Le président burkinabè Blaise Compaoré a appelé la France et les Etats-Unis à ne pas se mêler du référendum qu’il veut organiser pour modifier la Constitution et se maintenir au pouvoir, dans un entretien avec la BBC diffusé samedi.
« Vous ne voyez pas le Burkina se mêler de comment on organise la vie politique en France ou aux Etats-Unis. Ce que nous souhaitons, c’est d’avoir cette liberté d’organiser notre vie politique, de construire, par nos valeurs et nos choix, la démocratie et la vie républicaine », a affirmé M. Compaoré.
L’Assemblée nationale burkinabè examinera le 30 octobre un très controversé projet de loi gouvernemental, visant à réviser l’article 37 de la Constitution, pour faire passer de deux à trois le nombre maximum de quinquennats présidentiels.
Blaise Compaoré, arrivé au pouvoir en 1987 par un coup d’Etat, achèvera en 2015 son deuxième quinquennat (2005-2015) après avoir effectué deux septennats (1992-2005).
« On nous dit qu’il faut éviter la Françafrique, ceci ou cela. Mais on est prompt à nous dire: ceci n’est pas bien pour vous, comme si nous n’avions pas un peuple mature qui sait choisir ses dirigeants et les options pour son avenir », a poursuivi Blaise Compaoré, insistant sur le fait que la révision de la Constitution « respecte les dispositions » de la Loi fondamentale.
Le président français François Hollande a écrit le 7 octobre à son homologue burkinabè pour « réitérer son attachement au respect des principes définis par l’Union africaine » sur « les changements constitutionnels visant à permettre aux dirigeants de se maintenir au pouvoir », a indiqué jeudi le ministère français des Affaires étrangères.
La Charte de l’Union africaine s’oppose à de tels changements introduits au profit de présidents atteints par une limite de mandats. Elle interdit ainsi « tout amendement ou toute révision de Constitution ou d’instruments juridiques qui portent atteinte au principe de l’alternance démocratique ».
Début août, le secrétaire d’Etat américain John Kerry, à l’occasion d’un sommet Etats-Unis/Afrique, avait averti que son pays « presserait » les dirigeants de « ne pas modifier les Constitutions pour leurs bénéfices personnels ou politiques ».
Des « institutions fortes » sont préférables à des « hommes forts », avait-il souligné.
« Il n’y a pas d’institutions fortes s’il n’y a pas d’hommes forts pour poser les jalons de ces institutions, dans la durée », lui avait répondu depuis Washington le président burkinabè.
SOURCE : AFP
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