Le procès de l’ex-Première dame ivoirienne Simone Gbagbo pour crimes contre l’humanité à Abidjan a été marqué mardi par l’audition d’un ex-chef de milice, proche de l’ex-président Laurent Gbagbo, et qui a accusé Mme Gbagbo d’avoir financé son mouvement.
Actuellement emprisonné, Moïse Metchro Harolde Metch, dit « commandant Hôtel ou Colonel H », est arrivé à l’audience menotté. Il s’est présenté comme le « chef du Groupement des patriotes pour la paix (GPP) », une des nombreuses milices qui sévissaient en Côte d’Ivoire lors du règne de M. Gbagbo de 2000 à 2011.
Les milices du GPP avaient été constituées en septembre 2002 après le coup d’Etat manqué de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) contre le président Gbagbo.
« J’appartenais au GPP, une branche de la galaxie patriotique (mouvement proche du régime de M. Gbagbo). Simone Gbagbo était la financière des patriotes, dont le GPP », a affirmé M. Metch à la barre.
« Le GPP est né dans le but de maintenir Laurent Gbagbo au pouvoir », a-t-il martelé.
La cour d’assises d’Abidjan juge depuis le 31 mai Mme Gbagbo, âgée de 67 ans, pour crimes contre l’humanité, crimes contre les prisonniers de guerre et crimes contre les populations civiles, commis lors de la crise post-électorale de 2010-2011, qui a fait plus de 3.000 morts en cinq mois.
Cette crise avait été provoquée par le refus de M. Gbagbo de reconnaître la victoire de son rival Alassane Ouattara à la présidentielle de novembre 2010.
Mme Gbagbo est citée, selon l’accusation, pour son implication dans les tirs d’obus sur le marché d’Abobo, un quartier pro-Ouattara (l’actuel président ivoirien), dans la répression sanglante des femmes d’Abobo et pour sa participation à une cellule de crise qui planifiait et organisait des attaques, à travers des milices et des forces armées proche du régime.
Premier témoin à charge, l’ex-milicien a expliqué mardi pendant près d’une heure le rôle et les actions de son mouvement.
« Notre rôle était de réprimer les manifestations de l’opposition pro-Ouattara de l’époque », a-t-il déclaré, ajoutant: « nous disposions de cartes professionnelles qui nous permettaient de porter des armes. Avec ces armes, nous intimidions les militants de l’opposition en procédant par moments à des incursions musclées dans les mosquées ».
Charles Blé Goudé, l’ex-leader de la jeunesse pro-Gbagbo, chef des « jeunes patriotes » et M. Gbagbo comparaissent tous deux devant la Cour pénale internationale (CPI) pour leur rôle présumé dans la crise post-électorale.
Cette crise a connu son épilogue avec l’accession au pouvoir de M. Ouattara et l’arrestation de M. Gbagbo en avril 2011.
SOURCE : AFP