Le Combat pour l’Alternance Politique (CAP 2015, regroupement de quatre partis politiques de l’opposition) a dénoncé et condamné « fermement la conduite unilatérale et en catimini du processus » du processus de décentralisation par le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé.
La sortie de ce regroupement, fait suite à la rencontre tenue par le président Faure Gnassingbé avec les chefs traditionnels le 29 mars dernier.
Le chef de l’Etat avait échangé avec les gardiens des us et coutumes au nouveau Palais de la présidence, rencontre visant à leur présenter la feuille de route de la décentralisation et des élections locales élaborée par un « comité technique », et mise en œuvre par le gouvernement.
Cette séance d’échanges fait suite à l’adoption par le Conseil des ministres d’un projet de loi relatif à la création de nouvelles communes. Elle a permis de préciser l’esprit et les modalités de mise en œuvre de ce projet qui aura une « incidence majeure » sur l’organisation administrative du Togo.
Le chef de l’Etat avait convié les chefs traditionnels du Togo à s’approprier les objectifs de la feuille de route de la décentralisation et à s’impliquer activement dans sa mise en œuvre.
« La décentralisation permet d’améliorer l’organisation administrative et de la rendre plus efficace en déléguant des pouvoirs à des élus locaux… Nous devons tous œuvrer à son succès car l’objectif ultime est de faire reculer la pauvreté. Mais le gouvernement ne peut pas agir tout seul. C’est pourquoi nous avons tenu à recueillir vos observations, vos suggestions et vos critiques pour mieux avancer », avait précisé Faure Gnassingbé devant les têtes couronnées.
Dans une déclaration rendue publique lors d’une conférence tenue jeudi à Lomé, CAP 2015 « dénonce et condamne fermement la conduite unilatérale et en catimini du processus en cours par le Chef de l’Etat et le gouvernement qui se refusent à mettre les documents pertinents de la feuille de route de la décentralisation à la disposition de tous ».
« Il urge de convenir de manière transparente d’un calendrier conséquent, assorti des grandes lignes d’un chronogramme réaliste pour la gestion consensuelle du processus de décentralisation et l’organisation des prochaines élections locales », souligne le texte signé de Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson, présidente du CAP 2015.
D’après les documents publiés, souligne CAP 2015, le gouvernement a procédé « à un charcutage des collectivités existantes engendrant notamment:
la dissolution des villes chefs-lieux des préfectures dans une nébuleuse de communes créées à des fins électoralistes.
la suppression de la qualité de collectivité territoriale conférée à la préfecture par la Constitution et la loi
et la désorganisation des assemblées délibérantes élues et des maires par le maintien d’une administration infra communale incarnée par les représentants du pouvoir central que sont les chefs cantons et les chefs de village ou de quartier des villes ».
« On note de plus, une volonté manifeste de ralentir voire d’empêcher le transfert de compétences aux collectivités territoriales par une justification fallacieuse invoquant une surcharge de travail des autorités de tutelle, (gouverneur ou préfet) et un mode de scrutin à deux tours certes, mais qui reste grotesque, inique et arbitraire pour la désignation des membres des conseils des collectivités territoriales », dénonce CAP 2015.
Précisons que dans la feuille de route, le « comité technique » propose selon le gouvernement plusieurs « innovations », notamment la communalisation intégrale du pays et la non discrimination entre les communes.
Les communes issues de ces innovations seront dirigées par les nouvelles autorités locales élues et dont la mission principale, sera de favoriser le développement local participatif et la promotion sociale des communautés à la base. Ces communes seront, soit des regroupements de cantons, soit des cantons pris individuellement, soit un regroupement de quartiers.
Rappelons qu’au Togo, les dernières élections locales remontent à 1987. Les Mairies sont dirigées par des présidents de délégations spéciales.
Ces dernières années, l’opposition a plusieurs fois, accusé le pouvoir de retarder la tenue des élections locales.
Depuis quelques mois, le sujet fait encore grands bruits dans les débats politiques où le pouvoir est toujours pointé du doigt. FIN
En Photo: Mme Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson (au milieu), lors de la rencontre.
Junior AUREL
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