Environ 56% des togolais ont affirmé avoir eu peur lors des dernières campagnes électorales et 47% n’ont jamais parlé politique, selon les résultats du sondage scientifique d’opinions d' »Afrobaromètre », réalisé par son partenaire national, le Centre de Recherche et de Sondage d’Opinion (CROP).
Les dernières élections remontent à mars 2010 où les togolais avaient élu le président de la République, scrutin à l’issue duquel le candidat de l’opposition Jean Pierre Fabre était arrivé en deuxième position.
Le CROP est un réseau togolais de chercheurs en sciences sociales créé en 2011 et ayant pour objectif de mettre la science au service des décideurs. « Afrobaromètre » est un autre réseau de chercheurs indépendants et non partisans, menant une série d’enquêtes comparatives sur les opinions des africains. Ce réseau travaille de concert avec ces partenaires nationaux.
Le sondage réalisé au Togo a pris en compte un échantillon de 1.200 adultes togolais et a porté sur 100 questions dans divers domaines (politique, économique et sociale). C’est la troisième partie des résultats du sondage scientifique d’opinions d' »Afrobaromètre ».
Les résultats de cette 3è dissémination ont été présentés par Dr Moussa Blimpo, directeur général de CROP et M. Hervé Akinocho, en présence des autres membres du réseau. Cette troisième dissémination a tourné autour de deux thèmes : la confiance interpersonnelle et la participation citoyenne au Togo.
Concernant la participation citoyenne, les enquêtes Afrobaromètre révèlent que 56% des togolais disent avoir eu peur lors des dernières campagnes électorales. Selon Hervé Akinocho, l’un des membres du CROP, cette peur peut contribuer à créer une barrière entre les administrateurs et les administrés: « les gens ne comprennent pas ce qui se passe dans le jeu politique, ce qui fait qu’ils ne peuvent pas exprimer ce qu’ils ont ».
Selon les mêmes résultats, environ 47% ont affirmé n’avoir jamais parlé politique et 90% des togolais ont déclaré n’avoir jamais pris de contact avec la classe dirigeante pour partager leur point de vue sur un problème important ou pour apporter leur contribution.
Le deuxième thème a abordé dans ce sondage a trait à « la confiance interpersonnelle » au Togo. Selon les résultats, une forte proportion de la population vit dans la méfiance de l’autre, car très peu de togolais font confiance à leurs voisins: 42% des togolais ne se font pas confiance. Les togolais affichent la même attitude face aux institutions publiques et à la classe politique. Environ 35% des togolais ne font pas confiance à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), chargée d’organiser et de superviser les élections.
Ce chiffre comparés ceux du Bénin et des 12 pays africains où les résultats afrobaromètre sont disponibles, la CENI togolaise reçoit moins la confiance de la population. Par ailleurs, 45% ne font pas confiance au parti au pouvoir et 42%, à l’opposition.
« Le travail que nous avons fait consiste essentiellement à dresser un constat. Mais nous pensons que c’est un grand début de montrer à quel niveau le togolais fait confiance à son voisin, à quel niveau il fait confiance à ses institutions et à quel niveau le togolais fait confiance aux personnes qu’il connaît », a indiqué Dr Blimpo.
Rappelons que le réseau Afrobaromètre a commencé ses activités en 1999 avec 12 pays. Les résultats afrobaromètre seront livrés sur quatre disséminations pour couvrir l’ensemble des sujets abordés avec les populations lors du sondage. La première dissémination a concerné la réponse du gouvernement aux priorités des togolais, l’opinion des togolais sur leur conditions de vie et leur opinion sur quelques questions d’actualité. La deuxième dissémination quant à elle a porté sur la perception de la corruption par la population dans les institutions publiques, de la présidence jusqu’à la justice et sur le vécu de la corruption par la population. FIN
Ambroisine MEMEDE / Junior AUREL
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