Le nouveau gouvernement formé par le Premier ministre Daniel Kablan Duncan à la demande du président Alassane Ouattara fait une place plus large aux femmes mais sans introduire de changement majeur par ailleurs, selon sa composition annoncée par la présidence mardi.
« L’ossature a été conservée. C’est un gouvernement de mission et de combat », a déclaré le Premier ministre soulignant qu’il y avait « cinq sortants et neuf entrants » et que parmi ces derniers, « quatre étaient des femmes ».
Cela porte à « neuf le nombre de femmes », soit « un quart du gouvernement » qui compte 36 membres contre 31 pour l’équipe précédente.
Le président Ouattara avait chargé le 6 janvier son Premier ministre de former un nouveau gouvernement. Ce remaniement gouvernemental était attendu depuis plusieurs semaines en Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao et de poids lourd économique d’Afrique de l’Ouest après une décennie de troubles.
Si l’ossature reste la même, trois portefeuilles importants — la Justice, la Défense et les Affaires étrangères — changent de main. Le Premier ministre n’a pas voulu commenter ces changements, renvoyant les journalistes vers le président Ouattara.
Le ministre de la Justice Gnenema Coulibaly est remplacé par Sansan Kambile, ancien magistrat, qui était jusqu’ici secrétaire général du gouvernement. Ce changement montre la volonté de M. Ouattara, à qui l’opposition a reproché une « justice des vainqueurs », de donner une image nouvelle dans le domaine crucial de la réconciliation nationale.
Aux Affaires étrangères, Charles Koffi Diby laisse la place à Abdallah Albert Toikeusse Mabri, qui était déjà au gouvernement et est une figure de l’Union pour la Démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI), la formation de l’ancien chef de la junte, le général Robert Gueï, qui fait partie de la coalition qui a soutenu l’élection de M. Ouattara.
Membre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), de l’ancien président Henri Konan Bédié, un des principaux alliés de M. Ouattara, M. Koffi Diby a été ministre sans discontinuer depuis 2005 et paie sans doute cette longévité.
Quant à la Défense, gérée directement par la présidence, Paul Koffi Koffi laisse son poste pour l’Enseignement supérieur et la Formation, tandis qu’un nouveau venu, Paul Charles Donwahi, devient ministre auprès du Président de la République, chargé de la Défense. Ancien membre du Conseil national de sécurité, M. Donwahi, qui a travaillé dans l’agro-alimentaire dans le privé, est le président du conseil régional de la Nawa (sud-ouest), frontalière du Liberia et encore en proie à des troubles.
« J’espère que l’enfant qui est né est beau », a annoncé M. Kablan Duncan à propos de son gouvernement, rappelant que l’objectif était de faire de la Côte d’Ivoire « un pays émergent en 2020 » et qu’il y avait « 29.000 milliards de F CFA » (44 milliards d’euros) d’investissements à réaliser pour atteindre ce but.
M. Kablan Duncan a aussi dû composer un gouvernement qui satisfasse tous les membres de la coalition ayant soutenu M. Ouattara lors de la présidentielle. Le président a symboliquement rendu visite lundi à M. Bedié dans sa ville natale de Daoukro.
La semaine dernière, le président Ouattara avait annoncé que le remaniement avait pour « objectif une plus grande cohésion pour plus d’efficacité dans l’action gouvernementale ».
L’équipe devra s’atteler à la construction d’une « Côte d’Ivoire nouvelle », selon l’expression de M. Ouattara qui a promis de renforcer le processus de réconciliation, de mieux redistribuer les richesses, de lutter contre le chômage des jeunes et de rédiger une nouvelle Constitution qui devra être approuvée par voie référendaire.
SOURCE : AFP