Me Adrien Houngbédji, le nouveau président du Parlement béninois élu le 20 mai dernier, a été officiellement investi ce lundi à Porto-Novo, localité située à environ 30 km à l’est de Cotonou, a constaté l’envoyée spéciale de l’Agence Savoir News.
La cérémonie s’est déroulée sur l’esplanade de l’Assemblée nationale en présence de plusieurs personnalités dont des diplomates. Une dizaine de délégation des présidents de l’Assemblée nationale des pays de la sous-région dont celui du Togo Dama Dramani, étaient aussi présents.
Vêtus d’un costume bleu, Me Adrien Houngbédji, a été fortement applaudi, lors de son allocution.
« Notre pays vient de confirmer une fois encore son attachement à l’alternance démocratique et il l’a fait de belle en réalisant l’alternance des majorités au sein de son Parlement. Cet exploit mérite d’être salué », a déclaré le président du Parlement.
« C’est en se déclarant souverain, alors qu’elle n’avait été convoquée que pour trouver une solution à une crise économique et sociale qui secouait notre pays, que les membres de la conférence des forces vives de la nation avec une audace et une lucidité sans précédent, ont placé notre pays sur les rails de la démocratie. Très chers collègues, vous êtes les héritiers de la conférence nationale, vous êtes l’Assemblée nationale et c’est donc votre honneur d’être les représentants de sa souveraineté, conquise au prix de dur sacrifice », a-t-il souligné.
« Comment pourrions-nous en effet oublier que deux semaines avant cette élection, le débat politique était dans la rue ? Comment pourrions-nous oublier que l’insurrection est arrivée jusqu’à nos portes et que notre pays était à deux doigts de basculer dans la violence ? Comment pourrions-nous l’oublier, jamais de mémoire d’hommes au Bénin, l’élection du bureau de l’Assemblée nationale et de son président va susciter dans l’opinion, pareille mobilisation : dans les vons, dans les maquis, dans les maisons, dans les bureaux, sur les marchés ? », s’est-il longuement interrogé.
« Pareil déchaînement de passion jusque sur les réseaux sociaux, jusque hors de nos frontières, comme si de nos choix dépendaient la destinée du pays, comme si de nos choix dépendaient la bonne gouvernance : l’eau, l’électricité, l’éducation, les soins de santé etc…Nous avons fait dans la plus stricte tradition démocratique, les choix que notre pays attendait. Dieu soit loué. Depuis lors, nos contradictions politiques qui n’auraient jamais dû gagner la rue, sont retournées dans le sanctuaire qui leur est réservé : l’Assemblée nationale », a poursuivi le président du Parlement.
Selon lui, le Bénin a désormais retrouvé le chemin de la paix : « C’est désormais d’un Bénin apaisé que nous héritons : un Bénin confiant, un Bénin serein, mais un Bénin vigilant ».
« Et c’est notre honneur à nous tous chers collègues, d’avoir capté le message émis par notre peuple. Dialoguant entre nous et dans la paix, nous gagnerons la seule bataille de la démocratie et de développement dans la libre expression de nos diversités. Ailleurs, on se bat d’abord, on s’entretue d’abord et on discute ensuite. Ici au Bénin, on discute et les solutions jaillissent. C’est ce que les observateurs appellent +l’exception politique béninoise+ », a-t-il relevé.
Me Houngbédji, 73 ans, a été élu avec 42 voix contre 41 pour Komi Koutché (ministre des finances) de la mouvance présidentielle. Il succède à Mathurin Nago.
C’est la troisième fois que Me Houngbédji retrouve le perchoir au Parlement.
Docteur d’État en droit de la faculté de droit de Paris (1967), le président du Parti du renouveau Démocratique (PRD, opposition) a déjà occupé à deux reprises le perchoir à l’Assemblée nationale : de 1991 à 1995 et de 1999 à 2003.
De 1996 à 1998, il a occupé — sous le régime du président Mathieu Kérékou — le poste de Premier Ministre, chargé de la coordination de l’action gouvernementale et des relations avec les institutions.
Plusieurs fois candidats aux élections présidentielles, Me Houngbédji n’a jamais gagné. Désigné comme candidat unique de l’alliance politique de l’opposition +Union fait la Force (UN) lors de la présidentielle de mars 2011, il sera encore battu dès le premier tour par le président Boni Yayi, résultats qu’il a fortement contestés. FIN
De Porto-Novo, Lucia Fèmi SIMON
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