Dix pêcheurs ont été égorgés au couteau par des islamistes de Boko Haram dans trois villages proches de Baga, sur les rives du lac Tchad, dans le nord-est du Nigeria, ont rapporté jeudi un responsable local et un habitant.
L’attaque a eu lieu lundi, mais la région étant très isolée et les lignes téléphoniques n’y fonctionnant quasiment plus, les témoins ont dû attendre de rejoindre Maiduguri, la capitale de l’État de Borno, à plus de 100 km au sud, pour lancer l’alerte.
«Lundi à 16h, Boko Haram a attaqué trois villages sur les rives du lac Tchad où ils ont massacré 10 personnes, tous des pêcheurs», en évitant d’utiliser des armes à feu «pour ne pas attirer l’attention des soldats de Baga, ils ont utilisé des couteaux», a déclaré à l’AFP le président du syndicat des pêcheurs de l’État de Borno, Abubakar Gamandi.
«Ils ont tranché la gorge de 10 personnes», a confirmé Buhari Dan-Malam, qui habite un village voisin.
«À Bundaram, ils ont tué quatre personnes, puis à Fishdam, ils ont tué deux personnes, et à Kwatar Mali, ils ont tué quatre personnes», a précisé M. Gamandi.
Les villages de pêcheurs situés autour de Baga avaient tous été désertés en janvier, après une des attaques les plus meurtrières jamais commises par le groupe islamiste. Des centaines, voire des milliers de personnes avaient été tuées, des centaines de femmmes et d’enfants avaient été enlevés, et une grande partie de la ville de Baga avait alors été détruite.
«Depuis un mois, les habitants de la région de Baga (…) ont commencé à revenir dans certains villages sécurisés par l’armée pour relancer leur commerce de poisson, ils ramènent leurs poissons à Maiduguri, pour les vendre et gagner de l’argent parce que la vie dans les camps de déplacés est devenue très difficile, à cause du manque de nourriture», a expliqué M. Gamandi.
Bundaram, Fishdam et Kwatar Mali sont trois des cinq villages de la région considérés comme «débarassés de Boko Haram», c’est pourquoi «l’armée a autorisé les déplacés à retourner pêcher dans ces cinq villages», a-t-il poursuivi.
Lundi après-midi, M. Dan-Malam se trouvait chez lui à Doron Baga, un autre des cinq villages «sécurisés», quand il a vu «les hommes armés de Boko Haram» arriver.
«Ils ont essayé d’entrer dans Doron Baga, mais nous nous sommes mobilisés et nous avons commencé à leur faire peur, et ça nous a aidé à les repousser (…) parce qu’ils ont cru qu’il y avait des soldats dans le village», a-t-il raconté à l’AFP.
«Pour éviter d’être à nouveau attaqués, nous sommes partis pour Maidugiri», a-t-il poursuivi, mais « nous n’avons pas d’autre option que de risquer notre vie et de rentrer chez nous, parce que pêcher, c’est tout ce qu’on sait faire ».
La semaine dernière, «neuf cultivateurs de pastèques ont aussi été tués à Dabar Wiya», dans la même région, où ils étaient revenus pour la récolte, selon M. Gamandi, qui n’a pu fournir plus de détails.
La région du lac Tchad, dédale de centaines d’îlots et de chenaux cachés entre les hautes herbes, sert de repaire aux combattants islamistes de Boko Haram, qui viennent s’y dissimuler et rafler du bétail et des récoltes.
L’armée tchadienne a récemment lancé une vaste opération sur des îles du lac Tchad contre Boko Haram. «Environ 1000 hommes (des forces de sécurité et de défense tchadiennes) sont positionnés pour occuper toutes les îles et neutraliser» le groupe islamiste, selon une source sécuritaire.
SOURCE : AFP