Depuis le 19 novembre, une mission de l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) conduite par Mme Anne-Laurence Lacroix, secrétaire générale adjointe de cette organisation séjourne au Togo dans le but d’évaluer la mise en œuvre des recommandations adoptées par le comité contre la torture en lien avec l’examen du Togo de novembre 2012.
En fin de mission ce mardi, les représentants de l’OMCT, du Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo (CACIT) et de l’Action des Chrétiens contre l’Abolition de la Torture branche Togo (ACAT-Togo) ont tenu conjointement une conférence de presse en vue de la présentation des résultats de cette mission, a constaté une journaliste de Savoir News.
Le président du CACIT M. Spéro Mahoule ainsi que Mme Anne-Laurence Lacroix et Dr Jean Pierre Restellini — les deux représentants de l’OMCT — ont pris part à la rencontre.
La mission de cette délégation a débuté par une visite dans les prisons civiles de Lomé et de Tsévié où il a été constaté les difficiles conditions de détention caractérisées par une surpopulation carcérale extrême, une pauvreté des rations alimentaires et les carences en assistance médicale.
Un conclave de deux jours a par la suite été organisé à l’intention des praticiens de la santé membres du Syndicat National des Praticiens Hospitaliers du Togo (SYNPHOT). Cette formation a pour objectif de renforcer l’identification et la prise en charge psycho-médicale des victimes de torture.
Une rencontre a été également organisée par cette délégation et le ministère des droits de l’homme, de la sécurité, la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) ainsi le bureau du Haut Commissariat des Nations Unies au Togo (HCDH).
Au cours de ces entretiens, le bureau a eu à relever certaines préoccupations notamment le retard pris dans l’adoption du code pénal et du code de procédure pénal et du projet de loi organique portant attributions.
« Notre mission avait pour objectif d’évaluer la mise en œuvre des recommandations adoptées par le comité contre la torture en lien avec l’examen du Togo. Dans le cadre de cette mission, nous avons également tenu en partenariat avec l’ACAT-Togo et le CACIT un séminaire à l’intention des professionnels de santé en coordination avec le SYNPHOT », a précisé Mme Lacroix.
La persistance de l’impunité dont jouissent les auteurs d’actes de torture a été également relevée. A cet effet, la mission a particulièrement déploré un autre point noir qui est la nomination du Colonel Yotrofei Massina à la tête de la gendarmerie nationale, malgré que son nom ait été cité dans le rapport de la CNDH comme l’un des acteurs d’actes de torture.
D’autres difficultés relatives à l’absence d’enquêtes sur les conditions du décès de M. Etienne Yakanou lors de sa détention par la gendarmerie dans l’affaire de l’incendie du grand marché de Lomé et plus généralement sur les allégations de torture faites par certains détenus dans l’affaire des incendies du grand marché de Lomé et de Kara. Les allégations de falsification du rapport de la CNDH ont aussi retenu l’attention de la délégation.
« Nous avons certes constaté une ouverture des autorités togolaises au dialogue, mais d’une certaine manière nous avons aussi constaté une absence de volonté politique notamment en matière d’adoption des codes pénales et de procédure pénales ainsi que le projet de loi organique de la CNDH. Ce qui nous a aussi inquiété, ce sont les conditions de détention dans les lieux de privation de liberté à Lomé et à Tsévié », a-t-elle souligné.
La délégation n’a pas manqué de souligner qu’en matière de lutte contre la torture au Togo, on n’a pas l’impression que les choses avancent et qu’il y a nécessité de faire des progrès. FIN
Chrystelle MENSAH
Savoir News, Le Journalisme est notre métier