La journée de l’enfant africain, sera célébrée lundi, une occasion pour les parties prenantes sur les droits de l’enfant, y compris les gouvernements, les organisations non gouvernementales et les entités internationales, à réfléchir sur les questions touchant les enfants dans la région.
La journée de l’enfant vise à commémorer les manifestations en 1976, des écoliers de Soweto (Afrique du Sud). Les étudiants protestaient contre une éducation qui visait à renforcer les objectifs du régime de l’apartheid. La réponse brutale des forces de sécurité de l’apartheid aux protestations des étudiants non armés, a entraîné la mort d’un certain nombre d’entre eux. Les manifestations de 1976 ont largement contribué à l’effondrement final du régime de l’apartheid. En 1991, l’Assemblée de l’Union africaine a adopté une résolution proclamant le 16 juin comme étant la journée pour la célébration de l’enfant africain.
Thème retenu pour la célébration de cette année : « Une éducation de qualité, gratuite, obligatoire et adaptée pour tous les enfants en Afrique ».
Selon la ministre de l’action sociale, de la promotion de la femme et de l’alphabétisation, ce thème prend un cachet spécial d’autant plus que le soulèvement de Soweto était « une protestation des enfants en faveur d’une éducation appropriée et accessible à tous ».
« Ce thème a une résonance particulière dans notre contexte national marqué par une extrême jeunesse de la population ou les moins de 25 ans représentent plus de 60% du capital humain de notre pays et un togolais sur trois a 18 ans au moins. Ce thème revêt une importance particulière pour l’atteinte de nos objectifs de développement socio-économique. Il rime bien avec la place de choix accordée à l’éducation pour tous dans notre stratégie de développement, la Stratégie de Croissance Accélérée et de Promotion de l’Emploi (SCAPE) », a souligné Mme Dédé Ahoéfa Ekoué.
Elle a mis un accent sur des « actions vigoureuses » mis en œuvre par le gouvernement, dans un cadre multi sectoriel basé entre autre sur la politique sectorielle de l’éducation, la politique de protection des droits des enfants, la stratégie de protection des personnes handicapées, la politique nationale de l’égalité et de l’équité genre, la loi portant statut des réfugiés et la politique de protection sociale.
« L’importance accordée à l’éducation est matérialisée par l’allocation des ressources par l’Etat à ce secteur. Comme le note un rapport spécialisé de l’éducation, le Togo est bien au dessus de la moyenne des pays comparateurs et celle de l’Afrique en termes de part de budget récurrent alloué à l’éducation », a indiqué la ministre.
Des mesures pour stimuler la demande d’accès à l’éducation
Comme mesures visant le renforcement de l’offre, Mme Dédé Ahoéfa Ekoué a noté pêle-mêle, le recrutement et la formation des enseignants, la construction continue des salles de classes et d’écoles dans les milieux les plus reculés, la construction de trois Ecoles Normales d’Instituteurs (ENI) et l’expérimentation de l’éducation inclusive.
Des mesures ont été également prises par les autorités togolaises « pour stimuler la demande d’accès à l’éducation notamment les suppressions des frais scolaires dans les services publics d’éducation préscolaires et primaire, la réduction de moitié des frais de scolarité dans le secondaire pour les filles, la mise en place des cantines scolaires dans les contrées rurales les plus défavorisées, l’octroi des bourses, d’aides financières et des kits de fournitures scolaires aux enfants vulnérables, surtout aux filles, la facilitation de l’accès à l’éducation des enfants réfugiés et le renforcement de la protection des enfants et la lutte contre les violences à leur égard à travers la ligne 1011 pour dénoncer les abus contre les enfants.
La ministre n’a pas manqué de souligner les « progrès remarquables » réalisés entre 2000 et 2012.
