Les réformes constitutionnelles et institutionnelles « derrière lesquelles l’opposition coure depuis des années sont devenues un serpent de mer. Chaque fois qu’on croit l’avoir à portée de main, il vous glisse entre les doigts », a affirmé Me Dodji Apévon, le président du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR, opposition) dans une déclaration à l’occasion du 23è anniversaire de ce parti.
Selon lui, « les promesses sans cesse renouvelées du pouvoir en la matière ne sont que pure supercherie. En abordant la question dans son discours à la nation à l’occasion de la fête de l’indépendance, le Chef de l’Etat s’est montré tellement évasif qu’il a exacerbé l’inquiétude de nous tous ».
« Or, sans réforme sur le mode de scrutin et la limitation du mandat présidentiel, notre pays sera toujours en crise, ce qui risque d’aggraver dangereusement les difficultés qui hypothèquent son développement », a souligné Me Apévon.
« C’est le lieu de rappeler encore une fois que c’est l’opposition elle-même qui, faute d’avoir une stratégie cohérente qui le crédibilise et le fortifie, prête la joue à la gifle du pouvoir qui continue à se moquer de nous », a-t-il estimé.
Pour le président du CAR, « il est temps que chacune des composantes de l’opposition comprenne enfin que la stratégie de la grandiloquence, du dénigrement et du mépris de l’autre a ses limites et n’est plus adaptée pour vaincre un système suranné vieux de 50 ans qui nous torture, nous oppresse et nous écrase tous ».
A en croire Me Apévon, les réformes politiques sont « indispensables pour l’ancrage de la démocratie et l’Etat de droit dans notre pays ».
Dans son message à la nation le 26 avril dernier (veille du 54è anniversaire de l’indépendance du Togo), le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé a invité la classe politique « à dépasser les calculs partisans et les préoccupations électoralistes immédiates » dans des débats sur ces réformes constitutionnelles et institutionnelles.
« Il n’est pas étonnant » que le débat sur les réformes politiques « soit si animé, à moins d’un an de la prochaine élection présidentielle (…) Le débat doit être utile et fécond. Il doit faire avancer la communauté de destin que nous nous efforçons de construire ensemble », avait-t-il souligné.
« Tâchons surtout d’avancer, en ayant à l’esprit notre responsabilité historique de préserver le climat d’apaisement que notre pays a su retrouver après tant de péripéties », avait ajouté le président togolais.
Le pouvoir et l’opposition n’arrivent pas à accorder leur violon sur le cadre des discussions devant conduire à ces réformes qui doivent porter notamment sur la limitation du nombre de mandat présidentiel, le mode de scrutin et la recomposition de la cour constitutionnelle et de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), structure chargée de l’organisation des élections.
Pour l’Union pour la République (UNIR, le parti au pouvoir), seule l’Assemblée nationale est le « cadre le plus indiqué pour débattre utilement des réformes envisagées, conformément à l’esprit de l’Accord Politique Global (APG) », signé en août 2006 par les différents acteurs politiques togolais.
Proposition catégoriquement rejetée par les principaux partis politiques de l’opposition, minoritaires au Parlement. Selon le CST et la Coalition « Arc-en-ciel » – les deux principaux regroupements de partis de l’opposition avec respectivement 19 et 6 sièges contre 62 sièges pour le parti au pouvoir – l’Assemblée nationale n’est pas lieu approprié pour dialoguer. FIN
Junior AUREL
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