Les rites d’initiation auxquels les enfants sont souvent soumis dans les couvents de vaudou vont désormais se dérouler pendant les vacances, afin de leur permettre d’aller à l’école. Telle est la décision prise jeudi à Notsé – ville située à environ 95 km au nord de Lomé – par des chefs traditionnels et prêtres vaudou, après avoir consulté les oracles et procédé à de sacrifices.
Venus de plusieurs localités du pays, ces garants des us et coutumes se sont retrouvés au sanctuaire d’Agbogbomé, déterminés à +sauver+ ces enfants des rites des couvents qui les empêchent d’aller à l’école ou les contraignent à laisser les classes.
Parmi les prêtres vaudou et chefs traditionnels présents : Ewéfiaga Togbui Agokoli IV, (chef du canton de Notsé et président des chefs traditionnels du Togo), Maman Kponou (grande prêtresse des forêts sacrés de Togoville), Togbui Gnagblondjro III (président de la confédération nationale des prêtres du Togo ) et Hounongan Atchinou Kokou Messan Sotore (président de la fédération nationale des cultes vaudous du Togo).
Le ton de la cérémonie a été donné par Maman Kponou qui, dans une prière et incantations, a invoqué les ancêtres, car ce sont eux qui ont instauré ces rites.
« Ce sont nos ancêtres qui ont instauré ces rites, raison pour laquelle nous devons revenir vers eux et leur exposer la situation », a confié à l’Agence Savoir News, un prêtre vaudou.
Après la prière et les incantations dans un silence de cimetière, Maman Kponou a offert aux ancêtres de l’eau et de la boisson comme l’exige la tradition.
Place maintenant aux +bokonons+ pour la consultation des oracles
Le clou de la cérémonie fut la consultation des oracles. Assis sur des nattes de la grande salle érigée au milieu du sanctuaire d’Agbogbomé, ces bokonons ont étalé tout leurs instruments ou le +Fâ+. Incantations, interprétations des messages des ancêtres, concertations etc… cette séance des consultations des oracles a duré plus de deux heures d’horloge. « C’est le plus grand moment de la cérémonie. Il faut nécessairement avoir l’avis des ancêtres et ce sont ces bokonons qui déchiffrent leurs messages », a expliqué Togbui Gnagblondjro III.
Certains messages avancés par ces bokonons ont parfois suscité de petits débats entre prêtres ou prêtresses vaudou, dans une ambiance bon enfant : on se concerte, on apporte parfois son grain au moulin.
Cette grande séance a pris fin par une offrande aux ancêtres. Deux bouteilles de boissons alcoolisées ont été versées par terre, en signe de reconnaissance aux ancêtres.
Les chefs traditionnels et prêtres vaudou présents se sont ensuite rendus auprès du +doulègba+ au centre ville pour les sacrifices. Ils sont nécessaires, après la consultation des oracles, a souligné un prêtre vaudou venu d’Afagnan.
Au pied du +doulègba+, des sacrifices ont été faits : immolations de moutons et offrandes aux divinités.
Toutes ces cérémonies font suite à la déclaration de Notsé, document signé en juin dernier par les chefs traditionnels et religieux du Togo dans la cadre de la célébration de la journée de l’enfant africain axé sur le thème : « Eliminer les pratiques sociales et culturelles néfastes affectant les enfants : notre responsabilité collective ».
Ces garants des us et coutumes, avaient pris l’engagement de lutter contre les pratiques sociales et culturelles néfastes aux enfants et à privilégier celles qui favorisent le développement de ces derniers.
Selon les récentes études sur les pratiques culturelles néfastes, commanditée par le ministère en charge de la protection de l’enfant en 2012, avec l’appui de l’UNICEF, les pratiques de mariage précoce, de placement des enfants dans les couvents, de stigmatisation des enfants dits sorciers ou encore d’infanticide sont encore une réalité au Togo. FIN
En Photo : Maman Kponou, grande prêtresse des forêts sacrés de Togoville (au mileu) lors des cérémonies le 20 février 2014 à Notsé
Junior AUREL / Gyba Le Prince
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