M. Alexandre de Souza a brillamment soutenu lundi à l’Auditorium de l’Université de Lomé, sa thèse de doctorat unique sur « Intelligence, Raison et Liberté dans le système Aɖaŋu » avec une mention « très honorable », a constaté une journaliste de l’Agence Savoir News.
C’est un examen de soutenance de thèse de doctorat unique pour l’obtention du grade de Docteur Es Lettres et Sciences Humaines (Option Philosophie Politique/ Spécialité : Norme, culture et civilisation).
Pendant plus de trois heures d’horloge, M. Alexandre de Souza a présenté son travail dans un langage clair et soutenu. Un document de plus de 500 pages intitulé « Intelligence, raison et Liberté dans le système Aɖaŋu ». Noyau central de ses études : les « Eʋeawo », peuple Eʋe du Sud Togo, Ghana et Bénin.
Dans sa globalité, l’étude de M. de Souza a pour ambition de servir de guide, non seulement pour l’homme africain qui veut comprendre pourquoi son continent ne se développe pas, mais aussi pour l’expert occidental qui croit avoir réponse à tout, surtout en ce qui concerne les stratégies de développement rapide ou de réussite.
Mais que signifie « Aɖaŋu »? Comment se manifeste-t-il? Pourquoi l’étudier et quels sont les objectifs de cette thèse?
Selon l’impétrant, « Aɖaŋu » est comme un système de gouvernement, une réalité centrale de la vie des « Eʋeawo ».
Le système Aɖaŋu est cette faculté en toute somme positive, au service de la production, du maintien, de l’entretien, de l’organisation, de la régulation et de l’épanouissement de la vie. Il réside dans l’intelligence humaine et s’exerce dans la volonté et la liberté à travers la raison. Et parler de ce système, c’est dire comment nos populations africaines vivaient avant la colonisation. L’objectif, c’est d’arriver à nous insérer dans le progrès.
« L’Afrique ayant été agressée dans sa culture, elle pose la résistance à tout ce qui est progrès. Or aujourd’hui, pour arriver à concilier les deux tendances +tradition et progrès+, il est important que l’homme africain connaisse son origine et sa culture, sache exactement où il va. C’est seulement en connaissant cela qu’on peut arriver à nous insérer dans le progrès », a longuement expliqué M. de Souza.
L’objectif de cette thèse « est de montrer comment Aɖaŋu se déploie comme témoin véritable d’intelligence chez l’homme de la communauté des « Eʋeawo », pour ainsi dire, chez l’homme africain (surtout le noir au sud du Sahara).
Il s’agit en outre, d’apporter une réponse positive et affirmative aux questions relatives aux acquis ».
Pour atteindre ses objectifs, la thèse s’est appuyée sur un important corpus d’ouvrages, ensuite confronté les pensées, les résultats, les savoirs issus de la rationalité Aɖaŋu, avec les pensées de grands auteurs. Et pour conduire cette recherche, le candidat s’est basé sur la technique d’analyse des cultures et civilisations (élaborée dans le cadre de la théorie générale de la norme pour l’évaluation des faits de civilisation), dont les principaux concepts mis en relief sont : l’inculturalité, l’extraculturalité, la transculturalité, la continuité intraculturelle, le génotype social, le phénotype social, le traumatisme culturel et l’adaptation intraculturelle.
L’étude de M. de Souza comprend quatre chapitres portant respectivement sur : « Les origines et sens du système Aɖaŋu », « La continuité spatio-temporelle des valeurs Aɖaŋu », « Les pratiques opposées à Aɖaŋu comme caractérisant les modes de vie dans d’autres sociétés de type non africain » et enfin « Les progégomènes à une théorie politique révolutionnaire et anti-utopique ».
Ses recherches ont permis de déceler des capacités des africains à faire face aux problèmes relatifs au développement de leur continent, allusion faite à certaines civilisations dont les « Eʋeawo ».
« Il nous a été donné de découvrir à leur niveau, l’existence d’un véritable système d’organisation sociale, économique, politique ayant pour finalité l’épanouissement de l’être Eʋe. Et cette organisation est relative au système Aɖaŋu », a expliqué M. de Souza.
Ce dernier a été félicité par le jury pour son parcours et le travail accompli et lui a décerné le grade de « Docteur de Sciences de l’homme et de la Société, option philosophie, spécialité norme, culture et civilisation », avec la mention +Très Honorable+ ».
« Il s’agit de l’aboutissement d’un long parcours, mais c’est également un nouveau départ », a déclaré le jeune Docteur.
« Aujourd’hui, nous devons envisager de nous insérer plus proprement dans la recherche et de façon plus permanente. Cette thèse s’est également appesantie sur l’interprétation des faits civilisationnels occidentaux.
Maintenant, il faut s’intéresser aux autres civilisations : la culture chinoise et la culture indienne par exemple », a-t-il ajouté.
Notons que le jury a été présidé par Pr N’buéké Goeh-Akue (Professeurs titulaire Université de Lomé), assisté par Pr Domwini Kuupole (président de l’Université de Cape Coast/Ghana) et des Professeurs John Aglo et Iba Ballong (maîtres de conférences/Université e Lomé).
Rappelons que M. Alexandre de Souza est chef d’entreprise et écrivain de nationalité togolaise. Chercheur en civilisations à l’Université de Lomé, il est l’auteur d’une dizaine d’œuvres parues en France, au Togo et au Bénin. FIN
Ambroisine MEMEDE
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