Quarante-trois femmes victimes de violences sexuelles, soutenues par la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), ont porté plainte vendredi auprès de la cellule chargée d’enquêter sur les crimes commis pendant la crise de 2010-2011 en Côte d’Ivoire, ont annoncé leurs avocats.
La plainte a été déposée « ce jour, auprès de la Cellule spéciale d’enquête et d’instruction (CSEI) », a déclaré Mohamed Pongathié, un des avocats, lors d’un point presse à Abidjan.
La CSEI a été créée pour mener les enquêtes et instructions pour les crimes commis lors de la crise postélectorale née du refus du président sortant Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite face à son rival Alassane Ouattara à la présidentielle de 2010. Plus de 3.000 personnes sont mortes en cinq mois de violences.
Les crimes cités dans la plainte ont été commis à Yopougon et Abobo, deux quartiers d’Abidjan où les affrontements ont été intenses lors de la crise.
Ces crimes ont souvent été commis en « représailles à des événements militaires ou politiques », selon la FIDH.
Les victimes veulent que les coupables soient poursuivis et souhaitent obtenir une réparation financière, a indiqué M. Pongathié, sans avancer de montant.
Outre la FIDH, la plainte est soutenue par d’autres organisations de la société civile ivoirienne, dont le Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH).
Documentée notamment par des témoignages, la plainte a aussi pour but de « remettre les victimes au centre des débats », a déclaré Catherine Gambette, membre du groupe d’actions judiciaires de la FIDH.
« On a un peu l’impression que ces dernières semaines, les victimes n’étaient pas concernées au premier plan par le procès pour atteinte à la sûreté de l’Etat », a-t-elle ajouté, en référence au procès à l’issue duquel Simone Gbagbo, épouse de Laurent, a été condamnée à 20 ans de prison, le 10 mars. D’autres procédures doivent suivre, notamment pour des crimes de sang.
Laurent Gbagbo est écroué à La Haye, où il doit être jugé par la Cour pénale internationale pour « crimes contre l’humanité ».
L’opposition dénonce une justice des vainqueurs en Côte d’Ivoire, seuls les partisans de l’ancien régime ayant jusqu’à présent été poursuivis pour les crimes commis durant la crise.
SOURCE : AFP