Des producteurs de charbon de bois venus des préfectures d’Agou et de Zio ont entamé mardi à Avédjé (environ 108 km au nord de Lomé/préfecture d’Agou), sept jours de formation sur les techniques d’utilisation de la +meule casamançaise+ en vue d’améliorer leur rendement dans la production de charbon de bois, a constaté un envoyé spécial de l’Agence Savoir News.
+La meule Casamançaise+ est une technique de carbonisation améliorée qui est née dans la région de Casamance au Sénégal. Elle est une variante de la meule traditionnelle dont la particularité est l’introduction d’une cheminée qui permet d’accélérer le processus de la carbonisation et d’augmenter plus rapidement la température dans la meule.
Cette formation, initiée par l’Ong CADO (Centre d’Assistance aux Démunis et Orphelins) s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du volet 3 — Promotion de la filière Bois/énergie — du Programme de Développement Rural y compris l’Agriculture (ProDRA), l’un des programme mis en œuvre par les gouvernements allemand et togolais dans trois zones d’intervention (Kpalimé, Sokodé et Tsévié), dans le cadre de la coopération bilatérale entre l’Allemagne et le Togo.
La formation vise à renforcer les capacités des producteurs de charbon de bois à travers l’utilisation d’une technologie améliorée.
De façon spécifique, il s’agira de faire acquérir aux participants, les différentes étapes de la carbonisation à haut rendement ainsi que le savoir-faire en matière de techniques de construction et d’utilisation de la meule améliorée pour la production du charbon de bois.
Elle vise également à montrer aux participants, les avantages liés à l’utilisation de la meule améliorée et à appuyer l’Ong CADO à intégrer la carbonisation améliorée dans son offre de formation.
La formation va se dérouler en deux phases: théorique et pratique. La phase théorique consiste à sensibiliser les participants sur la gestion rationnelle des ressources forestières, puis à recueillir leur avis et attentes par rapports aux modules qui seront développées.
La phase pratique consiste à effectuer des visites de terrain dans des champs, afin de leur montrer les différentes techniques de la méthode casamançaise : comment elle se fait, quelles sont ces avantages et les difficultés rencontrées dans la carbonisation.
La phase pratique consiste également à expérimenter la pratique de la méthode traditionnelle et celle de la meule casamançaise, et de faire une comparaison au niveau des rendements obtenus.
La cérémonie d’ouverture a été présidée par le Directeur Préfectoral de l’Environnement de la préfecture d’Agou, Alino Agbéko en présence de M. Séna Dzahini (Coordinateur de l’Ong CADO) et M. Jérémie Kokou Fontodji (Conseiller Technique du Volet 3 de ProDRA de Lomé).
Pour le Directeur Préfectoral de l’Environnement de la préfecture d’Agou, l’utilisation de la meule casamançaise pour la carbonisation du charbon de bois vient appuyer les efforts du gouvernement togolais à la restauration de la forêt : « puisqu’il ne s’agit pas seulement de former les producteurs de charbon de bois sur la carbonisation, mais ils seront également formés sur la culture du reboisement à travers la mise en terre des essences à croissance rapide ».
« La meule casamançaise est une meule qui rentabilise à plus de 95% la carbonisation. La pratique traditionnelle fait perdre plus de 50% le taux de rentabilité du charbon de bois. Donc avec cette pratique, les carbonisateurs ne vont plus perdre assez de bois pour avoir une petite rentabilité de bois », a souligné Alino Agbéko.
« Si aujourd’hui, nous faisons la promotion de la meule casamançaise, c’est par rapport à ses avantages, parce que la production de charbon de bois au Togo est un facteur fondamental de déforestation qui contribue à plus de 5.000 hectares par an. La meule casamançaise permet d’améliorer les rendements par rapport à la meule traditionnelle. Les rendements de la meule traditionnelle sont de l’ordre de 10 à 11%, alors que la meule casamançaise nous donne des rendements de l’ordre de 25%. Elle permet de réduire le temps de la carbonisation par rapport à la meule traditionnelle », a pour sa part indiqué Jérémie Kokou Fontodji.
Selon lui, l’utilisation de la meule casamançaise a plusieurs avantages : « Un autre avantage de la meule casamançaise est le liquide périligneux, qui est un liquide du bois qu’on récupère à partir de la meule casamançaise. C’est un liquide qu’on ne peut jamais récupérer avec la technique traditionnelle. Ce liquide a plusieurs avantages. Il permet de lutter contre les insectes et les ravageurs et d’améliorer la qualité de l’alimentation des bétails ».
« Quand nous réunissons ses avantages, nous trouvons que c’est fondamentale et important, voire impératif de vulgariser la technique de la meule casamançaise, étant donné que nous le voulons ou non, nous allons dépendre encore pour longtemps du bois-énergie au Togo », a ajouté M.Fontodji.
« Cette formation vise à familiariser les participants à maîtriser la méthode casamançaise qui permettra d’agir moins sur les ressources forestières notamment le bois énergie. Au-delà de l’objectif visé par l’Ong CADO, il s’agit également d’amener les participants des zones dans lesquelles nous faisons les reboisements avec les projets de la FAO, à préserver les acquis de ces projets en cours dans la reforestation », a souligné Séna Dzahini.
Durant les sept jours, les participants seront formés sur les différentes techniques d’utilisation de la meule casamançaise, ces avantages ainsi que sur les techniques de reboisements et de restauration des forêts. FIN
De retour à Kpalimé, Ahmed MAESTRO
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