Un mandat d’arrêt a été lancé par la justice militaire du Burkina Faso contre le président de l’Assemblée nationale ivoirienne Guillaume Soro, ancien chef de la rébellion, dans le cadre du coup d’Etat raté du 17 septembre au Burkina Faso, a affirmé vendredi une source judiciaire à l’AFP.
« Un mandat d’arrêt international a été lancé contre M. Soro dans le cadre de l’enquête sur le putsch (raté) et les écoutes téléphoniques », selon cette source. Des enregistrements téléphoniques attribués à Djibrill Bassolé, ex-ministre des Affaires étrangères burkinabè (sous le régime du président déchut Blaise Compaoré), et à M. Soro ont été évoqués dans la presse en novembre.
Guillaume Soré et Djibrill Bassolé, actuellement emprisonné et qui fut un homme clé du régime Compaoré tombé en 2014, ont tous deux nié depuis avoir eu cette conversation, dénonçant une « manipulation ».
Dans l’enregistrement d’une quinzaine de minutes, les deux interlocuteurs envisagent la possibilité de soutenir le putsch (alors en cours) mené par le général Gilbert Diendéré, ancien bras droit de Compaoré et chef de Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’unité putschiste.
Les deux interlocuteurs évoquent aussi la possibilité de « frapper » dans le nord du Burkina pour faire « paniquer » l’armée régulière qui se préparait à donner l’assaut contre la base du RSP.
En décembre, le commissaire du gouvernement (procureur militaire) du Burkina, le lieutenant-colonel Norbert Koudougou, avait indiqué que les enregistrements avaient été versés au dossier, soulignant qu' »un expert » serait chargé d’authentifier ou de discréditer ces écoutes.
Début décembre, lors d’une interview à la radio privée Savane FM de Ouagadougou, le Premier ministre en exercice Isaac Zida avait affirmé que les écoutes téléphoniques étaient « authentiques ».
Le 16 septembre, des soldats du RSP avaient pris en otage le président Michel Kafando et le gouvernement avant de proclamer le coup d’État le lendemain. La mobilisation des citoyens et de l’armée loyaliste avait conduit à l’échec du putsch une semaine plus tard.
M. Bassolé a été interpellé à son domicile le 29 septembre. Il a été notamment inculpé de « haute trahison », « attentat à la sûreté de l’Etat » et « collusion avec des forces étrangères pour déstabiliser la sécurité intérieure ».
M. Soro, qui a également fait l’objet en décembre d’un mandat d’amener français dans le cadre de la plainte d’un fils de l’ancien président Gbagbo, s’était défendu mi-décembre devant l’Assemblée nationale affirmant que ces écoutes étaient des « chimères » et qu’il était « victime d’une des pires campagnes de dénigrement et de calomnie ».
« La spirale, l’emballement et l’affolement médiatique sans précédent contre ma personne méritent des clarifications après le passage de cette tempête inouïe », avait-t-il dit aux députés.
Aucune réaction de M. Soro ni de ses proches n’était disponible dans l’immédiat.
SOURCE : AFP