Economie: Le coton togolais revient peu à peu après une traversée du désert, 200.000 tonnes à l’horizon 2022 (PAPIER D’ANGLE)

Culture très importante et stratégique dans l’économie togolaise – 4,3% du Produit Intérieur Brut (PIB) – le coton est l’une des filières les mieux organisées dans l’agriculture togolaise.

Deuxième produit d’exportation, après le phosphate, le coton est le premier produit agricole d’exportation du Togo. En Afrique, le Togo est l’un des principaux producteurs de coton. Il est 45ème producteur de fibres et graines de coton dans le monde (en termes de valeur : source FAO, 2012).

Le secteur cotonnier qui aujourd’hui, occupe directement près de 275.000 producteurs et fait vivre directement ou non, près de 2,5 millions de personnes sur les 6 millions d’habitants que compte le pays, a connu des années de gloire avant de chuter subitement.

Selon Norbert Yao Amecy, secrétaire Général Technique de la Nouvelle Société Cotonnière du Togo (NSCT), le Togo est l’un des tous premiers pays africains à s’engager dans la production du coton.

« La culture existait déjà au sud du Togo, 2 à 3 siècles avant la colonisation. Les premières exportations du coton togolais remontent à 1902 avec à peine 15 tonnes », a-t-il expliqué.

La production est ensuite passée à 27.483 tonnes en 1982/83 et à 187.703 tonnes en 1998/99.

Ces performances ont permis de nombreuses réalisations sociocommunautaires et beaucoup contribué à la lutte contre la pauvreté. Mais ce succès ne sera que d’une courte durée, la filière cotonnière ayant été ébranlée à partir des années 2000 en raison d’une mauvaise gestion et des détournements : endettements successifs et cumulés vis-à-vis des fournisseurs, transporteurs privés, et autres partenaires ; impayés dus aux producteurs ; perte de crédibilité vis-à-vis des banques et autres partenaires.

Une forte crise est alors née entre la Société Togolaise de Coton (SOTOCO) et les producteurs. Des investissements ne sont plus réalisés et les moyens de travail sont devenus vétustes au fil des années. Conséquences : la production cotonnière a considérablement chuté et le Togo s’est retrouvé avec des productions annuelles situées entre 22.000 et 24.000 tonnes durant les campagnes 2005/2006 et 2006/2007.

Cette situation a contraint les autorités togolaises à dissoudre le 23 janvier 2009 la SOTOCO et à créer la Nouvelle Société Cotonnière du Togo (NSCT), une société d’économie mixte au capital social de 2 milliards de F.CFA dont 60% (1 milliard 200 millions) par l’Etat et 40% (800 millions) par la Fédération Nationale des Groupements de Producteurs de Coton (FNGPC).

« Le directeur général et son adjoint sont nommés par le Conseil d’administration à l’issue d’un appel à candidature. Une lettre de mission leur a été remise avec obligation de résultats. Les défis sont énormes : augmenter la quantité produite, préserver la qualité et améliorer le rendement au champ », a indiqué à l’Agence Savoir News, un responsable du ministère de l’agriculture.

Avec un début d’activité très difficile, la NSCT a enregistré un résultat déficitaire de plus de 262 millions de F.CFA à fin décembre 2009, avec une production d’environ 28.000 tonnes. Cette production était largement en dessous du niveau de production qui permet d’arriver à une situation d’équilibre. Il faut une production d’au moins 40.000 tonnes pour s’attendre raisonnablement à une marge.

Mais au cours de ces trois dernières campagnes, on a noté une amélioration des résultats grâce notamment aux réformes qui ont été opérées dans la filière, aux actions de communication à l’endroit des producteurs et de renforcement des capacités de leurs organisations, à la rigueur dans la gestion de la NSCT et à l’évolution favorable des cours mondiaux de la fibre.

Pour la campagne 2010/2011, la NSCT a engrangé un bénéfice de 370 millions de F.CFA pour une production de 46.844 tonnes. En 2011/2012, la production est estimée à plus de 79.000 tonnes pour un bénéfice de plus de 976 millions de F.CFA. Pour ce qui concerne la campagne 2012/2013, il est envisagé une production de 95.000 tonnes de coton graine.

Des résultats très encourageants ont rendu les autorités togolaises très ambitieuses. Le Togo inscrit désormais la filière cotonnière dans une vision stratégique sur 10 ans, à travers un document d’orientation stratégique élaboré avec l’appui de la Banque mondiale : atteindre d’ici 2022, au moins 200.000 tonnes de coton-graine de 95% de premier choix, avec un rendement moyen de 1600 kg/ha et produire plus 85% de coton fibre de qualité de tête.

« La filière cotonnière togolaise est une filière en pleine évolution », a indiqué Adisso Apollinaire Badogbo, membre de l’Association des Producteurs de Coton Africains (AProCA). FIN

Edem Etonam EKUE

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