Trafiquants d’ivoire jugés : « La loi a été appliquée dans toute sa rigueur » (Hubert Matchonnawè Bakaï)

Le 18 juin dernier, quatre trafiquants d’ivoire dont Emile N’Bouké, (nationalité togolaise) ont été condamnés à 24 mois d’emprisonnement par le Tribunal de Lomé pour +trafic illégal d’ivoire+. La police togolaise avait saisi le 6 août 2013 dans la boutique de M. N’Bouké à Lomé, environ 705,5 kg d’ivoire.

Selon Hubert Matchonnawè Bakaï, Conseiller-juridique au ministère de l’environnement et des ressources forestières, le juge n’a fait qu’appliquer « la loi dans toute sa rigueur ». « Le juge aurait fait plus, si la loi le lui permettait », a souligné M. Bakaï dans une interview à l’Agence Savoir News. Lisez.

Savoir News : Quelle appréciation faites-vous du jugement rendu le 18 juin dernier?

Hubert Matchonnawè Bakaï : Je voudrais d’abord vous remercier pour l’intérêt que vous portez à ce sujet. Selon moi, cet intérêt va contribuer à montrer aux yeux du monde, l’effort que le gouvernement togolais déploie en vue d’enrailler le trafic d’ivoire sur son territoire.

Pour répondre à votre question: le juge s’est appuyé sur la loi cadre sur l’environnement pour rendre sa décision. Concernant par exemple le verdict de M.N’Bouké (24 mois d’emprisonnement dont 9 avec sursis), le juge a appliqué la loi telle que prévue par cette loi.

Le juge aurait fait plus, si la loi le lui permettait. Vous avez dû remarquer que c’est la peine maximale qu’il a retenue : deux ans d’emprisonnement avec des amendes qui s’élèvent à 5 millions de F.CFA. Dans le déroulement du jugement, le Parquet a requis 24 mois d’emprisonnement, et c’est ce que le juge du siège a retenu.

Je dirai tout simplement que la loi a été appliquée dans toute sa rigueur. Le but recherché est de contribuera à dissuader et à sensibiliser les auteurs de ces actes.

Q : Selon l’un des avocats des condamnés, le verdict est plutôt « sévère ». »Les peines sont lourdes, au regard des éléments du dossier. Le juge allait simplement les relaxer », avait souligné cet avocat. Quel commentaire faites-vous ?

R : Je respecte l’opinion de cet avocat. C’est son rôle d’avocat et de partie adverse. Ce qui est important pour nous, c’est que la loi soit appliquée dans toute sa rigueur, compte tenu du désastre subi par la population d’éléphants et les implications de ces désastres sur la diversité biologique et du trafic sur l’image du pays. Je crois plutôt que cette peine est moins lourde eu égard aux dégâts que ces comportements criminels causent à l’environnement.

Q : Le Togo est devenu ces dernières années, la plaque tournante du trafic d’ivoire. Comment expliquez-vous cette situation ? D’aucuns estiment que les trafiquants préfèrent passer par Lomé, les peines étant moins lourdes.

R : Cette situation n’est pas particulière au Togo, le trafic d’ivoire étant observé dans la plupart des pays africains. Si nous prenons le cas du Kenya, ce pays vient à peine de réviser sa loi nationale en ce qui concerne la lutte contre le braconnage. Et tout acte de braconnage est puni d’une peine de mort.

Le Togo est déjà dans le processus de relecture de ses lois en matière de lutte contre le crime environnementale.

Q : Qu’en est-il des présumés trafiquants arrêtés les 23 et 29 janvier dernier au Port de Lomé ?

R :<

/strong> L’instruction est en cours. Entre temps, nous avons été auditionnés en tant que représentant de la partie civile qui est bien sûr le Ministère de l’environnement. En principe, lorsque le juge d’instruction en charge du dossier le jugera nécessaire, l’affaire sera enrôlée et le débat au fond sera programmé.

Il est important que le juge d’instruction clôture son dossier avant que le jugement ne soit prononcé. C’est pareil pour les autres cas où nous sommes déjà passés pour être auditionnés en tant que représentant de la partie civile.

Q : Que fera le gouvernement du stock d’ivoire saisi ?

R : D’abord, les chiffres seront rendus publics. Nous avions tenu une réunion technique, initiée par le ministre de l’environnement. Ce dernier avait demandé aux services techniques de son ministère et ceux des ministères de la sécurité et de la justice de tenir une réunion en vue d’harmoniser la prise de note sur les quantités d’ivoire saisies.

Cette réunion s’est bien déroulée, un procès verbal a été dressé et un tableau de synthèse établi. Les chiffres seront bientôt connus. Et c’est juste après cette étape, que l’opportunité de leur destruction sera appréciée par le gouvernement pour y procéder officiellement.

Q : Quel appel avez-vous à l’endroit des togolais ?

R : Je les invite à collaborer à la lutte contre ce trafic, en fournissant des renseignements aux forces de sécurité sans se laisser aller. FIN

Propos recueillis par Junior AUREL

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