Robert Dussey, le chef de la diplomatie togolaise était face ce mercredi aux membres de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée Nationale française, séance au cours de laquelle la politique extérieure du Togo et la situation politique interne ont été largement exposées.
C’est la première fois qu’une autorité togolaise s’est prêtée à cet exercice devant cette commission, actuellement présidée par Mme Élisabeth Guigou.
Outre la politique extérieure du Togo depuis l’arrivée au pouvoir du président Faure Gnassingbé en 2005, M. Dussey a également abordé la politique interne, sans oublier les réformes politiques, sujet qui fait actuellement grands bruits entre les acteurs politiques togolais.
« Le Togo continue avec sagesse de se construire progressivement sous l’autorité du Président de la République Faure Gnassingbé, qui a poursuivi la politique étrangère inspirée et initiée par ses éminents prédécesseurs dont l’attachement au rayonnement du Togo dans le monde s’est imposé. Depuis son accession à la souveraineté internationale, le Togo a opté pour une politique extérieure réaliste et pragmatique fondée sur la recherche constante de la paix et de la promotion de l’amitié, de la solidarité et de la coopération entre les Etats et les peuples », a souligné à l’entame de son discours M. Dussey, renouvelant la solidarité et de la sympathie du président togolais, à la France suite aux récents attentats survenus à Paris.
Selon lui, le Togo s’est engagé — par une démarche soutenue par le principe de la neutralité active — à n’épargner aucun effort pour entretenir une politique de bon voisinage et pour sauvegarder la paix et la sécurité en Afrique et ailleurs dans le monde.
Le ministre togolais s’est appuyé sur plusieurs exemples notamment les différentes opérations de maintien de la paix dans lesquelles le Togo s’est engagé.
« Ainsi, l’attachement farouche du Togo à la paix et à la sécurité nationales, régionales et internationales l’a fréquemment conduit à s’engager dans plusieurs opérations de maintien de la paix en Afrique, notamment en République Centrafricaine, en Guinée-Bissau, au Darfour, au Liberia, au Rwanda, d’une part, et dans les Caraïbes, en Haïti, d’autre part. S’agissant des opérations de maintien de la paix les plus récentes, il y a lieu de noter l’engagement du Togo au Mali au même moment que la France, dont l’intervention très remarquée, est vivement appréciée », a-t-il souligné.
« Avec ses 1.092 Hommes, le Togo est avec le Tchad le premier pays africain contributeur de troupes à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA). En Côte d’Ivoire, le Togo contribue actuellement au maintien de la paix avec 530 Hommes dans le cadre de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) », a-t-il poursuivi.
M.Dussey a rappelé le rôle joué par son pays au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, le Togo ayant siégé deux fois (de 1982 à 1983 et de 2012 à 2013) au Conseil de sécurité des Nations Unies, en qualité de membre non permanent.
« Lors de la présidence togolaise et à son initiative, en 2012, le Conseil de sécurité s’est préoccupé, de la question de +la criminalité transfrontalière+ en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel, confrontées à des activités criminelles dont le trafic d’armes, de drogues et de personnes qui sont de nature à avoir un impact négatif sur la gouvernance, l’Etat de droit et le développement socio-économique. Par ailleurs, en 2013, saisissant l’occasion de sa deuxième présidence du Conseil, le Togo a eu à organiser un débat de haut niveau sur les enjeux de la lutte contre le terrorisme en Afrique dans le contexte du maintien de la paix et de la sécurité internationales », a-t-il relevé.
Le chef de la diplomatie togolaise a surtout dénoncé le terrorisme dans le monde en général et en Afrique en particulier avec les divers groupes terroristes (dont Al Qaïda, Aqmi, Daesh, Boko Haram et le Mujao) et de la piraterie maritime dans le golfe de Guinée.
« Les prises d’otages, les persécutions criminelles récurrentes et les actes cruels perpétrés contre les hommes, les femmes et les enfants par Boko Haram dans la région ouest africaine ne peuvent que susciter l’indignation, la réprobation et la condamnation du Togo qui demeure un ardent défenseur de la paix, de la sécurité et de la liberté, autant pour les peuples que pour les individus », a-t-il dénoncé.
Une bonne place à la politique intérieure
M.Dussey n’a pas passé sous silence la politique intérieur. A en croire ce dernier, le Togo a, depuis 2005, « parcouru un long chemin, entrepris des réformes politiques hardies tendant à consolider la paix, la cohésion et la réconciliation nationale, à assurer le fonctionnement harmonieux des institutions de la République, afin d’approfondir l’ancrage de la démocratie et de l’Etat de droit, ainsi que la promotion des droits de l’homme et des libertés publiques et individuelles ».
« Pour ce qui est de la poursuite des réformes, le président de la République a réaffirmé le 31 décembre 2014, à l’occasion de son message à la nation, sa détermination ferme à y veiller », a-t-il indiqué.
Faure Gnassingbé avait annoncé la création d’une commission, chargée de proposer dans un bref délai, un texte de réformes. « En un mot, par ces réformes, fondées sur la recherche permanente de compromis dynamique et constructif, le gouvernement entend offrir au peuple togolais un cadre qui permette l’éclosion des initiatives politiques et citoyennes, symbole de l’expression libre, pleine et entière de la personne humaine, tant dans ce qu’elle est et dans ce qu’elle représente pour sa communauté, en tant qu’acteur principal de développement », a indiqué le ministre.
« C’est dans ce sens qu’une attention particulière a été accordée à l’adoption d’un nouveau cadre électoral consensuel qui garantit les conditions d’élections libres, démocratiques, équitables, transparentes et crédibles, avec notamment la mise en place d’une Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) à composition inclusive et équilibrée à laquelle participent toutes les tendances politiques et la société civile », a-t-il ajouté.
Les togolais se préparent à aller aux urnes pour la présidentielle dont la date n’est pas encore fixée. L’opération de révision des listes électorales a démarré mardi à Lomé et dans certaines localités du pays. Elle prendra fin le 23 février.
Le discours de M.Dussey a été suivi de débats. Au total 12 députés ont pris la parole pour poser des questions relatives entre autres à la prochaine élection présidentielle, aux réformes politiques et aux relations entre le Togo et la France.
L’emploi des jeunes, le prochain sommet de l’Union africaine sur la sécurité maritime à Lomé, la sécurité sur les côtes togolaises et l’épineux problème de Boko Haram, étaient également au centre des discussions. FIN
En Photo: Robert Dussey et Mme Élisabeth Guigou
Junior AUREL
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