Des organisations de la société civile burkinabè ont dénoncé dimanche « un coup d’Etat en cours » contre les autorités intérimaires et réclamé la dissolution de la garde présidentielle, engagée dans un bras-de-fer avec le Premier ministre Isaac Zida.
A trois mois de l’élection présidentielle du 11 octobre, le Burkina est plongé dans une grave crise autour du Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Ce corps d’élite, qui fut le bras armé de l’ex-président Blaise Compaoré –chassé par la rue en octobre après 27 ans de règne– exige le limogeage du lieutenant-colonel Isaac Zida, pourtant l’un des siens.
« Depuis le 28 juin 2015, une tentative de coup d’Etat est en cours de perpétration dans notre pays », ont affirmé une trentaine d’organisations de la société civile dans un communiqué.
Un tel projet « vise la liquidation de la transition, des acquis et promesses de l’insurrection » anti-Compaoré et « la restauration de l’ancien système mafieux, militaro-politique qui a sévi pendant 27 ans », ont-elles assuré.
Ces organisations ont exigé « la dissolution pure et simple » du RSP, y voyant une « nécessité impérieuse et non négociable ».
Le gouvernement a affirmé qu’un complot contre M. Zida fomenté par des membres de la garde présidentielle avait été déjoué le 28 juin. Mais des officiers du régiment controversé ont accusé le Premier ministre d’avoir monté « un faux complot » pour tenter de « se maintenir au pouvoir ».
Après avoir tenté de jouer les médiateurs durant plusieurs jours, le président Michel Kafando, dans un appel teinté d’impuissance, a exhorté vendredi ses compatriotes à éviter que le pays ne sombre dans le « chaos ».
La première crise autour du RSP (1.300 hommes) remonte à février: la garde présidentielle exigeait déjà la démission de M. Zida, qui avait réclamé la dissolution « pure et simple » du régiment, avant de se raviser.
Le RSP est accusé d’être impliqué dans des assassinats comme celui du journaliste Norbert Zongo à la fin des années 1990.
Mis en place après la chute de Blaise Compaoré, le régime de « transition » dirigé par le président Kafando et son Premier ministre devra rendre les rênes du pays au nouvel exécutif issu de la présidentielle d’octobre.
SOURCE : AFP