Les réformes constitutionnelles et institutionnelles, sujet qui fait grands bruits depuis quelques mois au sein de la classe politique togolaise, « se feront par le gouvernement togolais », mais « pas pour faire plaisir à l’Europe », a affirmé vendredi soir le ministre togolais des affaires étrangères et de la coopération Robert Dussey lors de la réception offerte par le chef de la Délégation de l’Union européenne (UE) Nicolas Berlanga Martinez à l’occasion de la journée de l’Europe.
Plusieurs personnalités dont des ministres et des diplomates étaient invitées à cette réception à la Résidence de l’Europe à Lomé. Des responsables politiques (pouvoir et opposition) et de la société civile étaient également de la fête.
Après avoir rappelé l’excellente qualité des relations entre l’Union européenne, le chef de la diplomatie togolaise est revenu sur le sujet sensible de l’heure au Togo : les réformes constitutionnelles et institutionnelles, réclamées par l’opposition avant la tenue de la présidentielle de 2015.
« A moins d’une année de l’élection présidentielle, la question des réformes constitutionnelles et institutionnelles, constitue la préoccupation majeure et constante du gouvernement et de l’ensemble de la classe politique. Je vous rassure Monsieur l’ambassadeur que les réformes constitutionnelles et institutionnelles se feront. Elles se feront par le gouvernement togolais, elles ne se feront pas pour faire plaisir à l’Europe. Elles se feront parce que le Président de la République, le Premier, le gouvernement togolais, savent que ces réformes sont indispensables pour l’avenir du Togo », a affirmé M.Dussey devant le chef de la Délégation de l’UE au Togo qui avait à ses côtés Joseph Weiss (ambassadeur d’Allemagne au Togo) et Nicolas Warnery (ambassadeur de France au Togo).
« Les réformes se feront pour nous-mêmes, parce que nous y croyons. Pour le gouvernement, ce sujet important ne doit pas faire l’objet de division, mais doit plutôt favoriser l’enracinement de la démocratie et de la cohésion nationale et faire naître un esprit de compromis et une vision des intérêts supérieurs de la nation, partagée par l’ensemble de nos populations », a-t-il souligné.
C’est dans cette optique, a rappelé M.Dussey, que le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé « a initié des rencontres avec les leaders politiques en vue de décrisper le climat politique et social et donner aux futures négociations, des chances réelles d’aboutir à un consensus dans l’intérêt supérieur de notre pays et de nos laborieuses populations ».
Le chef de la Délégation de l’UE au Togo a pour sa part, invité « les forces politiques à faire un pas en avant dans les réformes constitutionnelles et institutionnelles ».
« Nous devons réaffirmer ce 9 mai la qualité de notre partenariat, qui est OUI basé sur un dialogue politique et sur les politiques sincère, qui vise toujours l’approfondissement démocratique à travers le consensus et le dialogue multi-parties », a souligné Nicolas Berlanga Martinez.
Le pouvoir et l’opposition sont à couteaux tirés depuis quelques semaines sur le cadre des discussions devant conduire à ces réformes qui doivent porter notamment sur la limitation du nombre de mandat présidentiel, le mode de scrutin et la recomposition de la cour constitutionnelle et de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), structure chargée de l’organisation des élections.
Pour l’Union pour la République (UNIR, le parti au pouvoir), l’Assemblée nationale est le « cadre le plus indiqué pour débattre utilement des réformes envisagées, conformément à l’esprit de l’Accord Politique Global (APG) », signé en août 2006 par les différents acteurs politiques togolais.
Cette proposition n’est pas du goût des principaux partis politiques de l’opposition, minoritaires au Parlement.
Les deux grands regroupements, le Collectif « sauvons le Togo » (CST) et la Coalition « Arc-en-ciel », ont respectivement 19 et 6 sièges, contre 62 sièges pour le parti au pouvoir.
Dans son message à la nation le 26 avril dernier (veille de la célébration du 54è anniversaire de l’indépendance du Togo), le chef de l’Etat togolais avait invité la classe politique « à dépasser les calculs partisans et les préoccupations électoralistes immédiates » dans des débats sur ces réformes constitutionnelles et institutionnelles.
Selon Faure Gnassingbé, « il n’est pas étonnant » que le débat sur les réformes politiques « soit si animé, à moins d’un an de la prochaine élection présidentielle ».
« (…) Le débat doit être utile et fécond. Il doit faire avancer la communauté de destin que nous nous efforçons de construire ensemble », avait-il indiqué. FIN
Junior AUREL
Savoir News, La Maison de l’INFO
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