« L’Afrique a connu cette dernière décennie une croissance plus importante que la plupart des autres régions, mais l’impact de cette croissance sur la pauvreté est bien moindre que ce que nous aurions souhaité », a affirmé lundi Francisco Ferreira lors d’un point de presse organisée par la Banque mondiale (Région Afrique).
M. Ferreira est économiste en chef par intérim pour la région Afrique de la Banque mondiale dans le cadre du lancement du nouveau rapport « Africa Pulse », qui fait le point sur la situation économique de l’Afrique. Il est publié deux fois par an par la Banque mondiale (BM).
M. Ferreira a animé ce point de presse par Vidéoconférence avec Mme Punam Chuhan-Pole, Economiste Principale à la Banque mondiale (Région Afrique).
A Lomé, les débats ont été suivis dans les locaux de la Banque mondiale par des journalistes et quelques étudiants. Kako Nubukpo, professeur d’économie à l’Université de Lomé et directeur exécutif du Centre autonome d’études et de renforcement des capacités pour le développement au Togo (CADERDT) était aussi présent.
Le point de presse a permis aux conférenciers de présenter le nouveau rapport « Africa Pulse », ce qui a permis aux participants de discuter et d’échanger sur les progrès économiques récemment enregistrés par l’Afrique et les défis à relever.
Selon M. Ferreira, la croissance de l’Afrique « n’a pas été un facteur de réduction de la pauvreté aussi puissant qu’il aurait pu l’être en raison des niveaux élevés d’inégalités ».
« Une croissance équitable est possible, mais elle nécessite une diminution des inégalités tant au niveau des revenus que des opportunités », a-t-il souligné.
La croissance économique en Afrique subsaharienne demeure solide et devrait atteindre 4,9 % pour 2013, selon les prévisions.
Près d’un tiers des pays de la région affichent une croissance de 6 % ou plus et il est désormais courant de voir des pays africains figurer parmi les pays dont la croissance est la plus rapide au monde, selon le rapport « Africa Pulse ».
Ce rapport note que les exportations en provenance de l’Afrique subsaharienne sont demeurées limitées à quelques matières premières telles que le pétrole, les métaux et les minéraux. Les pays de l’ensemble de la région ont diversifié leurs partenaires commerciaux et les pays BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) représentent désormais 36 % des exportations de la région. Ces exportations ont atteint 144 milliards de dollars en 2012, soit presque le même niveau que celui des exportations de l’Afrique à destination de l’Union européenne et des États-Unis combinées qui s’élèvent à 148 milliards de dollars.
« Mais leur forte dépendance envers une seule ou un nombre limité de matières premières rend les pays d’Afrique riches en ressources vulnérables aux importantes fluctuations du prix de ces matières premières », a pour sa part souligné Punam Chuhan-Pole.
L’économiste Kako Nubukpo n’a pas manqué de faire un petit commentaire sur ce rapport.
« Il vaut mieux avoir la croissance que de ne peut en avoir, car elle n’est forcément pourvoyeuse d’emploi. Elle est essentiellement tirée par les matières premières. Le défi c’est de savoir par quel canal, la croissance peut engendrer la baisse du chômage et de la Pauvreté. Moi je crois que c’est essentiellement par le taux des pressions fiscales. En général, quand une économie croit, les recettes fiscales croissent également et ce sont ces recettes fiscales qui permettent de financer les dépenses publiques de l’Etat », a-t-il expliqué.
Soutenue par une augmentation des investissements privés dans la région et par des envois de fonds qui gonflent les revenus des ménages et représentent désormais 33 milliards de dollars par an, la croissance du produit intérieur brut (PIB) en Afrique se poursuivra pour s’établir à 5,3 % en 2014 et à 5,5 % en 2015.
Tandis que les taux de croissance de l’Afrique continuent de grimper, la région étant de plus en plus prisée pour les investissements et le tourisme, le rapport «Africa’s Pulse» note que la pauvreté et les inégalités y demeurent « à un niveau inacceptable, tout comme l’est la lenteur des progrès accomplis en vue de leur réduction ».
Près d’un africain sur deux vît dans la pauvreté extrême aujourd’hui. D’un point de vue optimiste, ce taux devrait baisser pour se situer entre 16 % et 30 % d’ici 2030. Le rapport souligne que, d’ici 2030, la majorité des pauvres du monde vivront en Afrique. FIN
Lambert ATISSO / Junior AUREL
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