L’opposition au président déchu Blaise Compaoré, renversé fin octobre par la rue, a appelé vendredi ses militants à manifester samedi contre la garde présidentielle, qui en réclamant la démission du Premier ministre a plongé le Burkina dans la crise. Le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’un des piliers de l’ancien régime, « ne peut pas prendre en otage l’avenir de tout un peuple », a tonné Bénéwendé Sankara, président de l’Union pour la renaissance/parti sankariste, lors d’une conférence de presse.
« Des dissensions de l’armée ne doivent pas venir perturber le fonctionnement normal et l’évolution normale de la transition » démocratique, a observé Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition sous l’ère Compaoré, président de l’Union pour le progrès et le changement.
Le Burkina, depuis la chute de Blaise Compaoré, est conduit par des autorités dites de transition, que dirigent le président Michel Kafando et le Premier ministre Isaac Zida, lieutenant-colonel et numéro 2 du RSP.
Ce régime intérimaire prendra fin avec la tenue d’élections en octobre prochain.
« Nous soutenons la manifestation de la société civile et nous appelons nos militants et sympathisants à sortir pour (y) participer », a déclaré Etienne Traoré, président du Parti pour la démocratie et le socialisme.
Une vingtaine d’associations de la société civile ont appelé à un meeting samedi matin à Ouagadougou « pour dire non à la confiscation de la révolution par le RSP » et exiger sa dissolution.
La garde présidentielle est « une armée dans l’armée. Si on veut être dans un système démocratique, il faut la démanteler », a remarqué M. Sankara, ajoutant que le RSP « était là pour un homme. Si cet homme n’est plus là, son existence ne se justifie plus ».
Le Conseil des ministres a été suspendu mercredi du fait d’une grogne des soldats du RSP exigeant la démission du Premier ministre Zida, qui avait publiquement demandé le démantèlement « pur et simple » de ce corps d’élite.
Le lendemain, la garde présidentielle renonçait à cette démission, contre la promesse de sa non-dissolution.
Vendredi soir, le RSP, dans un communiqué à tenu à « rassurer toute la population » sur le fait qu’il n’a pas « d’agenda caché » et qu’il souhaite accompagner la transition.
La garde présidentielle était l’un des piliers de l’ancien régime. Elle a été pointée du doigt par Amnesty International pour son usage « excessif et létal » de la force durant les manifestations qui ont abouti à la chute du président Compaoré.
SOURCE : AFP