« Enfants handicapés »: c’est le thème retenu cette année par le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) dans son rapport sur la situation des enfants dans le monde. A travers ce thème, l’UNICEF appelle la société dans son ensemble à considérer l’enfant avant son handicap. Chaque année, l’agence onusienne aborde dans son rapport (sur la situation des enfants dans le monde) une thématique relative à l’enfant avec l’objectif d’attirer l’attention du grand public comme des décideurs sur cette problématique, les avancées et les défis qui restent à relever.
Le rapport 2013 examine les obstacles – du manque de dispositifs d’accès aux bâtiments aux attitudes méprisantes, de la non prise en compte dans les statistiques officielles à la discrimination – qui privent les enfants handicapés de leurs droits et les empêchent de participer pleinement à la société. Le document examine également quelques-uns des éléments clés des sociétés inclusives qui respectent et protègent les droits des enfants handicapés, leurs fournissent un soutien adéquat ainsi qu’à leurs familles, et supportent leurs capacités, afin qu’ils puissent s’épanouir et apporter leur contribution au monde.
C’est le Palais des congrès de Kara (environ 420 km au nord de Lomé) qui a servi de cadre vendredi dernier au lancement de ce rapport, cérémonie présidée par ministre de la planification du développement et de l’aménagement du territoire Mawussi Djossou Sèmodji en présence de Dr Viviane Van Steirteghem, Représentante de l’UNICEF au Togo, a constaté une envoyée spéciale de l’Agence Savoir News.
Mme Afi Ntifa Amenyo, ministre de l’action sociale et de la solidarité nationale ainsi que Mme Cécile Roy, Directrice de Handicap International au Togo et Komivi Ayassou, Président de la Fédération Togolaise des Associations de Personnes Handicapées ont aussi assisté à cette cérémonie.
Selon Dr Viviane Van Steirteghem, l’UNICEF, à travers le thème retenu cette année, « veut rendre visible des enfants qui demeurent souvent invisibles, faire mieux connaître ces enfants dont les capacités sont trop souvent ignorées ou méconnues, des enfants que l’on considère souvent comme un problème au lieu de les voir comme n’importe quel autre enfant, plein de potentialités, des enfants qui méritent d’avoir les mêmes chances dans la vie que tous les autres ».
« En un mot, nous aimerions avec ce rapport, appeler la société dans son ensemble à considérer l’enfant avant le handicap, à voir d’abord ce que ces enfants peuvent réaliser plutôt que ce qu’ils ne peuvent pas faire. Trop d’enfants handicapés n’ont aucune possibilité de participer à la vie de leur communauté. Trop souvent, ils sont les derniers à accéder aux ressources et aux services essentiels tels que l’éducation ou les soins de santé. Trop souvent, ils n’inspirent que de la pitié ou sont purement et simplement rejetés par leur famille, leurs communautés ou par les autres enfants. Plus vulnérables que les autres, ils sont victimes de discrimination, d’abus et de mauvais traitements », a souligné la Représentante de l’UNICEF.
Mais pourquoi le choix de la région de la Kara pour le lancement de ce rapport? « C’est l’une des deux régions où une expérience pilote d’éducation inclusive est mise en œuvre », a souligné Dr Viviane Van Steirteghem
Il s’agit du Projet « Education inclusive au Togo » mis en œuvre dans la région de la Kara et des Savanes par le ministère de l’éducation, Handicap International et la Fédération Togolaise des Personnes vivant avec un handicap (FETAPH), en collaboration avec l’UNICEF, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH). Il est financé par le Partenariat des Nations Unies pour la Promotion des Droits des Personnes Handicapées (UNPRPD) et l’Agence Française de Développement (AFD).
Grâce à ce projet, en 2012-2013, 815 enfants en situation de handicap ont pu être scolarisés à l’école primaire et 336 enfants vivant avec un handicap et n’allant pas à l’école ont pu être identifiés. Plus de 200 enfants ont bénéficié d’une consultation médicale et environ la moitié d’entre eux ont ensuite reçu les soins médicaux nécessaires. De plus, des matériels pédagogiques adaptés ont été fournis afin de permettre à ces enfants de s’intégrer à l’école, les enseignants des écoles les accueillant ont été formés et un suivi éducatif a pu être mis en place grâce à des enseignants itinérants, spécialisés pour la prise en charge des handicaps moteurs, visuels ou auditifs.
Pour le ministre de la planification du développement et de l’aménagement du territoire, le rapport publié par l’UNICEF est « une véritable diatribe » et un « appel solennel à la communauté internationale pour une prise de conscience plus accrue sur l’impérieuse nécessité d’un développement intégral basé sur l’inclusion ».
« A l’instar des autres pays en voie de développement, la situation des enfants handicapés n’est pas radieuse au Togo. Cette couche de notre population vit dans des situations marquées par des besoins non satisfaits notamment en ce qui concerne l’accès à l’éducation, aux soins de santé de base et à la protection dune part, à la discrimination et la violation de leurs droits, d’autre part », a souligné Mawussi Djossou Sèmodji.
Le Togo, pays qui a ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées depuis 2011, compte environ 378.000 enfants vivant avec un handicap. Le ministre n’a pas manqué de relevé quelques actions menées par le gouvernement notamment le renforcement de l’éducation inclusive à travers la gratuité de l’enseignement préscolaire et primaire, des appuis multiformes aux institutions spécialisées dans le domaine, la mise en place d’un système d’assurance sociale INAM, la mise en œuvre du Programme national de réadaptation fonctionnelle et la vulgarisation et la dissémination du code de l’enfant.
A la lecture du rapport 2013 de l’UNICEF, les enfants handicapés se heurtent à de différentes formes d’exclusion et en souffrent à des degrés divers, en fonction du type de handicap, de leur milieu et de leur culture. Cette inclusion est souvent la conséquence de leur invisibilité. Ces enfants sont souvent marginalisés, cachés par leur famille à cause de la discrimination dont ils font l’objet et mal pris en compte dans les statistiques officielles et les enquêtes nationales.
L’UNICEF a ainsi formulé plusieurs recommandations en vue de réaliser la promesse de l’équité grâce à l’inclusion, notamment: ratifier et appliquer la Convention relative aux droits des personnes handicapées et la Convention relative aux droits de l’enfant, lutter contre la discrimination et accroître la sensibilisation aux questions de handicap du grand public, mettre fin au placement des enfants handicapés dans des établissements spécialisés et soutenir les familles qui ont des enfants handicapés.
Le rapport recommande également l’implication des enfants et adolescents handicapés dans les prises de décisions qui les concernent – non seulement en tant que bénéficiaires, mais également en tant qu’acteurs du changement.
A la fin de la cérémonie de lancement de ce rapport, une visite de terrain a été organisée à l’Ecole Primaire Publique d’Adabawèrè, une école de plus de 480 élèves dont 14 handicapés. Au cours de cette visite, les ministres présents et les partenaires financiers et techniques ont pu apprécier les capacités des enfants handicapés et le travail des enseignants itinérants.
Vers la fin du lancement, les enfants, à travers leurs prestations et témoignages divers ont montré aussi bien aux autorités qu’aux invités, que leur handicap ne devrait pas être un frein à leur épanouissement. Ils ont offerts aux ministres ainsi qu’aux partenaires, des tabourets qu’ils ont eux-mêmes réalisés. FIN
En Photo: Des officiels (lors de la cérémonie) assis sur des tabourets fabriqués par des élèves handicapés.
De retour à Lomé, Ambroisine MEMEDE
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