Le Conseil supérieur de la communication (CSC) a suspendu pour trois mois les émissions politiques diffusées en direct afin de ne pas porter préjudice à la « cohésion sociale », a-t-on appris samedi auprès du gendarme des médias burkinabè.
« Les émissions d’expression directe sont suspendues des programmes des radiodiffusions sonores et télévisuelles pour une durée de trois mois », indique dans un communiqué l’instance de régulation, précisant que cela ne s’applique pas aux programmes sur la santé ou ceux à caractère « ludique, sentimental et culturel ».
Cette décision qui a pris effet jeudi fait suite aux « nombreux manquements constatés au cours des dites émissions », poursuit le CSC, qui craint que les propos haineux qui y sont parfois tenus ne soient « préjudiciables à la cohésion sociale et à la réussite des élections » prévues en octobre.
L’annonce du CSC a suscité de nombreuses réactions et été fortement contestée par les responsables des médias, les organisations de la société civile et les syndicats.
« C’est un coup dur pour la liberté d’expression au Burkina Faso. Le pays
n’avait pas besoin de ça », a déclaré à l’AFP Ismaël Ouédraogo, rédacteur en chef de la radio Ouaga FM, touchée par cette mesure.
« Le CSC n’a pas été du tout convaincant dans ses explications et il faut qu’il revoie sa copie », a-t-il ajouté à la sortie samedi d’une « rencontre d’explication houleuse » entre la patronne du CSC et les responsables des médias concernés.
La Coalition contre la vie chère, qui regroupe toutes les centrales syndicales et syndicats autonomes, ainsi que plusieurs dizaines d’organisations de la société civile, a invité le CSC à revenir « instamment » sur cette décision qui « rappelle la période où la censure était le principe et la liberté d’expression l’exception ».
Dans un communiqué, le Balai citoyen, un mouvement à la pointe des manifestations anti-Compaoré a de son côté dénoncé une décision « impertinente et inopportune », « qui frise la censure ».
Les élections présidentielle et législative prévues en octobre sont cruciales pour le Burkina Faso, pays pauvre du Sahel. Elles doivent permettre de le doter de nouveaux dirigeants à l’issue d’une « transition démocratique » d’un an, mise en place après le départ de M.Compaoré, chassé du pouvoir le 31 octobre par la rue après 27 ans de règne.
SOURCE : AFP