Les béninois ont voté ce dimanche dans le calme pour élire leur nouveau président entre le Premier ministre Lionel Zinsou et l’homme d’affaires Patrice Talon. Boni Yayi qui boucle 10 ans à la tête du pays, ne pourra pas briguer un troisième mandat, conformément à la constitution béninoise.
La plupart des bureaux de vote ont ouvert à 7H (6H GMT) pour fermer à 16H (15GH GMT), soit 9H de vote.
Comme au premier tour, les nouvelles cartes d’électeurs biométriques, ainsi que celles de 2015, étaient acceptées dans les bureaux de vote. Les nouveaux majeurs ayant leurs noms sur les listes d’émargement, ont été encore autorisés à titre exceptionnel, à utiliser leur pièce d’identité nationale pour voter, en raison des « difficultés liées à la distribution des cartes d’électeurs ».
La Cédéao a déployé sur le terrain pour ce second tour 70 observateurs. La plateforme électorale des Organisations de la Société Civile (OSC) a de son côté, déployé plus de 3.000 observateurs sur le terrain.
La Cour constitutionnelle du Bénin, ainsi que la Commission Électorale Nationale Autonome (CENA) ont aussi envoyé, leurs +observateurs+ dans tous les bureaux de vote.
« Le scrutin s’est déroulé dans le respect des exigences du code électoral et dans une bonne ambiance, malgré les psychoses sur les réseaux sociaux. Mais, cela fait partie peut-être de notre génie de nous faire peur pour nous sentir heureux, parce que nous avons relevé le défi », a pour sa part déclaré à l’Agence Savoir News, le président de la Cour constitutionnelle Théodore Holo.
Même son de cloche à la Plateforme électorale des Organisations de la Société civile.
« Globalement, le scrutin s’est déroulé de manière satisfaisante sur l’ensemble du territoire national », a affirmé Mme Reine Alapini Gansou, porte-parole de cette Plateforme, relevant quelques « incidents et dysfonctionnements » dans certains bureaux de vote.
La mobilisation était faible durant tout le vote, ont constaté des journalistes de l’Agence Savoir News. Même constat du côté des envoyés spéciaux de la télévision nationale. Plusieurs observateurs déployés sur le terrain, ont relevé la même chose.
Cette situation serait due à la fête des Rameaux ce dimanche dans les Eglises, qui marque l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem.
« Ce que nous avons vu est très encourageant », a affirmé devant des journalistes Kadré Désiré Ouédraogo, le président de la Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao), après avoir fait le tour de certains bureaux de vote ce dimanche à Cotonou.
« Les membres des bureaux de vote sont en place, le matériel est en place, les représentants des candidats sont là, les représentants de la Cour constitutionnelle et de la CENA sont aussi là. Nous avons constaté un processus normal partout. Nous ferons le point, après le retour de tous nos observateurs », a-t-il souligné.
« J’ai décidé de me lever tôt pour voter, car je n’aurai pas le temps dans la journée. Mon souhait est que tout se passe dans le calme », a confié Alain, un conducteur de zémidjan rencontré dans le poste de vote du CSP Gbèdomidji.
Pour Rodrigue, enseignant dans un collège privé, le prochain président de ce pays, sera son candidat : « J’ai voté pour mon candidat et je suis sûr, qu’il gagnera brillamment ».
Samedi dernier, les Rois traditionnels du Bénin ont décidé d’observer une « neutralité », invitant les béninois à « choisir librement leur candidat ».
Trois jours plutôt, l’Eglise catholique avait aussi appelé les béninois à voter « selon leur conscience éclairée par la lumière de Dieu et l’amour de la patrie ».
Porté par les Fcbe (la grande coalition au pouvoir), M.Zinsou (61 ans), est un banquier d’affaires franco-béninois. Ce dernier est soutenu par les deux poids lourds de l’opposition, la Renaissance du Bénin (RB) du Maire de Cotonou Lehady Soglo et le Parti du Renouveau Démocratique (PRD) de Me Adrien Houngbédji, actuel président du Parlement.
M.Zinsou avait obtenu au premier tour, 856.218 voix contre 746.798 pour M.Talon (57 ans), l’homme d’affaires qui a fait fortune dans le coton. Il obtient le soutien de 25 candidats malheureux dont Sébastien Ajavon, Abdoulaye Bio Tchané et Irénée Pascal Koupaki, arrivés en 3è, 4è et 5è position.
Dépouillement dans la vigilance
A la clôture du vote, le dépouillement s’est déroulé sur place devant le public. Les bulletins sont comptés à haute voix et les votes effectués par les électeurs sont bien surveillés par les représentants des candidats.
Dans certains postes de vote, les représentants des candidats se sont parfois tiraillés sur des bulletins annulés.
« C’est la vigilance totale, rien n’est à négliger », a déclaré le représentant du candidat Zinsou dans un poste de vote à l’EPP Sikè Sud où certains militants des deux candidats étaient sortis pour suivre le dépouillement.
La plupart se sont, postés à côté ou derrière les fenêtres des salles de classes pour vivre l’ambiance.
« Je suis sortie pour constater moi-même ce qui se passe. Personne ne doit me le raconter demain », a indiqué Julienne, la soixantaine.
Une fois le dépouillement terminé dans certains bureaux de vote, les urnes ont été acheminées dans les différents arrondissements sous haute surveillance des électeurs et représentants des candidats.
C’est le cas des urnes dans les 7è et 8è arrondissement à Gbéto. Des jeunes, notamment des conducteurs de taxi-motos, ont escorté les urnes des centres de vote de l’EPP CSP Béthanie de Gbéto et CSP Gbèdomidji jusqu’au terminus.
Tous les regards sont maintenant tournés vers la CENA, qui donnera les « grandes tendances » dans les « 48 heures », a promis le président de cette Institution.
Seule la Cour constitutionnelle est habilitée à donner les résultats provisoires, puis définitifs. Précisons que le nouveau président prêtera serment le 6 avril prochain. FIN
De Cotonou, Ambroisine MEMEDE
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