« Au niveau de l’enseignement préscolaire, les effectifs ont été multipliés par plus de 6, en passant d’environ 10.500 élèves à près de 66.000 élèves. Cela correspond à un accroissement annuel moyen de l’ordre de 18% sur la période. Au niveau de l’enseignement primaire l’on note une augmentation des effectifs de plus de 45% sur la période, les effectifs sont passés d’environ 945.000 élèves à 1.370.000 élèves. Au niveau de l’enseignement secondaire général on observe un quasi doublement des effectifs dans le 1er cycle et un quasi triplement des effectifs dans le second cycle, passant respectivement d’environ 226 00 élèves à 398 000 élèves et de 44 000 à 127 000 élèves soit un accroissement annuel moyen de l’ordre de 5,3% dans le 1er cycle et 10,1% dans le second cycle », a poursuivi Mme Dédé Ahoéfa Ekoué.
Au niveau de l’enseignement technique et professionnel, le nombre d’élèves est passé de 13.367 en 2000 à 32.694 en 2011 soit une croissance de 145% sur la période. Le dédoublement du nombre des institutions d’enseignement technique et de formation professionnelle a contribué à ce progrès, a-t-elle ajouté.
Encore des « défis importants » à relever
Mais des « défis importants » restent encore à relever, malgré ces « avancées significatives », a reconnu la ministre.
Selon de récentes statistiques, les filles ne sont que 28% à achever le collège contre 51% pour les garçons et elles sont 9% à achever le lycée contre 24% pour les garçons.
Les enfants qui sont issus du quintile le plus riche ont 2.7 fois plus de chance de finir le premier cycle du secondaire et 6.8 fois plus de chance de finir le second cycle du secondaire que les enfants issus du quintile le plus pauvre.
Les taux de redoublement demeurent élevés (21,5% au primaire, 22% au collège et 35% au lycée). Par ailleurs, 7% des enfants scolarisables ne vont toujours pas à l’école et environ 20% des enfants n’atteignent toujours pas le cycle primaire.
La violence à l’endroit des enfants restent un des défis sociaux à confronter de manière plus vigoureuse dans nos communautés, relèvent les statistiques.
« La journée de l’enfant africain nous donne l’opportunité de prendre un nouvel élan en capitalisant sur les avancées réalisées pour conquérir les victoires progressives et déterminantes dans notre démarche vers +une éducation de qualité, gratuite obligatoire et adaptée pour tous les enfants en Afrique+ », a précisé Mme Dédé Ahoéfa Ekoué.
A en croire la ministre les progrès passés, doivent donner au gouvernement, « l’assurance et la confiance nécessaire » pour qu’il s’investisse dans une « transformation sociale requise pour assurer une éducation inclusive ».
« La situation nous impose plus spécifiquement de continuer ensemble à promouvoir l’éducation inclusive pour donner la chance à tous les enfants handicapés d’accéder à l’éducation, à réduire considérablement les distances entre les écoles et les lieux d’habitations des enfants dans les zones rurales, soutenir l’éducation des filles (…) ».
« Ces actions nécessitent la contribution de tous les acteurs, Etat, service privé, société civile, partenaires techniques et financiers, corps enseignants, leaders traditionnels et communautaires, médias, parents et enfants. C’est pourquoi à l’occasion de cette journée de l’enfant africain, le gouvernement lance un appel à tous les acteurs pour intensifier leur partenariat avec l’Etat pour une éducation de qualité et inclusive », a-t-il souligné.
Rappelons que dans le cadre de la célébration de la journée de l’enfant, sont prévues plusieurs activités dont des causeries débats et éducatives, des conférences, des émissions radiotélévisées, des documentaires pour discuter de cette importante thématique à travers tout le territoire, le lancement par le Conseil Consultatif National des Enfants, de « l’opération de collecte des anciens livres et manuels scolaires au bénéfice des enfants démunis » et le lancement de la campagne intitulé « Dix jours pour investir dans l’éducation des filles ».
Jeudi prochain, il est également prévu une conférence-débat sur le rôle des pères dans l’éducation des enfants.
La grande apothéose de cette journée de l’enfant africain aura lieu le lundi 16 juin à l’Agora Senghor. FIN
Chrystelle MENSAH / Rédaction
Savoir News, La Maison de l’INFO
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