonctionnaires impliqués dans cette affaire, démissionnent pour répondre de leurs actes. S’ils sont blanchis, ils peuvent revenir ».
Pour Pasteur Edoh Komi, président du Mouvement Martin Luther King (MMLK), des « actions concertées » doivent être menées, afin que « lumière soit faite » sur ce dossier.
« Ne pas dénoncer des crimes économiques, d’évasion fiscale, de sabotage et d’atteinte à l’économie nationale en vue de sanctionner et de punir les auteurs par les procédures judiciaires fiables et justes, reviendrait à être complice de leurs actes coupables ou de les encourager à commettre d’autres crimes », a-t-il souligné dans un communiqué rendu public, appelant au passage à une mobilisation de la société civile et des politiques.
Le parti ADDI (Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral /Opposition) de son côté, réclame une « enquête parlementaire ». « Cette enquête parlementaire va vérifier que si les cas avérés à la suite des enquêtes sont justifiés confirmés. Si c’est confirmé évidemment, le Premier Ministre doit démissionner », a exigé Aimé Gogué, le président de l’ADDI.
L’homme de la rue, n’est pas aussi indifférent, au regard du grand bruit autour de cette affaire.
« A mon avis, le Premier ministre doit dire quelque chose aux togolais, par rapport à ce dossier. Je souhaiterais qu’il s’exprime et qu’il donne sa part de vérité », a suggéré Kossigan Pierre, conducteur de taxi-moto.
Elise Doussa, coiffeuse, estime de son côté que le Premier ministre, n’est pas tenu de réagir : « c’est un faux problème. M.Klassou est togolais, il peut avoir des actions dans une société, s’il le désire ». FIN
Junior AUREL
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