Le Centre Hospitalier et Universitaire (CHU) Sylvanus Olympio de Lomé — le plus grand centre de santé du Togo – est confronté à un vaste système de vols, de corruption et de détournements, information rapportée ce vendredi par le journal L’Alternative, citant le premier responsable dudit centre.
Dans un entretien à ce canard, le Col Adom Wiyoou Kpao, (Directeur général du CHU) a dénoncé dans des mots « crus », les maux dont souffre ce grand centre de santé : corruption, détournement des matériels, vols, négligence, manque de conscience professionnelle, détournement des malades etc…
Pour le Col Adom, le problème de son établissement est essentiellement lié aux « mentalités » des agents, surtout celles des chefs services, souligne le journal.
Le CHU Sylvanus Olympio emploie 1400 agents devant s’occuper de 800 lits. La charge salariale mensuelle s’élève à 151 millions de F CFA, contre des recettes qui s’élèvent en moyenne de 95 millions de F.CFA.
« Le mal de cet hôpital, ce sont les mentalités. De tous les agents, à peine 2 sur 10 sont intègres », dénonce la Direction. Le Colonel qui dit « vouloir amener ses collaborateurs à prendre de nouveaux comportements », indexe la corruption de ses agents, leur manque de conscience professionnelle.
« Si vous allez par exemple au service du transport routier, plus de 50% des certificats de vision provenant du CHU SO sont délivrés par des agents qui empochent eux-mêmes les sous. Vous trouvez des agents qui ont eux-mêmes des facturiers (Ndlr: parallèlement au circuit normal de comptabilité) au boulot dans leurs bureaux », dévoile le premier responsable du CHU Sylvanus Olympio.
Selon le journal, le Colonel et ses proches collaborateurs pointent du doigt les agents. Ils évoquent de nombreux cas de vols de consommables et de détournements de matériels.
« Par exemple, ils ont cité le cas d’une acquisition d’un stock de 210 cartons de papiers rames et de cartouches d’encre qui a fondu en quelques semaines. Au contrôle, les dégâts sont importants : 103 cartons de papiers et 44 cartouches d’encre disparus. Ils citent aussi des cas où d’importantes différences sont notées entre la quantité de produits déclarés à l’acquisition et celle utilisée finalement. Ils disent avoir découvert par exemple, suite à un contrôle, une différence de deux millions de valeur de produits disparus entre la pharmacie et le service d’anesthésie. La quantité de produits finalement utilisée pour les patients est de deux millions inférieure à celle acquis à la pharmacie », écrit L’Alternative, affichant à sa +Une+, un lot de matériels saisi chez le personnel.
« Il m’arrive par exemple avant de signer une commande d’achat de gants stériles de me poser des questions de savoir où cela passe. Parce que, au même moment que moi j’achète des gants, les médecins prescrivent encore aux patients les gants », raconte le Col Adom, avant de s’interroger : « Les gants que moi j’achète passent où finalement ? Aucun service du CHU sylvanus Olympio n’est épargné.
A la Pédiatrie, il dénonce « une mauvaise organisation, du chef jusqu’au dernier agent ».
« Je suis allé deux fois au tribunal à cause de la Pédiatrie. Parfois, dans ce service, les infirmiers s’absentent et se font remplacer par des amis qui ont été formés sur le tas et qui administrent des traitements inadéquats qui parfois causent la mort des enfants », déplore-t-il.
Le Colonel évalue à 60% les prestations de la Pédiatrie dont les traces ne figurent nullement dans les documents comptables du CHU.
Egalement à la Chirurgie, il regrette des opérations privées clandestines : « Parfois, le chirurgien déclare un pansement juste avant d’accéder à la salle opératoire, mais en réalité il y va avec un patient pour l’opérer d’une appendicite dont il fixe lui-même le coût et empoche l’argent ».
« Si le Colonel Adom Wiyoou Kpao est critique vis-à-vis de son personnel, il l’est particulièrement vis-à-vis des professeurs, chefs-service qu’il accusent de négligence, d’absentéisme et de détournement des malades, d’agents et de matériels vers leurs cliniques privées », souligne L’Alternative.
« Si j’avais la possibilité de renvoyer des gens ici », a martelé le Directeur du CHU Sylvanus Olympio, « je commencerais par les professeurs; mais hélas, je n’ai pas cette possibilité ».
A celle allure, le centre de santé de référence va s’écrouler si rien s’est fait. Alors depuis le 1er juin, la Direction a mis en œuvre une nouvelle mesure sécuritaire qui consiste au changement des anciens agents de sécurité du CHU SO par ceux d’une agence de sécurité privée, note le journal. FIN
Junior AUREL
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