Des dizaines de milliers de personnes ont marché samedi matin à Ouagadougou, renforçant l’opposition burkinabè dans son combat contre un éventuel référendum constitutionnel, qui permettrait à Blaise Compaoré de participer à l’élection présidentielle de 2015.
Les organisateurs ont recensé « plus de 100.000 manifestants », se félicitant d’une « mobilisation record ». L’AFP n’a pu obtenir l’estimation de la police.
Le cortège, qui a démarré à 10H00 GMT et s’étendait sur plusieurs km, a notamment emprunté le boulevard France-Afrique, qui mène à la présidence, avant de revenir à son point de départ, deux heures plus tard.
Les opposants au chef de l’Etat, rassemblés derrière leurs leaders politiques Zéphirin Diabré et Roch Marc Christian Kaboré, ont scandé des slogans tels que « Libérez Kossyam » (le palais présidentiel), « Non au référendum », « Assez de la dictature de Compaoré » ou encore « Pas besoin d’un homme fort au Burkina ».
La population s’est mobilisée « massivement » « contre un pouvoir à vie », s’est réjoui M. Kaboré, ancien proche du chef de l’Etat devenu président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP – opposition).
« Que ces velléités-là restent des velléités qui ne seront jamais traduites dans la réalité ! », a-t-il lancé lors d’un meeting suivant la manifestation.
Pouvoir et opposition s’affrontent au sujet d’un possible référendum, dont le but est de modifier l’article 37 de la constitution, qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels et empêche pour l’instant Blaise Compaoré, à la tête du pays depuis 1987, d’être candidat en novembre 2015.
Le président arrivé il y a 27 ans au pouvoir par un coup d’Etat, qui termine son deuxième quinquennat après avoir effectué deux septennats, avait évoqué la tenue d’une telle consultation populaire en décembre.
– « Pari réussi » –
Mais aucune décision n’a pour l’instant formellement été prise en ce sens.La participation du jour est « fantastique, inédite et historique », a affirmé Zéphirin Diabré, le chef de file de l’opposition.
« Elle a encore dépassé celle du 18 janvier. Cela montre que nous gagnons en puissance », a-t-il commenté.
Le 18 janvier, une marée humaine avait déjà défilé à Ouagadougou contre un potentiel référendum, que l’opposition avait estimée à 100.000 personnes, contre 10.000 pour la police. Une source diplomatique avait évalué à 50.000 le nombre de participants.
« La majorité est maintenant du côté de l’opposition », a remarqué Ablassé Ouédraogo, ancien ministre de Blaise Compaoré devenu président du parti « Le Faso autrement » (opposition), qui a appelé les tenants du régime à « faire leurs bagages » car « novembre 2015 sera l’heure pour eux d’arriver à quai ».
La manifestation de samedi était une « question de crédibilité » pour l’opposition, qui a « réussi » son « pari », s’est-il enthousiasmé, certain d’une « victoire prochaine » de son camp.
L’opposition avait impressionné en parvenant à remplir le 31 mai le plus grand stade de Ouagadougou, fort de 35.000 places. Mais le parti au pouvoir, en faisant de même trois semaines plus tard, avait minoré ce succès d’estime.
Samedi, alors que l’opposition défilait, quelque 3.000 militantes du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, au pouvoir) s’étaient rassemblées à la Maison du peuple, une salle de spectacle, pour marquer leur soutien au président Compaoré.
SOURCE : AFP
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