Le groupe islamiste Boko Haram a affirmé vendredi dans une vidéo avoir l’intention de «poursuivre (ses) activités» sous les ordres d’Abubakar Shekau, une semaine après que son chef fut apparu affaibli dans un autre enregistrement qui semblait présager d’une fin proche.
Dans la vidéo précédente, de mauvaise qualité, postée sur Youtube le 24 mars, Shekau apparaissait le visage émacié et déclarait, dans un débit relativement lent et sans le cynisme qui le caractérise d’habitude, que pour lui, «la fin (était) venue».
La nouvelle vidéo, également postée sur Youtube et dont on ignore où et quand elle a été tournée, est de bien meilleure qualité. Le «califat» de l’organisation État Islamique (EI), auquel Boko Haram a prêté allégeance en mars 2015, est mentionné à plusieurs reprises ainsi que son chef, Abou Bakr Al-Baghdadi.
«Nous allons poursuivre nos activités sous les ordres du représentant de la branche ouest-africaine (du califat) Sheikh Abubakar Shekau», affirme un homme dont le visage est entièrement recouvert d’un chèche noir, qui se tient debout devant des véhicules tout-terrain, dans un paysage désertique, flanqué de huit hommes armés en tenue militaire.
«Il n’y a pas de trêve, il n’y a pas de négociations, on ne dépose pas les armes», insiste-t-il en haoussa, la langue la plus parlée dans le nord du Nigeria. Le message, long d’une douzaine de minutes, est sous-titré en arabe.
On pense que Shekau se cache dans la forêt de Sambisa, un des fiefs historiques de Boko Haram, dans l’État de Borno, où l’armée a détruit plusieurs bases arrières des islamistes.
L’armée nigériane a déjà annoncé plusieurs fois sa mort et lui prête de nombreux sosies.
Certains experts s’interrogent sur l’authenticité de la première vidéo, pointant du doigt notamment le fait que l’image, très sombre, ne permet pas de distinguer clairement les traits de Shekau.
S’il est fait mention de Shekau dans la nouvelle vidéo, celui-ci n’apparaît à aucun moment. Pour Ryan Cummings, spécialiste des questions de sécurité en Afrique, l’absence du leader dans les messages vidéo est une des marques de fabrique de l’EI et des groupes qui y sont affiliés.
Aussi, la qualité de cette nouvelle vidéo, «en termes de production, s’apparente à celle de la branche médias de l’EI», a-t-il ajouté, dans un entretien téléphonique avec l’AFP.
Mais plus d’un an après le serment d’allégeance de Boko Haram à l’EI, on ignore toujours «si cela s’est traduit par des liens opérationnels sur le terrain», et «il n’existe pas de preuve tangible» de cela, selon M. Cummings.
Le Nigeria a mené l’année dernière une offensive de grande envergure avec l’appui du Tchad, du Niger et du Cameroun voisins, qui a permis de reprendre la plupart des villes et villages du nord-est du pays tombés aux mains de Boko Haram.
Depuis, le groupe aurait de plus en plus de mal à s’approvisionner, même en carburant, et certains combattants affamés auraient fini par se rendre. Mais les attentats-suicides, qui demandent peu de moyens logistiques, se poursuivent.
L’insurrection islamiste de Boko Haram, lancée en 2009 après l’exécution de son leader historique, Mohammed Yusuf, par les forces de l’ordre, a déjà fait environ 20.000 morts, selon une récente estimation.
SOURCE : AFP