Après le Burkina et le Mali, la Côte d’Ivoire a été la cible dimanche d’une attaque jihadiste, un commando armé faisant 16 morts dans la station balnéaire très populaire de Grand-Bassam, le premier attentat de ce type dans le pays.
Le président Alassane Ouattara, qui s’est rendu sur les lieux, à une vingtaine de kilomètres à l’est d’Abidjan, a dénoncé une attaque « terroriste », qui a été revendiquée dans la soirée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
L’attaque rappelle celle d’un hôtel à Sousse (Tunisie) qui a fait 38 morts le 26 juin et revendiquée par le groupe État islamique (EI) et fait suite à plusieurs attaques en Afrique de l’Ouest visant des lieux fréquentés par des étrangers, à Bamako (20 morts dont 14 étrangers le 20 novembre) ou Ouagadougou (20 morts le 15 janvier).
Les assaillants sont arrivés par la plage et ont ouvert le feu au hasard, selon plusieurs témoins. L’un d’eux a affirmé qu’un des hommes criait « Allah Akbar » (Dieu est grand en arabe).
« Le bilan est lourd, les terroristes ont réussi à tuer quatorze civils et nous avons perdu deux membres des forces spéciales », a déclaré M. Ouattara qui s’est rendu sur les lieux quelques heures après l’attaque, ajoutant que six assaillants avaient également été tués.
Le président français François Hollande a dénoncé un « lâche attentat » dans lequel « au moins un Français » a été tué.
« La France apporte son soutien logistique et de renseignement à la Côte d’Ivoire pour retrouver les agresseurs. Elle poursuivra et intensifiera sa coopération avec ses partenaires dans la lutte contre le terrorisme », a-t-il ajouté.
Auparavant, le ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, avait indiqué dans un communiqué que trois hôtels avaient été la cible des assaillants. « Les forces de sécurités ivoiriennes sont intervenues immédiatement et ont pu neutraliser six terroristes », avait-il ajouté, soulignant que « les ratissages » se poursuivaient pour retrouver d’éventuels autres jihadistes.
Un photographe de l’AFP a indiqué avoir vu sept corps sur la plage et un autre dans l’hôtel Etoile du Sud, un des établissements attaqués. Un des corps lui a été présenté comme un assaillant tué.
Ces assaillants « puissamment armés et portant des cagoules ont tiré sur les occupants de L’Étoile du sud, un grand hôtel pris d’assaut par les expatriés en cette période de canicule », a expliqué un témoin joint par l’AFP.
– Kalachnikov et grenades –
« On était sur la plage, on a entendu des coups de feu et on a vu des gens fuir, on a compris que c’était une attaque », a raconté Braman Kinda, en montrant les photos de sept cadavres, dont au moins une femme, gisant sur la plage. Selon lui, les assaillants étaient quatre et « parcouraient la plage en tirant des coups de feu ».
Abbas El-Roz, un ressortissant libanais qui séjournait à l’Etoile du Sud, a également raconté que l’un d’eux portait un fusil d’assaut Kalachnikov et une ceinture de grenades.
Un autre témoin, Kouamena Kakou Bertin, transporteur, a indiqué que trois assaillants s’étaient enfuis à pied par la route.
L’attaque a provoqué des scènes de panique sur le pont séparant la zone touristique visée, le Quartier France, et la partie moderne de la ville. Un journaliste de l’AFP a vu une dizaine de personnes, dont une femme blessée, évacués dans un camion militaire alors que plusieurs autres, transportant des mitrailleuses lourdes, se dirigeaient vers le lieu de l’assaut. L’armée ivoirienne contrôlait strictement les personnes quittant la zone.
Ville historique et ancienne capitale de la Côte d’Ivoire sur la côte du Golfe de Guinée, Grand-Bassam abrite plusieurs hôtels fréquentés par une clientèle d’expatriés le long d’une plage où afflue la population abidjanaise en fin de semaine. C’est la première fois que le pays est la cible d’une attaque contre une zone touristique, alors que le secteur se remet lentement de dix ans de crise socio-politique.
La Côte d’Ivoire a également été jusqu’ici épargnée par les attentats jihadistes visant des touristes qui ont touché le Burkina Faso et le Mali ces derniers mois.
SOURCE : AFP