Côte d’Ivoire : La justice ivoirienne rejette la candidature de Gbagbo à la tête de son parti

La justice ivoirienne a rejeté lundi la candidature de l’ex-président Laurent Gbagbo, emprisonné à la Cour pénale internationale pour « crimes contre l’humanité », à la tête de son parti, en pleine crise à moins d’un an de la présidentielle de 2015.

L’actuel patron du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan, rival de l’ancien chef de l’Etat dans des élections internes, avait saisi début décembre la justice pour annuler la candidature de M. Gbagbo à la présidence du principal parti d’opposition du pays.

Fondé par M. Gbagbo, le parti se retrouvait dans une situation inédite: l’ancien président est en effet emprisonné depuis trois ans à La Haye, où la Cour pénale internationale (CPI) le jugera en 2015 pour « crimes contre l’humanité » en lien avec la crise postélectorale meurtrière de 2010-2011.

Lors d’une audience au tribunal d’Abidjan, le juge a ordonné lundi le « retrait » de la candidature de M. Gbagbo, qui a été « présentée sous forme de proposition de candidature émanant de tierces personnes », et non sous forme de « demande manuscrite émanant et signée de lui ».

L’argument du comité de contrôle – organe en charge des élections au FPI -, selon lequel les statuts du parti autorisent tout militant à « émettre une proposition de candidature », a donc été balayé par le juge.

L’avocat de la défense, Me Didier Bouaffon, a assuré qu’il allait « faire appel de cette décision ».

Fustigeant une décision « inédite dans l’histoire politique de la Côte d’Ivoire », Hubert Oulaye, président du comité de contrôle du parti, a dénoncé auprès de l’AFP « l’intrusion de l’Etat dans le fonctionnement du FPI et la décision de justice ».

Le FPI est plongé dans une crise profonde avant la présidentielle d’octobre 2015, à laquelle le chef de l’Etat Alassane Ouattara est d’ores et déjà candidat.

Ces déchirements internes ont été illustrés récemment par l’annulation du congrès du FPI sur une décision de la justice, qui avait été saisie par le camp Affi N’Guessan. Le congrès devait précisément élire le nouveau président du parti.

Les fidèles de M. Gbagbo font de la libération de leur champion « le cœur de la stratégie de lutte du parti », tandis que le camp rival aspire à s’investir dans le jeu politique et à participer à la prochaine présidentielle derrière Pascal Affi N’Guessan.

Née du refus de M. Gbagbo de reconnaître sa défaite à la dernière présidentielle face à M. Ouattara, la crise postélectorale de 2010-2011 a fait quelque 3.000 morts.

SOURCE : AFP