En 2000, les Etats membres des Nations Unies se sont engagés à créer “un monde plus pacifique, plus prospère et plus juste” et à “délivrer nos semblables – hommes, femmes et enfants – de la misère, phénomène abject et déshumanisant”. Les Objectifs du Millénaire pour le développement fixaient des buts précis et ont largement contribué à fédérer les efforts et à doper le développement dans de nombreux pays.
Il n’est pas fortuit que le premier de ces buts vise à réduire de moitié, d’ici 2015, la proportion de la population mondiale victime de faim et de pauvreté extrême. Vaincre la faim et l’extrême pauvreté est indispensable pour atteindre les autres objectifs.
La bonne nouvelle est que des progrès ont été accomplis, et le Togo est un des 62 pays à avoir atteint cet Objectif du Millénaire pour le développement.
Nous ne devons toutefois pas oublier que même si l’on parvient à diminuer par deux le nombre de personnes affamées, l’autre moitié continuera à souffrir. Que devrons-nous leur dire ?
Encore aujourd’hui, quelque 842 millions de personnes sont victimes de la faim, dont 223 millions en Afrique. Notre but est de garantir la sécurité alimentaire pour tous, conformément au Défi Faim Zéro lancé par le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon à la Conférence Rio+20.
Eradiquer la faim et la pauvreté extrême est une ambition qui ne relève pas de l’utopie. Nous pouvons y parvenir, à condition qu’il existe une détermination politique et des ressources appropriées.
Pour atteindre ce but, il nous faut une approche globale qui concilie les politiques et programmes sociaux et productifs et réponde aux causes de la faim aujourd’hui. Contrairement à l’époque de la fondation de la FAO en 1945, l’insécurité alimentaire de nos jours n’est pas une question de production — le monde produit suffisamment de nourriture— mais d’accès: dans la plupart des cas, les gens n’ont tout simplement pas les moyens d’acheter la nourriture dont ils ont besoin, ni les ressources pour la produire.
Paradoxalement, 70 pour cent des personnes victimes de faim et d’extrême pauvreté vivent en milieu rural et sont souvent des agriculteurs de subsistance. Si nous parvenons à accroître la productivité de ces agriculteurs, nous ferons en sorte qu’ils soient capables de nourrir non seulement leurs familles, mais aussi leurs villages et leurs communautés.
Et lorsque nous parviendrons à inscrire l’agriculture familiale dans le cadre de programmes de protection sociale, tels que les repas scolaires ou les transferts d’espèces assortis de conditions, nous obtiendrons des résultats encore plus palpables en améliorant l’alimentation des enfants et en dynamisant les économies locales.
Le combat contre la faim doit être mené à la fois aux niveaux local et mondial. Il est désormais reconnu qu’il faut améliorer la gouvernance de la sécurité alimentaire et renforcer l’intégration et la coordination des mesures en exploitant les synergies.
A moins de mille jours de l’échéance fixée pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, il est temps de fournir un dernier effort qui nous rapprochera du but encore plus ambitieux qui s’impose: éliminer la faim dans le monde.
Cette décision devra être prise par l’ensemble de la société, tout en veillant à ce que l’Etat soit le garant de la sécurité alimentaire. Il ne s’agit pas de faire la charité — le droit à l’alimentation est un droit fondamental de l’homme.
Nous sommes la première génération à être en mesure d’éliminer la faim dans le monde. Montrons que nous sommes résolus à le faire. FIN
José Graziano da Silva, Directeur Général de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO)